Zenith Energy Ltd., société énergétique cotée à Londres et Oslo, a annoncé samedi 20 septembre 2025 une augmentation significative du montant des indemnités réclamées à la Tunisie dans le cadre de son arbitrage international. Le litige est examiné par le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (Cirdi), une instance dépendant du groupe de la Banque mondiale. Initialement fixé à 503 millions de dollars en octobre 2024, le montant revendiqué atteint désormais 572,65 millions de dollars, selon le communiqué publié par l'entreprise. Cette réévaluation résulte d'un nouvel examen confié au cabinet de conseil TWCOG LLP, spécialisé dans les litiges énergétiques, en collaboration avec la société canadienne Chapman Hydrogen and Petroleum Engineering Ltd. Selon ce même document, cette hausse reflète la prise en compte de « divers manquements et entraves supplémentaires » reprochés à l'Etat tunisien. Notons que TWCOG LLP a été fondé par Anthony Way, expert reconnu qui a participé à plus de soixante litiges internationaux dans le secteur pétrolier et gazier, dont de nombreux arbitrages CIRDI liés à des cas d'expropriation d'actifs. Chapman, basé à Calgary, compte plus d'un demi-siècle d'expérience dans l'évaluation des réserves pétrolières et gazières. Cette collaboration vise à renforcer la crédibilité technique de la demande d'indemnisation présentée par Zenith. Zenith, par l'intermédiaire de ses filiales basées au Royaume-Uni, accuse la Tunisie d'avoir manqué à ses obligations au titre du traité bilatéral d'investissement signé en 1989 avec le Royaume-Uni. Ce texte prévoit notamment la protection des investissements contre l'expropriation et garantit un traitement équitable aux investisseurs étrangers. C'est sur la base de ce traité que Zenith, via ses filiales britanniques Zenith Energy Africa Ltd, Zenith Overseas Assets Ltd et Compagnie du Désert Ltd., a saisi le Cirdi en juin 2023. Le tribunal arbitral a été constitué le 4 décembre 2023, avec comme présidente l'Italienne Loretta Malintoppi, aux côtés du Canadien Henri C. Álvarez (nommé par les demandeurs) et de Nassib G. Ziadé (Chili/Liban, nommé par la Tunisie). Après une série d'ordonnances procédurales portant notamment sur la production de documents et des mesures provisoires, Zenith a déposé sa réplique sur le fond et son contre-mémoire aux objections de la Tunisie le 19 septembre 2025. Les audiences finales sont programmées pour la seconde moitié du mois d'avril 2026 à Washington. Celles-ci seront cruciales pour déterminer si la Tunisie devra ou non indemniser la société. Pour conduire sa bataille judiciaire, Zenith a retenu les services du cabinet parisien Clay Arbitration, dirigé par le professeur Thomas Clay, expert reconnu du droit de l'arbitrage international, ainsi que ceux de Charles Russell Speechlys (CRS), Paris, représenté par Maître Simon Le Wita, spécialiste des litiges complexes impliquant plusieurs juridictions. Au-delà du montant, supérieur à 572 millions de dollars, ce contentieux représente un test pour la capacité de la Tunisie à défendre ses positions dans des litiges d'investissement internationaux. Le pays est déjà confronté à des difficultés économiques et financières, et une condamnation de cette ampleur aurait un impact notable sur son image auprès des investisseurs étrangers.