Soutien saoudien confirmé aux projets prioritaires de la Tunisie pour 2026–2030    Démolition d'une extension illégale au cœur d'El Manar 2    Financement du bien public : les banques publiques privilégient d'autres priorités    Décès de Kaoutar Boudarraja, figure emblématique des médias maghrébins    Béchir Akremi renvoyé devant la chambre criminelle    Bac 2025 : voici comment postuler à la session d'excellence et décrocher une bourse    Attention aux faux intermédiaires : la liste des bureaux agréés pour les études à l'étranger publiée par le ministère    Compte bancaire inactif : que faire pour éviter le transfert des fonds à l'Etat ?    Le « Grand Remplacement » dans l'administration ?    Cour suprême : limitation du pouvoir des juges, victoire pour Trump    Kaïs Saïed, l'administration et la fixation sur l'épuration    Ali Khamenei avertit Washington : jamais nous ne nous rendrons !    Wimbledon 2025 : Ons Jabeur affrontera Viktoriya Tomova au premier tour    Véhicules administratifs : 8.410 contrôles et 187 infractions en 2025    L'ARP entame l'examen d'une proposition de révision du décret-loi 54    Commerce international : Chine et Etats-Unis annoncent un allègement mutuel des restrictions    Alerte sur les plages tunisiennes : les méduses se rapprochent... de vous !    Tunisie – Horaires d'été des administrations : application dès le 1er juillet    Résultat du concours 6ème 2025 : Inscription au service SMS dès dimanche 29 juin    Nouvelle mobilisation à New York pour dénoncer l'offensive contre Gaza    Grèce : un violent incendie ravage les stations balnéaires au sud d'Athènes    Wimbledon 2025 : Ons Jabeur face à Viktoriya Tomova au premier tour    Votre été 2025 est validé ... grâce à TT !    Hussein et Rajwa de Jordanie figurent parmi les prestigieux invités du mariage de Jeff Bezos    Oui aux bâtisseurs, non aux saboteurs    Fathi Ben Khalifa : le ministère des Finances est l'organe bloquant dans le secteur des volailles    Météo en Tunisie : températures jusqu'à 43 degrés à l'extrême Sud-Ouest    Karim Arfa : le travail bénévole se heurte à des lois obsolètes !    Bassem Ennaifer : la Tunisie a remboursé d'importants prêts depuis le début de l'année    Kilani Holding détient désormais plus de 68% du capital de STA-Chery    L'Avenue de Tunis sans voitures ce Weekend en marge du Festival Au Pays des Enfants    AIIB, China Eximbank et Huawei : les géants chinois de la finance et de la tech s'intéressent à la Tunisie    Le constructeur espagnol SEAT explore les opportunités industrielles en Tunisie    Festival arabe de la radio et de la télévision : La Tunisie distinguée par quatre prix    Nabil Ammar, Ambassadeur de Tunisie à New York : Un monde sans l'ONU, ou sans une meilleure alternative, serait une jungle (Vidéo)    Le nucléaire iranien « décimé, anéanti » : le Pentagone fustige les médias sceptiques    L'Espérance s'incline face à Chelsea et quitte le Mondial des clubs: Le rêve et ses limites fatales...    Combien a réellement gagné l'Espérance de Tunis lors de la Coupe du Monde des Clubs 2025 ?    Centre-ville de Tunis : Habib Bourguiba fermée aux voitures pendant deux jours    Les généraux de brigade Saleh Ben Abd'Essalem et Al'Amjed Al'Hamemi promus par le président Kaïs Saïed, généraux de division (Vidéo)    Réduction de peine pour Wadie Jary dans l'affaire du contrat d'Essghaier Zouita    Officiel : Neymar prolonge son aventure à Santos jusqu'en décembre 2025    Coupe du Monde des Clubs 2025 : l'Espérance de Tunis quitte la compétition la tête haute malgré l'élimination    Le Tunisien Kouki débarque à Al Masry    Diplomatie tunisienne : 36 % des postes occupés par des femmes    Programme Culture Moves Europe : des rencontres à Tunis, Sousse et Le Kef    Walid Tlili, figure de la radio tunisienne, s'est éteint    FIFAK 2025 : une 38e édition sous le signe de la liberté et de la solidarité avec la Palestine à Kélibia    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Purge en préparation : épurer pour "mieux" repeupler l'administration
Publié dans Business News le 09 - 05 - 2025

On le savait féru de grandes envolées. Mais cette fois, le président a décidé d'empoigner son balai pour débarrasser l'administration tunisienne de ses « infiltrés ». Un bon coup de torchon, et hop, on ouvre la porte aux « purs », aux « vrais », ceux qui attendent sagement dehors, diplôme sous le bras, promesses plein les oreilles.
Sur le papier, ça sent bon la vertu. Mais à y regarder de plus près, le parfum est plus rance. Ça sent la purge politique à l'ancienne, sauce populiste, servie pour calmer la rue et réchauffer l'ego du pouvoir. Car derrière le mot d'ordre « on nettoie ! » se cache un vieux réflexe bien connu : écarter ceux qui gênent pour mieux installer les siens. Et tant pis pour les lois, les statuts, les tribunaux. À la guerre comme à la guerre.

Une purge aux contours flous, un schéma bien connu
Le président de la République a donc encore parlé. Et cette fois, le 5 mai dernier, il a annoncé rien de moins qu'un plan d'« épuration » de l'administration tunisienne, qu'il accuse d'être infiltrée par des individus ayant transformé leurs responsabilités en « privilèges » et en « butin ». Le mot est lâché. Il faudra « débarrasser » l'appareil d'Etat de ces supposés usurpateurs et, bonne nouvelle pour la foule des chômeurs diplômés, « ouvrir les portes des recrutements » pour les remplacer. C'est donc une révolution administrative qui s'annonce. Une de plus. Mais au fond, que prépare réellement le président ?
Ce n'est pas la première fois que Kaïs Saïed agite cette menace. Depuis son coup de force de juillet 2021, il promet régulièrement de « purifier » l'Etat des « vipères qui sifflent dans les couloirs », d'extirper les éléments « corrompus », « vendus » ou ceux qui auraient « infiltré » les rouages administratifs. Problème, jamais il ne précise selon quels critères ces fonctionnaires seront jugés. Qui sont ces « infiltrés » ? S'agit-il des anciens bénéficiaires de l'amnistie générale ? Des « sécuritairement filtrés » à l'époque de Ben Ali ? Des syndicalistes trop remuants ? Ou simplement des hauts fonctionnaires qui osent ne pas s'aligner sur sa grande croisade de « libération nationale » ? Mystère et boule de gomme. Mais à force de flou, on voit poindre un schéma familier, celui d'une purge politique à grande échelle.
Car il ne s'agit pas ici d'une simple politique de gestion des ressources humaines. Non, le président entend visiblement remodeler l'administration à son image. Une administration composée de « patriotes », d'« honnêtes »… Comprenez : des fidèles à son processus. Ironie mordante, en voulant nettoyer l'appareil d'Etat des prétendument anciens partisans des régimes passés, il risque fort d'y placer les siens, répétant exactement ce qu'il dénonce. Une inondation de fidèles aux postes clés, sous couvert de redressement moral. On connaît la musique.

Promesses en vitrine, chaos en réserve
Sauf que, petit détail, la fonction publique tunisienne n'est pas une armée de figurants à enrôler selon le bon plaisir du chef. Elle est régie par des lois, des statuts, des procédures. Un fonctionnaire ne peut être révoqué sans passer par un conseil de discipline, sans droit à la défense, sans possibilité de recours devant le tribunal administratif. Et ce même tribunal a montré, à plusieurs reprises, qu'il n'entendait pas plier face aux oukases du pouvoir. On se souvient des décisions ordonnant la réintégration des magistrats illégalement révoqués, décisions que le pouvoir a superbement ignorées. Va-t-il recommencer, cette fois à l'échelle des milliers de fonctionnaires que compte la Tunisie ?
Il y a là une fuite en avant inquiétante, doublée d'une absurdité économique flagrante. Car pendant que le chef de l'Etat promet monts et merveilles aux jeunes diplômés en quête d'un emploi, les bailleurs de fonds, eux, réclament la réduction de la masse salariale publique, jugée hors de contrôle. Coincé entre ses promesses populistes et les exigences du terrain, il joue ainsi sur deux tableaux. D'un côté, il agite le mirage de milliers de recrutements pour calmer la rue et éviter la grogne populaire ; de l'autre, il prépare en sourdine des coupes sombres dans les effectifs pour continuer à fonctionner et quémander des prêts.
C'est une politique à double détente. Mais à force de vouloir dire tout et son contraire, le pouvoir en place risque surtout de précipiter l'Etat dans le chaos, mais aussi dans un nouveau gouffre. Car le scénario est écrit d'avance. Si des fonctionnaires sont révoqués illégalement, ils obtiendront tôt ou tard gain de cause devant la justice. Et l'Etat sera contraint de les réintégrer ou, à défaut, de leur verser des indemnisations couvrant les salaires dus depuis leur éviction jusqu'à leur retour ou leur retraite. Une bombe à retardement financière, qui viendra un jour ou l'autre exploser en plein cœur du budget national.

Epurer sans mode d'emploi
Ainsi, sous couvert de libération nationale, c'est un suicide institutionnel qui se prépare. On détruit aujourd'hui, en piétinant le droit et les règles élémentaires de gestion publique. Et on compromet l'avenir en sapant ce qui reste de crédibilité aux institutions tunisiennes.
Alors, que restera-t-il demain de cette « épuration » ? Une administration vidée de ses compétences, repeuplée de partisans serviles, mais incompétents ? Des finances publiques exsangues, plombées par des contentieux qu'il faudra bien solder un jour ? Et une population, une fois encore, flouée par des promesses qu'on savait irréalisables ?
Les problèmes de l'appareil administratif sont innombrables et la solution ne réside pas dans des licenciements suivis par de nouveaux recrutements massifs. Une restructuration complète de l'administration, une exploitation optimale des ressources humaines basée uniquement sur la compétence, sa modernisation, ce sont une partie de la solution. L'amateurisme n'a pas sa place dans cette affaire.
La Tunisie mérite mieux. Mais à ce rythme, ce ne sera plus une guerre de libération nationale : juste une liquidation administrative en bonne et due forme. Un grand ménage sans plan, où l'on brasse beaucoup pour mieux masquer le vide.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.