Le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux (FTDES) a indiqué qu'il suivait avec précaution les évolutions de la désormais célèbre affaire de complot contre la sûreté de l'Etat, considérant que les décisions judiciaires qui y sont liées reflétaient une oppression, un abus et une irrégularité des procédures. Dans un communiqué du 28 avril 2025, le FTDES a pointé du doigt l'absence de garanties de procès équitable dans cette affaire et les atteintes aux droits des prévenus depuis l'entame de l'instruction. L'ONG a indiqué que les trois audiences tenues dans le cadre de cette affaire reflétaient « la volonté politique de se venger des accusés ». Le FTDES a évoqué « l'exclusion de quelques membres des familles des détenus, des journalistes, des observateurs nationaux et des militants de la salle d'audience, la tenue du procès à distance et une militarisation du tribunal et de ses alentours ». Le FTDES a critiqué la présidente de la chambre criminelle chargée de l'affaire et a rappelé que celle-ci avait décidé de « tenir le procès sans la présence physique des détenus et d'accélérer la prononciation d'un jugement à l'encontre des accusés malgré l'ampleur du dossier et le nombre considérable de documents à étudier ». L'ONG a considéré que « le comportement de la présidente de la chambre démontrait que les jugements étaient prêts avant la tenue de l'audience ». Le FTDES a considéré que l'arrestation de l'avocat et membre du comité de défense, Ahmed Souab, pour des crimes terroristes prouvait « l'intention du pouvoir en place de porter atteinte à l'opposition, aux syndicalistes, aux journalistes, aux blogueurs et aux avocats ». Le forum a considéré que l'affaire de complot était « synonyme d'instrumentalisation de la justice dans le but de permettre au pouvoir de régler ses comptes avec ses rivaux politiques et civils et afin de propager le climat de peur et le désespoir ». Le FTDES a assuré que ce climat ne pouvait dissimuler « l'échec du pouvoir et son incapacité à résoudre la crise politique, économique, culturelle et sociale frappant le pays ». Selon le communiqué, « les slogans populistes, le discours basé sur les accusations de trahison et la monopolisation de la prise de décision ne pouvaient pas l'atténuer ». Le Forum a : * Considéré que « les sentences prononcées dans le cadre de l'affaire de complot s'inscrivaient dans un processus de destruction entamé depuis la dissolution du Conseil Supérieur de la Magistrature, la révocation de 57 juges, le refus d'appliquer les sursis d'exécution obtenus par ces derniers, la perturbation du fonctionnement du conseil provisoire de la magistrature et le contrôle exercé par la ministre de la Justice, Leila Jaffel, sur les cursus professionnel et disciplinaire ». * Réitéré son appel à la « libération des prisonniers d'opinion, des détenus politiques et syndicaux, des activistes, des blogueurs et des journalistes et de toute personne arrêtée sur fond du décret 54 ». * Souligné l'importance d'abroger « les textes de loi et décrets portant atteinte aux droits d'opinion, d'expression, de presse, de publication, de manifestation et de s'organiser, ainsi que les droits politiques et les libertés collectives et individuelles témoignant d'un recul sans précédent ». * Exprimé sa solidarité envers les familles des détenus et les différents mouvements sociaux, civils et politiques et les appels à faire preuve de persévérance et de résilience afin de garantir le droit à un procès équitable et de prouver que les accusations sont infondées. * Appelé « le peuple tunisien, les acteurs civils et politiques, les organisations et les forces vives à s'engager dans un processus d'autocritique et à s'unifier dans le cadre d'une lutte commune pour une démocratie garantissant la mise en place des politiques économiques, sociales, environnementales et culturelles alternatives répondant aux revendications du peuple à savoir liberté, dignité et justice sociale ».