Le ministère des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l'étranger a annoncé, samedi 23 août 2025, que la Tunisie prendra part à la réunion extraordinaire du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), prévue le 25 août à Jeddah, en Arabie saoudite. La délégation tunisienne sera conduite par le ministre Mohamed Ali Nafti, « sur instructions du président de la République », précise le communiqué. Cette réunion sera consacrée aux « évolutions dangereuses » dans la bande de Gaza, marquée par la poursuite de « l'agression sioniste barbare contre le peuple palestinien », indique le ministère. Les discussions devraient également porter sur la mise en place d'un plan d'action arabo-islamique conjoint pour faire face à la situation. En marge des travaux, M. Nafti doit s'entretenir avec plusieurs de ses homologues de pays islamiques. Ces rencontres bilatérales devraient permettre d'examiner les relations de coopération entre la Tunisie et ces pays, ainsi que les moyens de les développer. Les dossiers régionaux et internationaux d'intérêt commun seront également abordés.
La tenue de cette rencontre intervient dans un contexte dramatique. L'ONU a officiellement déclaré, vendredi 22 août 2025, la famine dans la bande de Gaza, une première dans l'histoire du Moyen-Orient. Selon les experts du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), plus de 500.000 personnes se trouvent déjà dans une situation jugée « catastrophique ». Ce n'est que la cinquième fois qu'une famine est déclarée par cet organisme onusien. Le responsable de la coordination humanitaire des Nations unies, Tom Fletcher, a dénoncé une « obstruction systématique » des autorités israéliennes : « C'est une famine que nous aurions pu éviter si on nous l'avait permis. Pourtant, la nourriture s'accumule aux frontières en raison de l'obstruction systématique d'Israël », a-t-il affirmé à Genève. De son côté, le haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, a rappelé qu'« affamer des gens à des fins militaires est un crime de guerre », tandis que le secrétaire général Antonio Guterres a averti : « Nous ne pouvons pas laisser cette situation perdurer en toute impunité ».
Cette crise humanitaire se déroule alors que l'armée israélienne intensifie son offensive sur la ville de Gaza. Le ministre de la Défense, Israël Katz, a ordonné, mercredi 20 août, le rappel de 60.000 réservistes pour soutenir l'opération visant à s'emparer de la ville, malgré les médiations en cours pour une trêve et la libération d'otages. Le cabinet de sécurité, présidé par Benjamin Netanyahu, a validé un plan prévoyant la prise de Gaza-ville et des camps voisins, ainsi que le contrôle sécuritaire de l'ensemble du territoire palestinien. En un peu plus de 22 mois de guerre, Israël s'est emparé d'environ 75% du territoire palestinien, multipliant frappes aériennes et opérations terrestres, alors que la population civile paie un tribut dévastateur : au moins 62.000 morts et des centaines de milliers de blessés.