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Le cauchemar du ramadan en prison
Publié dans Business News le 11 - 03 - 2025

Ramadan en prison. C'est comme un cauchemar qui s'étire, qui s'accroche, qui refuse de s'effacer au réveil. Ramadan en prison, c'est une blessure à vif, pour Sonia comme pour nous. Un rappel cruel de l'injustice, une douleur qui s'incruste un peu plus chaque soir où elle rompt le jeûne derrière des barreaux. Un ramadan sans chaleur, sans table dressée, sans rires qui remplissent la pièce pour nous, et une cellule sans famille, sans espoir, juste un néon blafard qui ne s'éteint jamais, et un plateau froid posé par terre pour Sonia.

Des repas indignes et une faim organisée
Vendredi, on a rempli les boîtes. Toujours en respectant leurs règles ridicules : pas de chaleur, pas de goût, pas d'épices, pas d'humanité. Rien qui ressemble de près ou de loin à un repas digne. On a empilé le froid, le fade, l'insipide, pour qu'il y en ait assez pour tenir tout le week-end. Le repas de vendredi devait tenir jusqu'à dimanche, parce que le week-end, elles n'ont droit à rien. Pas de couffin, pas de visites, rien d'autre que la faim et l'odeur du temps qui pourrit.
Alors, on a prévu plus. Et samedi et dimanche, elles ont rompu le jeûne avec des restes. Du pain froid, du riz collé, un bout de salade oubliée au fond d'une boîte. Elles ont mangé ce qu'on aurait jeté ailleurs. Un iftar de misère, un repas d'ombre, sans chaleur ni foyer. Mais elles ont partagé, parce qu'ici, la faim est collective, alors la solidarité l'est aussi.

La gale devient une « allergie contagieuse »
Et pendant ce temps, la gale s'est transformée en "allergie contagieuse" selon la version officielle. La prison s'accroche à ses mensonges comme une noyée à une bouée crevée. Parce qu'après tout, mieux vaut insulter notre intelligence que reconnaître qu'elles sont là, des dizaines de femmes, à se gratter la peau jusqu'au sang dans des cellules qui puent l'humidité et la misère. Elles se grattent la peau jusqu'au sang, mais non, ce n'est pas la gale, c'est une allergie. Une allergie à quoi ? À l'injustice ? À la saleté ? À la misère organisée ? Heureusement que le ridicule ne tue pas, parce que ça ferait un carnage dans l'administration pénitentiaire.

Une justice aux abonnés absents
Et nous, on attend.
On attend la cassation, les dates, les juges, les décisions, les non-décisions. On attend, comme si attendre pouvait changer quelque chose. On attend, comme si la justice existait encore.
Demain, 11 mars, la chambre d'accusation, "autrement composée", comme un décor de théâtre qu'on replace avant la prochaine scène, devra décider de la qualification de l'accusation. On reproche à Sonia d'avoir parlé des conditions de détention dans les prisons tunisiennes. C'est-à-dire d'avoir ouvert la bouche, dit la vérité, refusé de se taire.
Traduction : elle devra répondre d'un crime inexistant devant une justice qui n'existe plus. Parce que la Cour de cassation a jugé que le décret-loi 54 ne s'applique pas aux journalistes et assimilés dans l'exercice de leur métier. Mais Sonia, elle ne compte pas. Sonia, elle n'a pas droit aux lois, ni à la justice, ni à l'oubli.

Résister, malgré tout
Mais elle tient. Elle trouve encore de quoi sourire. Aujourd'hui, elle était contente. Les douches ont été repeintes.
Je n'arrive même pas à dire si c'est beau ou si c'est tragique. Les espoirs sont devenus primaires. Ça me fait mal. Pas pour elle, mais pour nous tous. Quand on en arrive à se réjouir d'un mur un peu moins sale, c'est qu'on nous a déjà tout pris.
Mais elle ne lâche pas.
Et nous, on ne lâchera rien, et on ne la lâchera pas.

* Ramla Dahmani Accent est la sœur de la prisonnière politique Sonia Dahmani, en détention depuis le 11 mai 2024
* Les intertitres sont de la rédaction


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