La Chambre syndicale nationale des pharmaciens grossistes-répartiteurs (CSPGR) a tiré la sonnette d'alarme face aux retards de paiement des honoraires dus aux pharmaciens propriétaires d'officines privées, rappelés dans une résolution du Syndicat national en date du 16 septembre 2025. Dans un communiqué publié jeudi 25 septembre 2025, la CSPGR a exprimé sa « profonde inquiétude » quant aux répercussions de cette situation, qui ne touchent pas uniquement les officines privées mais affectent directement les grossistes-répartiteurs. Ces derniers se disent étranglés par des pressions financières qui menacent leur capacité à honorer leurs engagements vis-à-vis de la Pharmacie centrale, des laboratoires et des industries pharmaceutiques. Avec des marges bénéficiaires déjà faibles, leur activité se retrouve exposée au risque de faillite. La CSPGR prévient qu'en l'absence de solutions rapides et structurelles, la continuité de l'approvisionnement du marché en médicaments pourrait être compromise, privant ainsi les citoyens de leur droit d'accès aux soins. Elle appelle les autorités publiques et l'ensemble des parties concernées à intervenir d'urgence pour régler ce dossier et insiste sur la nécessité de mettre en place des réformes structurelles globales garantissant la durabilité du secteur dans toutes ses composantes : officines privées, Pharmacie centrale et grossistes-répartiteurs. Elle avertit que tout retard supplémentaire dans le traitement de cette crise risquerait de provoquer « l'effondrement de l'ensemble du système de distribution du médicament », avec des conséquences directes sur la sécurité sanitaire nationale. Elle n'exclut pas que certains grossistes-répartiteurs soient contraints de suspendre l'approvisionnement des officines qui ne respectent pas leurs engagements financiers, ce qui aggraverait encore la situation. La CSPGR assure enfin qu'elle continuera à suivre de près l'évolution de ce dossier, en coordination avec les différentes structures pharmaceutiques, afin de protéger la profession et de garantir l'accès continu aux médicaments pour l'ensemble des citoyens.
Ce cri d'alarme intervient alors que le Syndicat des pharmaciens d'officine de Tunisie (SPOT) a annoncé, mardi, une décision inédite : la suspension du système du tiers payant avec la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) pour les maladies ordinaires, à partir du 1er octobre prochain. Les pharmaciens continueront néanmoins à délivrer les médicaments vitaux, afin de ne pas compromettre l'accès des patients aux traitements essentiels. Présentée comme une mesure « provisoire et exceptionnelle », cette décision s'inscrit dans un contexte de crise financière et structurelle qui frappe de plein fouet les officines, en particulier dans les régions de l'intérieur. Selon le SPOT, le retard chronique de la Cnam dans le règlement de ses engagements met en péril la survie de nombreuses pharmacies, dont certaines ont déjà suspendu individuellement leur collaboration avec le système de couverture sociale. « De nombreuses pharmacies ont déjà sombré, et même un règlement intégral des dettes de la Cnam ne suffira pas à les sauver », avertit le syndicat, qui rappelle que la majorité des professionnels a dû contracter des crédits bancaires « à des taux usuraires », tout en s'endettant vis-à-vis du fisc et de la sécurité sociale, avec à la clé de lourdes pénalités. Le SPOT insiste sur le fait que la crise dépasse désormais le cadre professionnel pour devenir un véritable enjeu de santé publique. « Le silence ou l'inaction nous exposerait à une vague croissante de suspensions individuelles », met-il en garde, appelant à une mobilisation générale de la profession. Une assemblée générale extraordinaire est prévue le 25 octobre prochain pour décider des orientations futures et d'éventuelles mesures plus radicales. Le syndicat exige la mise en place d'un « programme de réformes globales », sous la supervision directe de la présidence du gouvernement, avec l'implication des ministères concernés et un rôle accru du ministère de la Santé. Le communiqué critique également les tentatives de la Cnam de « calmer la grogne par le versement d'acomptes partiels », une pratique jugée inefficace car elle ne ferait que repousser l'échéance de la crise. « Les pharmaciens ne peuvent plus continuer à assumer seuls le poids du système de distribution du médicament », conclut le SPOT, appelant à rebâtir une relation de partenariat fondée sur la confiance, la transparence et des garanties concrètes pour assurer la pérennité du secteur.