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Menaces sur des intellectuels tunisiens
Publié dans Business News le 25 - 05 - 2009

On peut tout reprocher à la Tunisie sauf le fait de persécuter la pensée libre et d'imposer, comme vérité d'Etat, des opinions ou des dogmes religieux. Et pourtant depuis quelques années et avec une accélération ces dernières semaines, une campagne de dénigrement et d'appel au meurtre est lancée, surtout via la Toile et quelques journaux arabes, contre des intellectuels tunisiens pour “crime” de “lèse-religion”. La dernière en date est une liste noire de vingt-trois intellectuels tunisiens accusés d'hérésie (“zandaqa”). Le texte, de quelques lignes, appelle explicitement à la liquidation physique de ces “hérétiques” qui combattent Dieu, son Prophète et les gens pieux.
Faut-il accorder de l'importance à ce torchon numérique ? La sagesse voudrait que non , mais le principe de précaution nous ordonne de prendre cette menace au sérieux, d'autant plus qu'on est loin de l'acte isolé et que les antécédents , certes moins dangereux, nous incitent à plus de prudence.
Si l'on excepte quelques pages sombres de l'extermination des derniers Ismaéliens (Fatimides) en Tunisie au XIème siècle, la Tunisie a été toujours une terre de tolérance en matière religieuse. Notre pays a refusé l'extrémiste wahhabite au début du XVIIIème siècle (voir l'excellent ouvrage, richement documenté, de Hamadi Redissi et Asma Maala, “De la réfutation du Wahhabisme” (en langue arabe).
Le pays a ouvert ses bras au chantre du réformisme musulman au début du XXème siècle, Mohamed Abdoh. Même Tahar Haddad, pourtant rejeté par l'institution religieuse, n'a pas fait l'objet d'une véritable inquisition et n'a pas été inquiété, outre mesure, ni dans sa liberté, ni dans son intégrité physique.
Plusieurs facteurs ont fait que notre pays soit le réceptacle, dans les milieux académiques et intellectuels, d'une pensée critique qui s'est développée dans les études islamiques.
Il y a là une véritable Ecole tunisienne qui compte à l'heure actuelle plusieurs dizaines (on peut même dire quelques centaines) d'essayistes et de chercheurs. Notre pays peut s'enorgueillir de compter parmi ses élites des sommités mondiales et arabes dans les études islamiques tels que Hichem Djaït, Abdelwaheb Bouhdiba, Mohamed Talbi (quoi que l'on pense de ses deux dernies ouvrages). On peut citer plus d'une trentaine de noms dont les ouvrages et recherches représentent une véritable avancée dans les études islamiques. Et si le monde de l'édition était plus soutenu en Tunisie, le nombre des ouvrages de référence serait encore plus imposant. Mondialisation oblige, les milieux intégristes et fondamentalistes en Tunisie et dans le Monde arabe ont réagi violemment à cette production intellectuelle, souvent en se basant seulement sur des racontars et des oui-dire comme ce journal du Golfe qui impute à l'intellectuelle et essayiste tunisienne Olfa Youssef des propos, qu'elle n'a jamais tenus, sur le Prophète et ses épouses, allant jusqu'à la comparer à un Salman Rushdie.
On ne compte plus les attaques et les diatribes, souvent très basses, qui vilipendent, sur le Web, les intellectuelles tunisiennes à l'instar d'Olfa Youssef (dont le dernier livre Hayratou Muslima (Les inquiétudes d'une musulmane) est à sa cinquième édition (ce qui est un record absolu en Tunisie pour un essai), Amel Grami, Raja Ben Slama, Neïla Sellimi, Saloua Charfi et d'autres. Seulement la black-liste des 23 a une spécificité : elle ne touche que les professeurs Abdelmajid Charfi et les universitaires supposés être ses disciples. Il s'agit de Moncef Abdeljelil, Neïla Sellini, Raja Ben Slama, Wahid Essaafi, Nader Hammami, Mohamed Chakroun, Zahia Jouirou, Abdelbacet Gammoudi, Hela Ouertani, Bassam Jmel, Mongi Lassoued, Sihem Missaoui, Abdellah Khleïfi, Amel Grami, Néjia Ourimi Bouagila, Mohamed Bouhlel, Abderrahim Bouhaha, Belkis Rézigui, Mohamed Bettaïeb, Mohamed Hamza, Jihène Ameur, Touhami Abdouli et bien sûr Abdelmajid Charfi. Il est à remarquer que si quelques-uns de cette liste sont des auteurs confirmés, d'autres sont au tout début de leur carrière académique. Leur seul “crime” est d'avoir été encadrés, ou supposés l'être comme dans le cas de Raja Ben Slama, par le professeur Charfi. Cela touche en clair les modules d'islamologie dans les différents départements d'arabe des Universités tunisiennes. Il est à craindre que cette liste ne s'allonge quand ses macabres auteurs s'intéresseront à d'autres disciplines académiques.
Que faut-il faire pour éviter dans notre pays l'irréparable ?
Premièrement que les forces de police et les autorités judiciaires ne prennent pas à la légère cet appel au meurtre, ce texte dit clairement qu'assassiner ces “hérétiques” est un acte pieux.
Deuxièmement qu'on reconnaisse, enfin, dans notre pays le mérite des gens qui travaillent non pas en les honorant et en les surprotégeant mais en leur offrant les moyens de communiquer avec le reste des citoyens. Est-il normal qu'un pays qui regorge d'autant de talents voie ses médias de masse, et surtout la télévision, bouder des Abdelmajid Charfi, Yadh Ben Achour, Sadok Belaïd, Neïla Sellini, Youssef Seddik, Hamadi Rédissi, Abou Yareb Marzouki, Slim Laghmani, Fethi Ben Slama et la liste est encore longue !
Un pays qui a investi dans les ressources humaines et l'économie du savoir ne peut pas marginaliser, même par inadvertance, autant de matière grise. Cela, malheureusement, ne protégera pas ces personnes contre la folie fanatique, mais cela immunisera certainement notre jeunesse contre l'obscurantisme et les fléaux de l'ignorance. Il n'est nullement besoin, pour cela, d'instituer une immunité intellectuelle pour la pensée libre. Une pensée critique doit pouvoir être critiquée. Seulement ce débat, combien salutaire pour notre pays, doit se faire dans le respect des personnes et de la liberté intellectuelle de chacun.
Le fanatisme et l'ignorance ne se nourrissent que de l'ignorance. Encadrer ce débat, voilà une belle mission pour les grands médias tunisiens
Le temps est grave. Il ne faut plus perdre de temps.
Quant à nous à Réalités nous assumerons pleinement nos responsabilités dans la lutte contre ce nihilisme destructeur assoiffé de sang et ennemi de la liberté.
Zyed Krichen est le directeur de la rédaction du magazine tunisien Réalités dont est tirée cette tribune publiée dans le numéro 1221


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