La téléphonie mobile évolue très rapidement. Son usage est devenu indispensable. Avec plus de 8 millions d'abonnés, la mise en place des antennes relais n'arrêtent pas de susciter des interrogations et la crainte des citoyens. Cette technologie peut-elle avoir des effets négatifs sur la santé du consommateur ? Qu'en pensent les spécialistes ? Il n'empêche que le clivage persiste déjà entre les experts, les scientifiques et les hommes des médias quant à la confirmation ou non d'une telle appréhension. Cette contradiction puise dans le réservoir de ce maillage de mots techniques utilisés par les experts avec un champ argumentaire généralement confus et qui semblent loin d'être concluants. Pour arranger cette confusion, l'Agence nationale de contrôle sanitaire et environnemental des produits (ANCSEP) a organisé, sous le patronage du ministère de la Santé publique, un séminaire d'information sur " la téléphonie mobile et la santé ", tenu mardi 14 juillet 2009, au technopole d'El Ghazala. Aux vues des dires des différents conférenciers, on s'aperçoit que les conclusions sur d'éventuels risques sanitaires sont toujours loin d'être tirées. Salahddine Dridi, enseignant-chercheur en journalisme et communication à l'Institut de presse et des sciences de l'information (IPSI), Université de la Manouba et directeur général de l'Information, a précisé qu'il est inconcevable que les experts et les scientifiques n'arrivent pas à formuler, en termes clairs et concis, cette relation entre la téléphonie mobile et les risques sur la santé. La révision du champ argumentaire, de la part des différentes parties intervenantes, est plus que nécessaire. Il a fait remarquer qu'il y a eu un glissement dans le discours médiatique. Les médias ne parlent plus de risques certains, mais plutôt de risques éventuels. Les experts, quant à eux, n'arrivent pas à confirmer ou infirmer l'existence de tels risques. La confusion est totale. Il est dès lors indispensable de sensibiliser les différents publics. La mise en place d'une stratégie de communication efficace doit passer impérativement par la réhabilitation du discours scientifique vers une vulgarisation de cette technologie. Le journaliste et le communicateur sont appelés à s'ouvrir sur les nouveautés dans le secteur et à actualiser leurs connaissances. C'est de cette façon que la sensibilisation réalisera son effet sur les publics ciblés. « Il faut éviter la réponse normande : peut être bien que oui, peut être bien que non. Il convient d'éviter l'ambigüité. Avec un usage massif de la téléphonie mobile, il y a certainement des risques même s'ils sont minimes. Experts et hommes de médias, nous devons accorder nos violons pour formuler une réponse tunisienne », a ajouté M. Dridi. Les champs électromagnétiques (CEM) dans la gamme des fréquences non ionisantes (0 à300 GHz) sont de plus en plus présents dans notre cadre de vie. Les niveaux d'exposition continuent d'augmenter globalement par la diffusion de nouvelles technologies. Telle est la téléphonie mobile. De ce fait, les CEM suscitent toujours plus d'inquiétude au niveau sanitaire et alimentent les spéculations. Zied Gzara, ingénieur principal en télécommunications à l'ANF et son collègue Karim Chaouachi, s'accordent sur le fait que l'exposition aux ondes émises par la téléphonie mobiles, étant de courte fréquence, n'induisent aucun effet sur la santé humaine. Tahar ben Said, directeur de l'optimisation de la qualité des réseaux (Tunisie Télécom) et Adel Akrout, directeur de l'ingénierie réseau (Tunisiana), précisent que les antennes-relais bénéficient d'une étude préétablie avant leur installation. Il y a des standards internationaux que les deux opérateurs de téléphonie mobile en Tunisie s'efforcent à respecter. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a fixé, en 1998, des normes limitant les émissions de champs électromagnétiques. Pour la téléphonie mobile, ce seuil d'exposition sanitaire se situe entre 41 et 61 volts par mètre. Elle mène depuis 1996 un grand projet appelé INERPHONE. Ce projet se propose d'évaluer les effets sanitaires et environnementaux dans le domaine de fréquence 0 à300 GHz. il se préoccupe essentiellement du terminal et non des antennes relais. Mais jusqu'à ce jour aucune synthèse n'est proposée par l'OMS sur les résultats globaux de ce projet. Actuellement, les effets sur la santé des fréquences émises par les téléphones portables ne sont pas clairement établis et souvent contradictoires Leurs incidences sur la santé de l'homme ne sont pas suffisamment bien comprises pour justifier une limitation de l'exposition aux champs RF de faible intensité. Si une majorité d'organismes officiels et d'experts exonèrent les antennes-relais de tout danger, ils sont beaucoup plus divisés sur les effets des portables. On parle en particulier d'effets possibles sur le cerveau des consommateurs exposés au téléphone mobile pendant une durée prolongée. L'incertitude scientifique persiste donc sur le sujet. Cela n'exclut pas de prendre des mesures de précaution en attendant d'en savoir plus. Cependant, cela ne peut pas servir non plus à étayer la thèse de la nocivité des ondes émises par les téléphones portables. Comme l'a souligné M. Dridi, il convient de mener des actions d'information et de sensibilisation sur l'utilisation des téléphones portables par le biais d'une stratégie de communication bien établie.