Alors que les prix du pétrole suivent une tendance baissière sur les marchés internationaux, l'économiste et professeur à l'université de Tunis, Ridha Chkoundali, estime que cette conjoncture pourrait offrir un répit budgétaire aux pays importateurs comme la Tunisie, tout en avertissant des risques liés à un ralentissement économique mondial. Dans un entretien accordé à l'agence de presse Tap, dimanche 13 avril 2025, Ridha Chkoundali souligne que les grandes institutions financières n'ont pas pris en compte, dans leurs prévisions budgétaires pour 2025, l'éventualité d'une guerre commerciale autour des droits de douane, notamment à l'initiative des Etats-Unis. Une omission qui pourrait pénaliser les pays exportateurs de pétrole, mais qui, à l'inverse, pourrait bénéficier aux pays importateurs, en leur offrant une marge de manœuvre budgétaire accrue.
La loi de finances 2025 de la Tunisie repose sur une hypothèse de prix de 74 dollars le baril. Pour chaque dollar de baisse sous ce seuil, le pays économise environ 140 millions de dinars. « Si les cours du Brent restent autour de 65 dollars jusqu'à la fin de l'année, la Tunisie pourrait engranger jusqu'à 1,26 milliard de dinars », estime Ridha Chkoundali. Une somme qui pourrait soulager le service de la dette extérieure, mais aussi faciliter l'importation de biens essentiels et d'équipements productifs. Pour tirer parti de cette conjoncture, l'économiste recommande de renforcer les achats de brut et de réorienter les économies réalisées vers des investissements dans les énergies renouvelables, afin d'offrir au pays, à moyen terme, une meilleure résilience énergétique.
Il met cependant en garde contre une lecture trop optimiste de la situation. La baisse des prix du pétrole est en grande partie liée aux décisions américaines sur les droits de douane, qui ont ravivé les craintes d'un ralentissement du commerce mondial. Si la suspension temporaire de ces hausses a permis un léger rebond des prix, l'exclusion de la Chine de cette suspension pourrait continuer à peser sur la demande mondiale. À cela s'ajoutent plusieurs tensions géopolitiques majeures : le dossier nucléaire iranien, la guerre en Ukraine et le conflit en cours à Gaza. L'issue de ces crises aura un impact déterminant sur l'évolution des marchés énergétiques, insiste l'économiste. Selon lui, la baisse des prix du pétrole contribue également à réduire le déficit commercial, à préserver les réserves en devises et à maintenir la stabilité du dinar, des éléments essentiels à l'équilibre macroéconomique du pays. Mais ces bénéfices restent conditionnés à l'issue des négociations internationales et à la capacité des grandes puissances à préserver la stabilité des échanges mondiaux.