Mohamed Salah Ayari, conseiller fiscal, enseignant universitaire et membre du Conseil national de la fiscalité, est revenu, lundi 8 septembre 2025, sur les hypothèses retenues pour la Loi de finances et le budget de l'Etat pour 2026, ainsi que sur certaines de ses propositions. Le fiscaliste a affirmé, au micro de Wassim Ben Larbi dans l'émission Expresso sur Express FM, que « les idées sont là, l'intention est là, mais la mise en pratique de la réforme fiscale demeure lente, alors qu'elle permettrait de limiter l'évasion fiscale, de réduire l'ampleur du secteur parallèle et de garantir une véritable équité sociale ». S'agissant des hypothèses, M. Ayari a indiqué que celle retenue pour la croissance en 2025 était de 3,2 %. Or, le pays n'a réalisé qu'un taux de 2,4 % au premier semestre, selon l'Institut national de la statistique (INS). Il s'est toutefois dit très optimiste, estimant que le taux prévu pourrait être atteint d'ici la fin de l'année grâce aux performances de l'agriculture et du tourisme. Il envisage, par ailleurs, un taux de croissance de 3,5 % pour 2026, avec pour objectif de retrouver les 5 % enregistrés avant la révolution.
En ce qui concerne les carburants, la prévision pour 2025 tablait sur un prix de 77,4 dollars le baril. Actuellement, ce prix oscille entre 65 et 69 dollars. Ainsi, l'Etat tunisien a bénéficié en 2025 d'un gain d'environ dix dollars par baril. Sachant qu'une variation d'un dollar représente un impact de 144 millions de dinars, cela équivaut à une économie d'environ 1,44 milliard de dinars pour le pays. Sur cette base, M. Ayari estime que l'on peut tabler sur un prix moyen de 70 dollars le baril pour 2026. Mohamed Salah Ayari a également précisé que l'hypothèse des années précédentes pour le taux de change du dinar par rapport au dollar était de 3,1 dinars pour un dollar. Or, le taux actuel est de 2,8 dinars. Chaque variation de dix millièmes représente un impact de 57 millions de dinars, soit environ un milliard de dinars d'économies. Il estime donc que l'on peut raisonnablement prévoir un taux de change de 3 dinars pour 2026.
Concernant ses propositions, le fiscaliste a énuméré les mesures suivantes : * Dégrèvement fiscal au titre des bénéfices ou revenus réinvestis ; * Création d'une taxe carbone, en regroupant les taxes environnementales sous une seule et en aidant les entreprises exportatrices à faire face à la taxe carbone européenne dès 2026 ; * Encouragement des investissements dans l'économie verte, avec un impôt sur les sociétés réduit à 10 % pour les entreprises du secteur ; * Incitations pour les constructions écologiques, via un dégrèvement fiscal sur les réinvestissements ; * Application d'une TVA de 7 % sur les biens immobiliers dont le prix est inférieur à 500 000 dinars ; * Remboursement à 100 % du crédit d'impôt ; * Accélération de la mise en place de caisses enregistreuses pour les cafés, salons de thé et restaurants (hors petits établissements) ; * Interconnexion des services de légalisation de signature des municipalités avec ceux de la fiscalité ; * Mise en place d'un certificat d'acquittement fiscal conditionnant l'accès à certains services publics, dans le but de lutter contre le marché parallèle.