Le député Ahmed Saidani a publié, samedi 19 juillet 2025, un message au vitriol sur ses réseaux sociaux, dans lequel il dresse un tableau sombre de la situation politique en Tunisie. Profitant de la commémoration de la bataille de Bizerte, il alerte sur ce qu'il qualifie de dérive institutionnelle généralisée et d'impasse politique sans précédent. Dans son message, le parlementaire s'en prend d'abord violemment au président de la République qu'il qualifie d'« infirme politique », affirmant qu'il ne consulte personne, qu'il se lance dans une « libération » sans programme, sans ressources financières et sans hommes pour la mener. Il critique ensuite un Parlement réduit à un rôle de chambre d'enregistrement des emprunts, un Conseil national des régions et des districts qui, selon lui, joue un rôle aussi inutile que le personnage comique de Younès Chalabi dans la célèbre pièce égyptienne Madraset el Mouchaghibin, et un gouvernement soumis à des injonctions irréalistes : « Le président réclame des textes, alors que le problème, ce sont les finances, pas la législation », écrit-il. « Aucun ministre n'ose dire la vérité au chef de l'Etat », déplore encore Ahmed Saidani, qui estime que le gouvernement actuel est incapable de produire une seule position politique cohérente. Il évoque également des conseils locaux exclus de leurs prérogatives, cantonnés à des rôles subalternes dans un tissu associatif vidé de sa substance.
Plus incisif encore, il dénonce « des traîtres et des agents [de l'étranger] partout », tout en accusant une opposition qui, selon lui, confond critique du régime et hostilité au pays. Il dépeint une classe politique où certains, écrit-il, « lèchent les bottes des Français et des Américains ». Le député affirme que la Tunisie est aujourd'hui convoitée pour son poids géopolitique, mais que son peuple, « émotif et mal informé sur la réalité des chiffres », reste prisonnier de slogans et de vaines promesses : « Nouvelles approches, révolution législative, textes… Ce ne sont que des mots ».
Face à cette impasse, Ahmed Saidani affirme refuser de choisir entre l'allégeance aveugle et une opposition qu'il juge servile. « Le silence est devenu plus difficile que la parole », écrit-il, avant d'ajouter : « Je ne peux accepter de voir mon pays foncer vers l'inconnu, sans cap, sans horizon ». Et de conclure, non sans contradiction apparente : « Il n'y a d'issue que par la volonté de Kaïs Saïed, il n'y a de solution qu'avec lui. J'espère qu'il se réveillera, car l'histoire ne se fait pas avec des mots, mais avec des actes ».
Coutumier des diatribes contre l'opposition, qu'il a à maintes reprises menacée sans détour, Ahmed Saidani n'hésite pas non plus à critiquer Kaïs Saïed. Une nouvelle fois il s'attaque à la politique du président de la République — avant de retomber, comme à son habitude, dans le paradoxe qu'il alimente lui-même : Kaïs Saïed serait une partie du problème… mais aussi la seule solution.