Le président de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), Brahim Bouderbala, a nié toute ingérence du président de la République, Kaïs Saïed, dans la "fonction" législative. Dans une déclaration relayée samedi 2 août 2025 par Diwan FM, Brahim Bouderbala a assuré que Kaïs Saïed respectait l'indépendance de l'ARP et n'avait jamais tenté d'exercer de pression, quelle qu'elle soit, sur cette institution, notamment en ce qui concerne la révision du décret 54. Selon lui, la relation entre le Parlement et la présidence de la République repose sur la concertation. « Je le jure, sur mon honneur, le président de la République n'a jamais interféré dans le travail de l'Assemblée », a-t-il insisté.
Sauf que les faits contredisent frontalement les belles déclarations d'intention. Car si l'on se fie à ses propres propos, c'est bien l'intervention du président de la République qui a conduit à l'enlisement de l'examen du projet de loi sur la criminalisation de la normalisation avec Israël. Depuis novembre 2023 – soit bientôt deux ans – la plénière de l'ARP est suspendue sur ce seul sujet. Et ce gel n'est pas dû à un malentendu technique ou à un débat juridique complexe, mais à une prise de position politique assumée… par Kaïs Saïed lui-même. Le 2 novembre 2023, en pleine séance plénière, Brahim Bouderbala déclarait avoir discuté de la proposition de loi avec le président de la République, lequel lui aurait fait savoir que ce texte menaçait la « sûreté de la Tunisie » et risquait de porter atteinte aux « intérêts extérieurs du pays ». Mieux encore, Kaïs Saïed aurait dénoncé une instrumentalisation électoraliste du sujet. Le tout, raconté par Bouderbala, devant témoins : les deux vice-présidents de l'ARP, Sawsen Mabrouk et Anouar Marzouki. « Ce qui m'importe, c'est l'intérêt suprême de l'Etat, celui du processus et celui de ce Parlement… Chacun doit assumer la responsabilité de la position qu'il a adoptée », avait-il conclu, en tentant de justifier la mise au placard du texte.
Depuis, silence radio. La plénière n'a jamais repris. Et les multiples appels lancés par des députés et des militants pour faire avancer ce projet de loi sont restés lettre morte. Preuve, s'il en fallait encore une, que l'indépendance revendiquée par Bouderbala s'arrête là où commence la volonté présidentielle.