La baisse des prix mondiaux du pétrole pourrait bien représenter une opportunité inespérée pour la Tunisie. C'est en tout cas l'analyse du professeur en sciences économiques Ridha Chkoundali, qui estime, dans une publication samedi 15 mars 2025, que cette tendance pourrait alléger considérablement les tensions sur les finances publiques. Le budget de l'Etat pour l'année 2025 a été établi en partant de l'hypothèse d'un prix moyen du baril de Brent à 77,4 dollars. Or, selon les dernières données disponibles le 15 mars 2025, le baril s'est stabilisé autour de 70,34 dollars. « Si cette tendance se maintient jusqu'à la fin de l'année, cela représentera un gain de près d'un milliard de dinars pour le budget de l'Etat », explique Ridha Chkoundali. Un chiffre loin d'être anodin dans un contexte où la Tunisie peine à obtenir des financements extérieurs. Ce surplus budgétaire, qui aurait normalement servi à financer les importations d'énergie, permettra de renforcer les réserves en devises du pays et de stabiliser le dinar face aux monnaies étrangères. « C'est comme si la Tunisie bénéficiait d'un don extérieur », commente l'économiste. Une manne particulièrement bienvenue alors que la mauvaise notation de crédit du pays l'empêche de recourir aux marchés financiers internationaux.
Au-delà des finances publiques, cette situation pourrait également avoir des effets positifs sur l'économie réelle. Le maintien des prix de l'énergie à un niveau bas limiterait les pressions inflationnistes et favoriserait une baisse du taux directeur de la Banque centrale. « Une réduction des taux d'intérêt encouragerait l'investissement et soutiendrait la création de richesses », précise M. Chkoundali. Toutefois, la prudence reste de mise. L'économiste rappelle que les prix du pétrole sont influencés par de nombreux facteurs, notamment les tensions géopolitiques et les stratégies des grandes puissances pétrolières. Les sanctions occidentales contre la Russie et l'Iran, ainsi que les politiques de production de l'OPEP+, pourraient faire remonter les prix. À l'inverse, une accalmie dans le conflit ukrainien ou une augmentation de la production de pétrole de schiste aux Etats-Unis pourraient les tirer vers le bas.
En tout état de cause, la baisse des prix du pétrole ne saurait être l'unique variable d'ajustement du budget tunisien. Ridha Chkoundali souligne que d'autres hypothèses essentielles doivent se concrétiser pour que l'Etat atteigne ses objectifs : une croissance de 3,2 %, la stabilité du dinar, une hausse des importations de 4,2 % et une accalmie sur les prix des produits alimentaires de base. La Tunisie pourrait donc profiter de cette conjoncture favorable, mais cette opportunité demeure fragile et tributaire d'un équilibre géopolitique toujours incertain.