La Tunisie perd une légende : le Professeur Anis BEN MAAMAR s'éteint, laissant un héritage chirurgical inestimable    4 ans de prison pour une Tunisienne revenue de Syrie après avoir rejoint "Daech"    La Tunisie se prépare à accueillir la Conférence régionale "One Health" avec la participation de la Banque mondiale    « Je vous aime trop ! » : Trump encense les princes du Golfe    Libye : Tunisie et Algérie veulent éviter l'escalade    Tunisie : Vers un amendement de la loi sur l'indemnisation des agents de sécurité    Commerce alimentaire : Excédent en recul de 54 % sur 4 mois    Ce dimanche, entrée gratuite aux monuments historiques    A l'occasion de l'Aïd Al Adha : Importation de viande rouge roumaine « halal » pour réguler le marché    UGTT : Sfax réclame la suspension de Noureddine Taboubi    La ''ZLECAf'' ouvre les marchés africains aux produits tunisiens : de nouvelles opportunités d'exportation    Zaghouan : Lancement des travaux de restauration de l'Arc de Triomphe dans la médina    Séisme de magnitude 4,9 au sud des îles Kermadec, au large de la Nouvelle-Zélande    L'Espérance sportive de Tunis brandit le trophée de champion de Tunisie 2024-2025    Hazem Haj Hassan quitte officiellement le Club Sportif Sfaxien    La Tunisie diversifie ses marchés d'exportation : nouvelles perspectives en Afrique, en Asie et en Europe de l'Est    Tunisie : les seniors représenteront 20% de la population d'ici 2035    Journée de sensibilisation "Ma santé d'abord... Non à la drogue" au CNIPE    Daily brief régional du 16 mai 2025: Un danger environnemental silencieux menace l'île de Kerkennah à l'horizon 2040 !    Sécurité et nettoyage : sous-traitance interdite, sanctions à la clé    Les réflexions de Trump sur la France, Hitler, l'occupation et le vainqueur de la Guerre : Ses tirs font mal    Une nouvelle vague de contamination au Covid19 frappe l'Asie    Tunisie : L'Université de Sfax obtient la certification internationale ISO 9001    Commande historique : Qatar Airways investit 96 milliards chez Boeing    Voyage en Chine sans visa : cinq pays concernés    48 ans de prison pour un extrémiste qui préparait des attentats avec des explosifs artisanaux    Ils ont tout étudié, sauf comment trouver un job : les docteurs réclament le recrutement sans concours !    Un père qui a tenté d'incendier sa femme et ses enfants condamné à 7 ans de prison !    Hédi Sellami : One Tech Holding veut devenir le leader technologique régional    Une voiture fonce dans la foule avant le derby entre l'Espanyol et le Barça    Forte hausse des températures attendue dimanche et lundi : jusqu'à 10 degrés de plus en Tunisie    L'OTJM annonce une grève de cinq jours et le boycott du choix des centres de stage    Lors de son vol de retour du Golfe : Trump... « Nous venons tout juste d'obtenir 4 000 milliards de dollars ! »    Ligue 1 – 30e journée : La liesse des grands jours pour l'Espérance !    Céréales 2025 : Jusqu'à 140 Dinars le Quintal – Livrez Vite, Gagnez Plus !    L'ATB récompensée pour son engagement exemplaire en faveur de la biodiversité et de l'éducation environnementale    Kaïs Saïed reçoit Li Shulei : Vers un renforcement historique des relations tuniso-chinoises    Giorgia Meloni appelle Israël à respecter le droit international face à une situation « injustifiable » à Gaza    Le "bourreau" de Rihanna arrêté pour "coups et blessures graves"    Culture : la Commission parlementaire examine les critères de subvention des festivals !    Match Espérance de Tunis – US Monastir : où regarder le match de ligue 1 tunisienne du 15 mai 2025?    Mondial féminin : la FIFA vise un milliard de dollars de recettes à l'horizon 2031    Tarak Ben Ammar honoré à Cannes : un pont entre la Tunisie, Hollywood et l'Europe    GATBIKE 2025 par GAT ASSURANCES : un grand rdv sportif, culturel, écologique et solidaire à Carthage    Kebili : découverte d'un pressoir à huile datant de l'époque romaine sur le site de Bechni    Festival de Cannes 2025 : programme du pavillon tunisien    Forte présence des stars arabes à l'ouverture du Festival de Cannes 2025    Au procès de P.Diddy, l'édifiant témoignage de son ex-compagne Cassie    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Ils ont tout étudié, sauf comment trouver un job : les docteurs réclament le recrutement sans concours !
Publié dans Business News le 16 - 05 - 2025

Ils sont plus de 7000. Titulaires de doctorats, souvent vacataires, parfois sans emploi depuis plus de dix ans, certains employés à des postes précaires sans aucun rapport avec leur niveau d'études. Une partie d'entre eux demande aujourd'hui une solution radicale : leur intégration directe dans l'enseignement supérieur et la recherche, sans passer par aucun concours. Le ministère, de son côté, temporise, promet des réformes et engage un recensement national. Sur les réseaux sociaux, la polémique enfle. Entre accusation de populisme académique et cri d'injustice, la Tunisie découvre une bombe sociale que l'université a fabriquée elle-même.

Jeudi 15 mai 2025, un groupe de doctorants chercheurs, réunis sous la bannière de « La Voix des Docteurs Chercheurs », a tenu une conférence de presse à Tunis. Leur message est clair : rejet des concours de recrutement, refus des postes administratifs et exigence d'un recrutement direct dans le corps universitaire. Selon Hamda Kouka, leur représentant, « nos compétences académiques sont gaspillées » et les concours envisagés par le ministère sont vécus comme « une injustice » qui nie des années d'effort.
Dans un communiqué, le collectif s'est dit méfiant à l'égard des critères d'évaluation actuels, qu'il juge opaques et corruptibles. Il accuse l'Etat d'avoir entretenu un système de formation déconnecté de ses propres besoins, puis de se désengager au moment de l'insertion professionnelle. Pour eux, la solution passe par un recrutement massif et immédiat, une intégration directe dans les universités et une transparence complète sur les postes vacants.

Des promesses présidentielles
Le mouvement s'appuie sur une promesse faite en janvier dernier par le président de la République : recruter 5.000 docteurs dans des postes de recherche, d'enseignement ou d'administration. À la suite de plusieurs rassemblements, un recensement des heures de vacation a été lancé. À la Faculté de Sousse, par exemple, on compterait 40.000 heures supplémentaires rien que pour la langue arabe, et 2.000 contrats précaires.
Mariem Dziri, coordinatrice nationale du mouvement, affirme avoir discuté avec Kaïs Saïed, qui lui aurait assuré que les docteurs doivent occuper « les fonctions les plus hautes » dans l'administration. Le mouvement réclame désormais la publication urgente des textes d'application de cette promesse, et refuse toute forme de concours, accusé d'être gangrené par la fraude.

Témoignages de précarité
Les témoignages abondent. Rabeb Touati, de l'Association Tunisienne des Docteurs et Doctorants, dénonce une situation qui remonte à 2011. Elle évoque le cas d'un chercheur tunisien recruté par Google, après avoir quitté l'ENIT faute de moyens. D'autres docteurs sont techniciens dans des laboratoires, enseignants vacataires à 900 dinars, ou non déclarés dans des universités privées.
La députée Awatef Cheniti, elle-même docteure, a pris la parole en séance plénière en décembre dernier : « Le doctorat ne vaut rien aujourd'hui en Tunisie. Les docteurs sont devenus serveurs ou maçons ». Emue, elle a dénoncé le népotisme dans les concours et les promesses non tenues par l'Etat depuis 2020. Elle a appelé le président à intervenir pour débloquer un dossier qu'elle qualifie de honte nationale.

Une réaction institutionnelle tardive
Face à la pression, le ministère de l'Enseignement supérieur a fini par réagir. Fayçal Baklouti, conseiller du ministre chargé du dossier social, a annoncé la mise en place d'une plateforme numérique depuis fin novembre pour recenser les docteurs et leurs situations professionnelles. Le ministère travaille à amender le décret 4259 de 2013, afin d'élargir les possibilités de recrutement à d'autres structures publiques et privées.
Mais cette réponse reste perçue comme insuffisante. Les protestataires pointent l'absence de vision globale, la lenteur des textes d'application, et la faiblesse du budget dédié à la recherche. Un rassemblement national est d'ores et déjà prévu pour le 20 mai prochain devant le Palais de la Kasbah.

Le feu nourri des critiques
Dans les rangs des commentateurs, la révolte des docteurs ne fait pas l'unanimité. Deux prises de position virulentes ont enflammé les réseaux sociaux cette semaine.

Mehrez Belhassen, influenceur connu pour ses coups de gueule, a violemment attaqué l'université tunisienne dans un post viral : « Comment a-t-on pu, pendant des décennies, inonder le marché de cette marchandise impropre à la consommation, que ce soit à l'intérieur de l'université ou en dehors ? »
Et de poursuivre : « Pourquoi former quelqu'un quand on sait qu'il ne servira à rien, ni dans le public, ni dans le privé ? Pourquoi ne pas lui dire franchement, dès le départ : va apprendre la céramique, passe ton permis poids lourd, et gagne ta croûte ? »
Un autre post, tout aussi frontal, interroge : « 7000 docteurs, dans un pays où l'université est en bas des classements mondiaux ? Docteurs en quoi, au juste ? Quelle pierre ont-ils ajoutée à l'édifice du savoir ? Et comment peut-on passer autant d'années à étudier sans être capable de sortir de sa propre impasse ? »
Ces réactions, brutales mais largement partagées, mettent en cause la valeur réelle des doctorats tunisiens, l'utilité de certaines filières, et la déconnexion totale entre formation académique et employabilité.

Un débat qui dépasse l'université
En réalité, ce débat dépasse de loin le seul dossier des docteurs chômeurs. Il soulève des questions lourdes : Pourquoi avoir formé autant de docteurs si l'on n'a pas besoin d'eux ? Comment concilier le droit à la formation supérieure avec les besoins réels du pays ? Et surtout, quels critères définir pour l'excellence et le mérite, dans un système gangrené par les passe-droits, les petits arrangements et les fausses promesses ?
Entre revendication sociale légitime et déni structurel profond, l'université tunisienne paie aujourd'hui des décennies d'improvisation, de clientélisme, de déconnexion. Et pendant que l'Etat peine à trancher, que les docteurs manifestent et que les critiques pleuvent, une génération entière reste suspendue entre diplômes prestigieux et inutilité sociale.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.