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Kaïs Saïed relance la chasse aux fonctionnaires
Publié dans Business News le 15 - 05 - 2025

Kaïs Saïed relance sa croisade contre les fonctionnaires jugés incompétents ou indûment recrutés. Après un an d'accalmie, le président revient à la charge avec un discours plus radical, promettant un grand renouvellement générationnel au sein de l'administration. Mais entre les effets d'annonce et la réalité des chiffres, les contradictions s'accumulent.

Le président de la République l'a dit et répété à plusieurs reprises : l'administration tunisienne doit être débarrassée de ceux qui s'y sont infiltrés, juste pour obtenir le pouvoir et les avantages. En remplacement, on devrait s'attendre au recrutement de milliers de jeunes parmi les diplômés dont le chômage dure depuis longtemps. La question n'est plus de savoir comment la Kasbah va matérialiser la purge, mais quand.
En août 2023, Kaïs Saïed ordonne de « préparer un projet d'arrêté ayant pour objectif d'assainir l'administration des éléments qui s'y sont infiltrés et qui entravent depuis dix ans les projets de l'Etat ». Quelque 250.000 personnes seraient ciblées. Le chef de l'Etat évoque, à plusieurs reprises, des fonctionnaires qui auraient intégré la fonction publique grâce à de faux diplômes.

Une campagne d'audit tous azimuts
Un mois plus tard, le président chapeaute une mini réunion ministérielle durant laquelle il déclare : « Il va falloir examiner tous les recrutements effectués de 2011 jusqu'au 30 juin 2023 au niveau de chaque ministère dans un premier temps, puis au niveau de la présidence du gouvernement. Cette anarchie au sein de l'administration et les recrutements effectués sur la base de la proximité de certains partis ne sont plus possibles. »
Les ordres présidentiels sont appliqués à la lettre : des milliers d'enquêtes administratives sont déclenchées dans l'ensemble des institutions publiques.

Des faux diplômes… en nombre dérisoire
Le 13 mai 2024, Kaïs Saïed reçoit le président du Haut comité de contrôle administratif et financier (HCCAF) et du comité d'audit des recrutements dans la fonction publique, Imed Hazgui, qui lui remet un rapport préliminaire. Un an plus tard, le rapport final n'a toujours pas été publié, mais on sait que le nombre de faux diplômes découverts est infinitésimal. Selon les propres mots du président, il n'y aurait eu que 2700 diplômes falsifiés, toutes administrations confondues.

Nouvelle offensive présidentielle en mai 2025
Après un an d'accalmie, le président revient à la charge. Le 5 mai 2025, en recevant sa cheffe du gouvernement Sarra Zaâfrani Zanzri, il insiste sur la nécessité de mener de nombreuses révisions et d'ouvrir la voie aux recrutements, une fois l'administration débarrassée de ceux qui considèrent la responsabilité comme un privilège ou un butin.
Hier, mercredi 14 mai, toujours face à Sarra Zaâfrani, Kaïs Saïed enfonce le clou : « Celui qui considère sa fonction comme une salle d'attente peut attendre hors des institutions de l'Etat », déclare-t-il. Il ordonne un renouvellement générationnel : « La jeunesse, assoiffée d'action et porteuse de l'esprit de combat, devrait pouvoir prendre le relais, en remplacement de ceux qui n'ont pas été à la hauteur des responsabilités. »

Un paradoxe présidentiel
Parenthèse en passant : ce même mercredi 14 mai, le président reçoit le nouveau gouverneur de Ben Arous pour sa prestation de serment. Or, il s'agit d'un sexagénaire, et non d'un jeune « assoiffé d'action ».
Le fait que Kaïs Saïed revienne cibler les fonctionnaires deux fois en dix jours ne présage rien de bon pour eux. En 2023, il envisageait de licencier des centaines de milliers de personnes sur la base de suspicions de faux diplômes. Ce dossier, maintes fois évoqué, a finalement fait pschitt.
En revenant à la charge un an après, Kaïs Saïed semble avoir changé de cible : il ne parle plus de faux diplômes, mais de manquements à la hauteur des responsabilités.
Reste à savoir comment Sarra Zaâfrani Zanzri va mettre en œuvre les consignes du président. Sur quelle base juridique ou administrative peut-elle procéder à des licenciements massifs ? Est-elle cheffe du gouvernement chargée de toutes les affaires de l'Etat ou simple secrétaire d'Etat pour traiter un dossier aussi épineux ?

Le dilemme du sureffectif administratif
Tous les gouvernements, même avant la révolution de 2011, ont été confrontés au problème : l'administration tunisienne est en sureffectif. Certaines structures manquent de personnel qualifié, tandis que d'autres regorgent d'agents sous-employés.
Licencier les fonctionnaires surnuméraires – soit plusieurs centaines de milliers – est une mesure impopulaire que personne n'a jamais osé prendre.
Aujourd'hui, avec les caisses publiques vides, Kaïs Saïed pourrait être tenté de franchir ce cap. Mais son discours officiel contraste fortement avec cette ambition.

Recrutements ou licenciements : il faut choisir
En effet, Kaïs Saïed ne cesse de rappeler le rôle social de l'Etat, la nécessité de préserver les emplois et d'améliorer les conditions de vie des salariés. Il appelle à recruter des jeunes, tout en nommant un sexagénaire à un poste stratégique. Il veut alléger l'administration, tout en vantant sa fonction sociale.
On est face à des propos contradictoires. L'issue dépendra désormais de la manière dont Sarra Zaâfrani Zanzri va traduire ces injonctions présidentielles en actions concrètes.

Une épée de Damoclès sur l'administration
À travers ses discours répétés et ses injonctions contradictoires, Kaïs Saïed semble osciller entre une volonté politique de rupture et une incapacité structurelle à trancher dans le vif. L'administration tunisienne, déjà fragilisée par les injonctions contradictoires, se retrouve dans une position de plus en plus inconfortable, travaillant sous la menace d'une purge massive dont les contours restent flous.
Sans critères clairs, sans base légale solide et sans vision de remplacement autre que des promesses de jeunesse combative, cette stratégie risque de se transformer en chasse aux sorcières, sapant encore davantage la confiance dans les institutions.
La purge annoncée pourrait bien devenir un aveu d'impuissance politique, où l'on sacrifie des fonctionnaires pour masquer l'absence de réformes de fond.


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