À intervalles réguliers, surgit dans l'actualité une entreprise communautaire avec un objectif flou, mais présenté avec la pompe d'une révolution copernicienne. Samedi 26 avril 2025, les internautes ont ainsi découvert la création de l'entreprise communautaire locale « Les Aghlabides », spécialisée, tenez-vous bien, dans l'éducation et l'enseignement. Rien que ça. Le délégué de Kairouan nord a assisté en grandes pompes à l'assemblée générale constitutive de cette nouvelle entreprise.
Evidemment, la réaction des internautes ne s'est pas fait attendre, entre sarcasme bien de chez nous et perplexité assumée. Certains ont été intrigués par l'activité de cette entreprise communautaire. D'autres ont fortement critiqué la nouvelle, criant au fiasco et considérant qu'il s'agissait d'un pas de plus vers la privatisation et la désintégration de l'enseignement étatique.
L'ancien député Taoufik Jemli s'est interrogé sur la pertinence du projet : « Une entreprise communautaire pour la fabrication de gâteaux... Une autre pour le mastic à mâcher... Une autre pour la production de corète... Mais, une autre pour l'éducation et l'enseignement, je ne comprends pas pourquoi », a-t-il écrit, d'un ton délicieusement ironique.
Le journaliste Wael Ounifi a, pour sa part, dénoncé sans détour une nouvelle étape vers la privatisation de l'enseignement.
L'activiste Ayoub Amara a confirmé l'information, exprimant son étonnement face à cette trouvaille.
La journaliste Monia Arfaoui a soulevé une interrogation tout aussi logique qu'inquiétante : ce modèle mènera-t-il à un triptyque inédit dans l'enseignement tunisien – étatique, privé… et communautaire ?
Enfin, un citoyen a interpellé les soutiens du président et les membres de la campagne explicative pour éclairer l'opinion publique au sujet de cette entreprise : « Celle-ci sera affiliée au ministère de l'Education ou au secrétariat d'Etat chargé des entreprises communautaires ? Elle œuvre dans l'enseignement public ou privé ? S'il s'agit de l'enseignement étatique, comment parler d'une entreprise ? S'il s'agit de l'enseignement privé, comment la qualifier de communautaire ? Donnera-t-elle des cours particuliers ? N'êtes-vous pas contre cette pratique ? Se chargera-t-elle de détruire les murs menaçant de s'effondrer ? ».
Autant de questions restées, pour l'instant, sans réponses. Peut-être faut-il laisser du temps ou que le niveau de compréhension du commun des mortels est différent de celui des adeptes.