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Aux yeux de Kaïs Saïed, si tu es riche, tu es suspect !
Publié dans Business News le 18 - 10 - 2021

Najla Bouden a commencé à travailler et, pour ses toutes premières rencontres, elle a appelé (convoqué ?) Marouen Abassi, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, pour parler de la situation désastreuse des finances publiques. Son budget ne lui permet pas d'affronter les échéances à venir et elle a besoin de lui.
M. Abassi fera-t-il marcher la planche à billets ? S'il le fait, c'est l'inflation à deux chiffres dans pas longtemps et ce sera la catastrophe pour Mme Bouden et pour le pays, à commencer par les pauvres gens. S'il ne fait pas marcher la planche à billets, Mme Bouden n'aura pas de quoi payer les salaires des fonctionnaires et ce sera la catastrophe pour elle et pour son président.
Ces scénarios s'approchent à grands pas, mais ne semblent pas inquiéter spécialement Kaïs Saïed.
Lors du premier conseil des ministres qu'il a présidé jeudi dernier, il a parlé des « traîtres », des « insectes », des « corrompus » et des « voleurs ».
Des invectives qu'il lance à tous ses contradicteurs. Sait-il qu'un président ne doit pas dire ça et qu'il se doit de prendre de la hauteur ?
Sait-il que le pays est au bord de la faillite et est incapable d'honorer ses engagements ? Que les « traîtres » dont il parle doivent être les derniers de ses soucis ?
Sait-il que la priorité est d'ordre économique et que la dégradation de la note souveraine tunisienne, jeudi dernier par Moody's, ne fait que compliquer la tâche du redressement du pays ?

Pour sauver le pays, il faut un bon diagnostic d'abord et une bonne stratégie ensuite. A écouter ses différentes interventions, Kaïs Saïed n'a ni l'un ni l'autre. Pire, il n'écoute pas tous ceux qui lui disent des choses contraires à ses convictions profondes.
Pour le diagnostic, il confond entre milliards et millions, mélange les dinars et les dollars et ne distingue pas entre inflation et croissance et entre PIB et budget de l'Etat.
Le plus terrible, c'est quand il confond hommes d'affaires et affairistes et ne distingue pas les investisseurs des corrompus et les riches des voleurs. Il y a une réelle confusion dans sa tête d'enseignant de droit constitutionnel, devenu président de la République sur le tard.
Kaïs Saïed méconnait totalement le monde des affaires, de l'investissement, des finances et de la bourse. On l'a su quand il a convoqué le gendarme de la bourse pour se plaindre des agences de notation internationale. C'est comme s'il est allé voir un gynécologue pour lui soigner une rage de dents. Deux ans après son investiture, le président de la République ne sait toujours pas comment fonctionne le pays, qui est qui et qui fait quoi.
Samedi 9 octobre, en recevant Ridha Gharsallaoui, ancien chargé du portefeuille de l'Intérieur, Kaïs Saïed a affirmé que 21% du PIB était détenu par une seule famille. Un peu comme pour dire que la Tunisie est très riche, mais qu'elle est dépouillée par tous ces corrompus et malfrats.
Le tissu économique tunisien est connu, les familles aisées et riches sont également connues. Aucune, absolument aucune, n'a atteint ce niveau de fortune. Quand bien même plusieurs familles réussissent, ensemble, à atteindre les 21% du PIB (CQFD), il est bon de rappeler que ces familles paient des impôts et emploient des milliers de personnes qui, elles aussi, paient des impôts. Être riche ou très riche ne veut pas dire être corrompu, voleur ou fraudeur ! Cela ne semble pas être l'avis du président de la République. Une nouvelle fois, le président est intoxiqué par de fausses informations et est mené en bateau et il est temps qu'il se rattrape et qu'il arrête de puiser ses informations chez des gens connus pour leur racket et leur manque de crédibilité.

Ceci pour le diagnostic. Pour la stratégie, Kaïs Saïed a été clair lors du conseil des ministres du jeudi 14 octobre. Après ses missiles, invectives et règlement de comptes à deux balles, il a déclaré : « Il y aura un dialogue, mais il ne sera pas le dialogue numéro 3. Ça sera un dialogue avec le peuple tunisien, avec les jeunes tunisiens et le décret sera bientôt publié ».
Qui sont ces jeunes ? Ceux qui ont créé des start-up et des PME et ont réussi à sortir la tête de l'eau ou ceux qui peinent à trouver un emploi dans la fonction publique ? Ceux qui ont brillamment réussi leurs études ou dans leur vie ou ceux qui ont obtenu un diplôme avec une fausse-copie et remplissent les terrasses de café ? Ceux qui travaillent quinze et seize heures par jour ou ceux qui passent des heures à jouer aux cartes et qui, à trente et quarante ans, courent encore avec le drapeau de leur équipe favorite sur le dos ? Ceux qui créent de l'emploi et de la valeur ajoutée ou ceux qui vivent aux dépends de leurs proches ? Ceux qui créent et imitent les modèles à succès ou ceux qui jalousent les brillants en les qualifiant de corrompus et de voleurs ?
A voir les jeunes qui soutiennent aujourd'hui Kaïs Saïed et ceux qui l'ont soutenu durant sa campagne électorale, on a une petite idée sur le profil qu'il a en tête et qu'il va consulter durant le futur dialogue « national ». Parions dès maintenant qu'il n'aura de national que le nom.

L'autre stratégie de Kaïs Saïed pour sauver le pays est de s'en prendre aux riches qui ont réussi.
Je prends pour preuve, la cabale judiciaire actuellement menée contre l'ancien ministre et actuel député Mehdi Ben Gharbia.
Voilà un jeune qui a commencé de zéro et qui a réussi à créer une entreprise florissante dégageant des centaines de millions de dinars de bénéfices. Depuis qu'il est entré dans la politique, Mehdi Ben Gharbia fait l'objet de campagnes de diffamation et d'injures. Il est jalousé par les ratés, mais aussi par ses concurrents qui font tout pour le casser. Ici et là, on l'accuse (sans l'once d'une preuve) d'avoir spolié Tunisair et d'être un corrupteur et corrompu. Des preuves ? C'est écrit sur Facebook !
Une instruction judiciaire a été ouverte par le parquet de Sousse et n'a mené à rien, jusque-là. Les instructeurs ont cherché, fouillé, interrogé, ils n'ont rien trouvé, malgré l'excès de zèle dont ils ont fait preuve, comme nous le disent leurs avocats.
La main de Kaïs Saïed dans cette affaire est visible à des kilomètres puisque les pages Facebook, qui se disent proches de lui, n'arrêtent pas de publier le contenu de l'instruction, alors que celle-ci est encore en cours et qu'elle est frappée du secret !
Qu'importe, la première affaire n'ayant abouti à rien, voilà qu'une seconde le rattrape où on l'accuse de « blanchiment d'argent ». Pourquoi ce chef d'inculpation ? C'est le seul qui mène, à terme, à la confiscation des biens, d'après la loi tunisienne.
L'objectif semble dès lors clair. Kaïs Saïed semble vouloir confisquer les biens de quelques hommes d'affaires ayant réussi dans leur vie à amasser des fortunes, sous prétexte que l'opinion publique les a catalogués comme voleurs et corrompus. Des preuves ? Au lieu d'instruire à charge et à décharge, comme l'exige le Droit et la déontologie, on désigne un coupable et on essaie de ramasser des preuves l'accablant par tous les moyens.
Ce que subit Mehdi Ben Gharbia actuellement ressemble, comme deux gouttes d'eau, à la chasse aux sorcières de 2011. On veut des boucs émissaires, on veut envoyer des personnes à l'échafaud pour assouvir la soif de sang de la populace. Mehdi Ben Gharbia est le parfait bouc émissaire et cela arrange grandement Kaïs Saïed de le servir comme offrande.
Mehdi Ben Gharbia est en train de payer son arrogance politique et du fait de ne pas avoir cédé à la tentative de racket dont il a fait l'objet il y a quelques semaines, par des personnes qui se disent (et le prouvent par leurs fuites) proches du président.

Mehdi Ben Gharbia n'est que le premier d'une liste et l'Utica joue aux aveugles-sourds-muets, comme si la cabale ne l'intéresse pas.
Le président a le mérite d'avoir été clair. Dans sa tête, il y aurait 460 hommes d'affaires qui auraient dérobé 13500 milliards (on ignore s'il parle en dinars ou en millimes) et leur a proposé une amnistie.
Un montant qu'il ne verra jamais, puisque cet argent dérobé n'existe que dans sa tête. Comme aucun homme d'affaires ne s'est présenté pour l'amnistie, et comme Samir Majoul ne l'a pas contredit, il est passé à l'étape d'après, celle de lancer la justice à leurs trousses, afin de prouver qu'ils sont coupables.
Kaïs Saïed est convaincu de sa bonne stratégie et surfe sur une vague fortement populaire.
Pourquoi ? Il y a, en Tunisie une réelle jalousie des riches de la part de ceux qui ont choisi des voies de carrière non génératrices de fortunes (comme celle d'enseignant).
Pour un large pan de nos compatriotes, être riche est suspect. C'est comme si l'on devait avoir honte d'être riche.
Nous ne sommes pas la seule nation à avoir ce complexe des riches, c'est le sport national chez les Algériens et les Français aussi.
Une anecdote qu'aiment raconter les Français : « Aux Etats-Unis, quand on voit quelqu'un en limousine, on fait tout pour savoir comment il a fait et en avoir une comme lui. En France, quand on voit quelqu'un en limousine, on fait tout pour le faire descendre et prendre sa place ».
C'est exactement ce que l'on vit en Tunisie. On aime casser le succès, on aime salir ce qui brille et on n'hésite pas à traiter de voleurs et de corrompus, ceux qui sont riches ou qui réussissent. C'est à cause de cette mentalité que la Tunisie (ou la France ou l'Algérie) n'a pas de Jeff Bezos, de Bill Gates, de Mark Zuckerberg, de Netflix ou de Twitter. A force d'impôts usuriers, à coups de procédures administratives complexes, de contrôles fiscaux épuisants, de recours judiciaires éreintants et de corruption à tous les niveaux, on tue l'initiative et les compétences.
Plutôt que de changer nos lois et de s'attaquer à ces problèmes réels qui handicapent notre économie et nos investisseurs depuis des décennies, Kaïs Saïed est allé jouer sur le terrain populiste de la vindicte et la jalousie.

Avec un diagnostic erroné et une stratégie foireuse, Kaïs Saïed va droit dans un mur, tout en nous entraînant avec lui. Les jeunes dont il parle ne sont pas les bons pour faire le dialogue national. Les hommes d'affaires qu'il cible ne sont pas les corrompus qu'il croit. Il va perdre son temps et le nôtre avec.
La Tunisie n'est, ni le premier, ni le dernier pays au monde à avoir connu une crise économique aigüe. Pour s'en sortir, la recette est claire, il faut réduire les dépenses vertigineuses de l'Etat et améliorer la croissance, c'est-à-dire la production de richesses.
Cette croissance ne peut se faire qu'avec les investisseurs et les travailleurs. Il n'y a aucune autre solution, ça n'existe pas. Seuls eux pourront créer de l'emploi et produire des biens. En clair, Kaïs Saïed se doit obligatoirement et inévitablement de mettre la main dans la main avec l'UGTT et l'Utica pour sauver le pays. Sauf qu'il n'en est pas là !


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