La BNA Bank vient de publier ses états financiers individuels et consolidés arrêtés au 31 décembre 2024. Il en ressort que la banque affiche, en 2024, un bénéfice en hausse de +12,40% au niveau individuel et en légère baisse de 0,53% au niveau consolidé. En effet, l'établissement financier a enregistré un résultat net de 213,58 millions de dinars (MD) fin 2024 contre 190,01 MD un an auparavant. La banque a payé un impôt sur les bénéfices de 120,44 MD (+24,07%), une contribution sociale de solidarité de 12,04 MD (+8,56%) et une contribution conjoncturelle de 12,04 MD (+8,56%). Le Produit net bancaire (PNB) s'est situé à 976,01 MD fin 2024, en légère baisse de 0,39%. Son résultat d'exploitation de 387,38 millions de dinars augmente de 29,62% comparativement à une année auparavant. Les dépôts et avoirs de la clientèle ont atteint 12,67 milliards de dinars (+6,62%) alors que les créances sur la clientèle se sont situées à 13,45 milliards de dinars (-2,47%). Côté consolidé, le résultat net a atteint 210,91 MD fin 2024 contre 212,04 MD fin 2023, pour un impôt sur les bénéfices de 120,22 MD (+32,17%). Le PNB consolidé baisse légèrement de 0,26%, se situant à 1,04 milliard de dinars fin 2024. Notons que les commissaires aux comptes ont fait plusieurs observations dans leur rapport. Ils indiquent que « les engagements de l'Office des céréales envers la banque totalisent 5,52 milliards de dinars au 31 décembre 2024 (soit environ 32% du total des engagements de la clientèle). Ces engagements sont refinancés directement auprès de la BCT pour un montant de 2,3 milliards de dinars au 31 décembre 2024. Ils ont connu une hausse de 449,55 MD (+8,87%) par rapport à leur niveau au 31 décembre 2023 et enregistrent un dépassement significatif du seuil de 25% des fonds propres nets de la Banque, imposé par l'article 51 de la circulaire de la BCT n°2018-06 du 5 juin 2018 ». Et d'affirmer que « le financement de l'Office des céréales a impacté de façon significative la trésorerie de la Banque, qui a enregistré un solde négatif de -5,38 milliards de dinars au 31 décembre 2024, contre -4,69 milliards de dinars au 31 décembre 2023. Il est à noter que les chèques tirés par l'Office des céréales sur la Trésorerie générale de Tunisie au titre de ses droits à la compensation, qui ne sont pas encore encaissés par la banque au 31 décembre 2024, totalisent 2,85 milliards de dinars. Les garanties de l'Etat accordées à la banque au titre des engagements de l'Office des céréales s'élèvent à 5,52 milliards de dinars au 31 décembre 2024, ce qui lui confère une couverture totale du risque de contrepartie sur ces engagements (en principal, agios, intérêts et commissions) ». Dans ce même document, les commissaires aux comptes précisent que « les engagements des autres entités publiques (OCT, Transtu, OTD, ONH, El Fouledh, etc.) envers la banque totalisent 1,53 milliard de dinars au 31 décembre 2024, enregistrant ainsi une hausse de 154,11 MD (+11,23%) par rapport à leur niveau au 31 décembre 2023. Les garanties obtenues par la banque en couverture du risque de contrepartie sur ces engagements totalisent 1,06 milliard de dinars au 31 décembre 2024, dont des garanties de l'Etat pour un montant cumulé de 975,3 MD. Les engagements non couverts par les garanties de l'Etat, les autres garanties, les agios et intérêts réservés et les provisions constituées par la Banque totalisent 382,82 MD au 31 décembre 2024 et concernent principalement certaines entités publiques (ministère des Finances, CNRPS, ETAP, CTF, Les Ciments de Bizerte, etc.) dont les engagements sont qualifiés de réguliers ». En outre, on apprend que « la banque a fait l'objet d'une vérification approfondie de sa situation fiscale au titre de tous les impôts et taxes auxquels elle est soumise, pour la période allant du 1er janvier 2019 au 31 décembre 2020. Les résultats de cette vérification fiscale ont été notifiés à la banque le 10 mai 2024 et ont fait l'objet, de sa part, d'une opposition en date du 12 juin 2024, conformément aux dispositions de l'article 44 du code des droits et procédures fiscaux. Afin de bénéficier des avantages de l'amnistie fiscale prévue par l'article 58 de la loi n°2023-13 du 11 décembre 2023, portant loi de finances pour l'année 2024 (abandon des pénalités…), la banque a signé avec l'administration fiscale un procès-verbal de conciliation prévoyant un montant à payer sur cinq ans de 67 MD, dont un crédit d'impôt sur les sociétés de 25,77 MD. La comptabilisation de ce redressement fiscal a impacté négativement les capitaux propres de la banque pour un montant de -41,23 MD, dont une modification comptable de 40,97 MD ». Le même document stipule que « BNA a sollicité du ministère des Finances, le 1er mars 2024, le remboursement du principal des crédits agricoles abandonnés au cours des exercices précédents, conformément à la réglementation en vigueur, et ce, pour la somme globale de 90,45 MD (répartie entre les deux fonds budgétaires de 133 MD et 160 MD, pour un montant de 64,91 MD, et les fonds propres et ressources extérieures, pour un montant de 25,53 MD) ». Et de rappeler « qu'aux termes de la convention conclue avec le ministère des Finances en date du 24 mai 2017, le remboursement des crédits agricoles abandonnés au cours des années 2014, 2015 et 2016 s'effectuera sur une période de vingt ans sans intérêts. Il s'ensuit que les traitements qui seront réservés aux crédits agricoles abandonnés (accordés sur ressources spéciales, fonds propres et ressources extérieures), ainsi que l'apurement des comptes de bilan et des engagements hors bilan relatifs aux ressources spéciales (dont notamment les deux fonds budgétaires de 133 MD et 160 MD), de concert avec le ministère des Finances, pourraient impacter de façon significative la situation financière de la banque ».
Rappelons que la BNA Bank propose de distribuer un dividende de 0,95 dinar par action pour l'exercice 2024 contre 0,9 dinar par action un an auparavant. L'Assemblée générale ordinaire (AGO) est prévue pour le mercredi 30 avril 2025 à 9 heures à l'Institut arabe des chefs d'entreprises (IACE). Notons aussi que l'autorité monétaire a décidé de maintenir le durcissement de la politique de distribution de dividendes pour l'exercice 2024. Dans sa circulaire n°2025-02 du 29 janvier 2025, la BCT indique que les banques et établissements financiers peuvent distribuer des dividendes sur les bénéfices de l'exercice 2024 dans les conditions suivantes : * Dans la limite de 35% du bénéfice de l'exercice 2024 pour les banques et les établissements financiers présentant des ratios de solvabilité et Tier 1 arrêtés à fin 2024, après déduction des dividendes à verser, qui dépassent les niveaux minimums réglementaires de 2,5% au moins ; * Sans limite et après accord préalable de la Banque centrale de Tunisie, pour les banques et les établissements financiers présentant des ratios de solvabilité et Tier 1 arrêtés à fin 2024, après déduction des dividendes à verser, qui dépassent les niveaux minimums réglementaires respectivement de 2,5% et 3,5% au moins.