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Kaïs Saïed, comme un bulldozer
Publié dans Business News le 12 - 02 - 2024

Cela fait un an que les prisonniers politiques sont en détention sans procès et sans aucune information officielle sur l'état d'avancement de l'enquête chez le juge d'instruction. Un an ! Douze mois ! 52 semaines ! 365 jours ! Jusqu'à quand les autorités du régime de Kaïs Saïed vont-elles poursuivre ce silence sur la situation de dizaines de prisonniers dont le seul tort est de s'être opposé à Kaïs Saïed et d'avoir travaillé à le déloger du palais de Carthage comme le ferait tout opposant dans un pays civilisé ? Jusqu'à quand vont-elles maintenir l'interdiction de traitement par les médias de ces affaires ? Quand est-ce que la justice va se rendre compte des multiples contradictions et vices de procédure dans ces affaires ?
Ces affaires dites de complot contre l'Etat salissent l'image du régime et du pays. On a aujourd'hui des présumés innocents en prison et dont les droits fondamentaux et la présomption d'innocence ont été largement bafoués, depuis un an, depuis douze mois, depuis 52 semaines, depuis 365 jours ! Ces affaires font honte, elles sont indignes d'un pays et d'une justice du XXIe siècle. « Il vaut mieux cent coupables en liberté qu'un seul innocent en prison », a dit Voltaire au sujet du procès Calas. Cette phrase est fondamentale pour tout juge qui se respecte. C'était vers 1765. La justice tunisienne de 2024 est hélas comparable à celle française de 1765.
Depuis son putsch du 25 juillet 2021, le président Kaïs Saïed avance comme un bulldozer, ne laissant personne sur la scène lui disputer le pouvoir. Les uns sont jetés en prison et les autres sont cités dans d'autres affaires de complot, de blanchiment d'argent ou de malversation. La finalité est la même, empêcher toute opposition de respirer de telle sorte à le laisser disputer seul la course vers la présidentielle de l'automne 2024.
Il a beau dire qu'il ne s'immisce pas dans la justice, il n'est pas crédible. Il est le seul à profiter de ce crime. Ni la justice, ni le pays n'en sortent gagnants.
En dépit de leur monstruosité et du bafouement de la présomption d'innocence, ces affaires sont bien applaudies par un pan de Tunisiens. Ils voient en Kaïs Saïed quelqu'un qui est en train d'assainir le pays de ses malfaisants. Et tant pis s'il y a des innocents dans le lot.
Cette « philosophie » (si on peut l'appeler ainsi) n'est pas recevable. De quelque manière que ce soit. N'empêche. En fonçant comme un bulldozer, Kaïs Saïed a attrapé quelques malfaisants dans le tas.
À commencer par plusieurs islamistes, Rached Ghannouchi en premier. En dépit de ses soutiens en Algérie, au Qatar, aux Etats-Unis et en Turquie, le président octogénaire d'Ennahdha mérite amplement d'être là où il est. Par ses actes odieux, par ses tricheries, par ses calculs partisans foireux, il a phagocyté la révolution, la justice et la démocratie tunisiennes. Ce n'est pas Kaïs Saïed qui est à l'origine du mal, c'est bel et bien Rached Ghannouchi. Pareil pour Habib Ellouze, Noureddine Bhiri et quelques autres.
Ce sont ces quelques arrestations, a priori justes, qui parasitent la vision de plusieurs Tunisiens et leur donnent la quiétude nécessaire pour ne pas voir les dizaines d'innocents emprisonnés.

Ne s'arrêtant pas aux personnalités politiques, le régime de Kaïs Saïed a élargi le cercle des arrestations aux hommes d'affaires. Ici aussi, il y a quelques coupables parmi un tas d'innocents ou l'inverse, quelques innocents parmi un tas de coupables. Dans un cas comme dans l'autre, la présomption d'innocence est bafouée et la devise fondatrice de Voltaire (paix à son âme) est ignorée.
Poursuivant sur sa lancée, le régime s'est attaqué depuis quelque temps aux seconds couteaux. Il ne se passe plus une semaine où l'on n'entend pas parler de nouvelles arrestations de personnalités autrefois puissantes. Les informations (non vérifiées) de la semaine dernière font état de la convocation par un juge d'instruction de la sulfureuse Sihem Ben Sedrine. D'après les pages Facebook proches du régime, cette dernière ne se serait pas présentée devant le juge et serait devenue fugitive. À vérifier. Comme Rached Ghannouchi, comme plusieurs islamistes, cette dame a fait beaucoup de mal à la justice transitionnelle en Tunisie. Elle a piétiné le droit, elle a jeté à la poubelle des décisions de justice en sa défaveur, lorsqu'elle était présidente de l'Instance vérité et dignité, organe chargé de la justice transitionnelle, devenu sous sa direction organe de justice transactionnelle.
Il fallait un bulldozer comme celui de Kaïs Saïed pour qu'une pareille individue soit rattrapée par la justice.

Après cette comptabilisation à charge et à décharge, il faudrait tirer des conclusions. En agissant comme un bulldozer, Kaïs Saïed est-il sorti gagnant au change ?
Quant à sa popularité, et au regard des résultats affligeants (autour de 11%) des trois scrutins qu'il a organisés, elle est au plus bas. Idem pour l'image de la justice, et de son régime, devenue désastreuse à cause de ses arrestations abusives et de son déficit chronique de toute communication et reddition de comptes au peuple. Sur le plan économique, le despotisme n'a pas fait améliorer la situation. Au contraire, elle a bien empiré avec une inflation à deux chiffres pour plusieurs produits, des pénuries à répétition et des faillites sans compter.
En emprisonnant ses adversaires politiques, Kaïs Saïed ne les a pas fait taire. Au contraire, ils n'ont jamais été aussi bruyants.
En emprisonnant les hommes d'affaires, Kaïs Saïed n'a pas rempli les caisses de l'Etat, ni annihilé la corruption dans le pays.
En fait, et à observer de près, Kaïs Saïed a blanchi les coupables en les mettant dans le même sac que les innocents. Aujourd'hui, des malfaisants comme Rached Ghannouchi, Sihem Ben Sedrine ou encore Moncef Marzouki peuvent, en toute illégitimité, prétendre l'innocence et avoir été victimes du système répressif du régime et de sa justice aux ordres.
En laissant en prison des hommes d'affaires notoires, il les empêche de diriger leurs entreprises, de créer de la croissance dans le pays et de verser des taxes conséquentes à l'Etat.
C'est difficile à prouver, mais il est plus que probable que Kaïs Saïed aurait été plus populaire s'il n'avait pas mis ses adversaires en prison et s'il avait joué le jeu de la démocratie. Avant leur détention, l'ensemble des opposants réunis n'arrivaient pas à la moitié de la popularité du président de la République.
Certes, en agissant comme un bulldozer, Kaïs Saïed a mis quelques malfaisants hors d'état de nuire, mais le prix qu'il paie et qu'il fait payer au pays est très lourd. Il ne sort pas gagnant au change, c'est une certitude.


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