Les Sfaxiens attendent encore l'autorisation de nager à la plage de Taparura, dont la première phase des travaux a été clôturée le 12 mai 2009. Ils attendent aussi le grand projet touristique, prévu à la plage de Chaffar depuis quelques années et qui n'a pas encore vu le jour. L'été, la chaleur et la condamnation des plages de la capitale du Sud rappellent une vérité qui saute aux yeux dans le sens où ces projets ne sont pas encore opérationnels. Et dire que celui de la plage de Chaffar n'a même pas été entamé. Etat des lieux Pourtant, les médias avaient annoncé le lancement d'un grand projet touristique avec l'aménagement de 84 hectares et des unités touristiques d'une capacité d'accueil de 2000 lits. Des centres de loisirs, cafés, restaurants, parkings et hôtels de plusieurs catégories ont été programmés pour une enveloppe de 30 millions de dinars en vue de développer le tourisme familial dans ces zones qui manquent perceptiblement d'infrastructures touristiques. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les autorités locales ne parlent plus de ce projet. Certaines sources affirment qu'une partie des 84 hectares « aurait même été affectée à des particuliers ». L'administration est appelée à donner des précisions pour éviter les spéculations concernant ce projet. Par ailleurs, la plage de Chaffar a fini par subir les aléas des années d'exploitation intensive sans un intérêt soutenu aux volets environnementaux et préventifs. Elle a graduellement perdu son lustre d'antan. La pollution s'y est multipliée et les plages ont été privées de leur aspect fin. Pour ce qui est de Taparura, les travaux de dépollution et d'aménagement des plages ont été officiellement achevés depuis le 12 mai 2009, ce qui devrait permettre aux habitants de la région de se réconcilier avec leur environnement et de profiter, trente ans après, de la mer qui a souffert de la pollution industrielle. Mais, la fin des travaux n'a pas empêché les autorités municipales de continuer à interdire la baignade dans ce site, sous prétexte qu'elles n'avaient pas encore obtenu l'aval des autorités sanitaires compétentes. Ces dernières sont certes officiellement silencieuses sur la question, il n'en demeure pas moins que, dans les coulisses, elles auraient affirmé n'avoir jamais été sollicitées sur la question. Lequel flou ouvre la voie à toutes les surenchères sur les raisons de cette interdiction. Plusieurs voix se sont élevées pour supposer qu'il y aurait « des problèmes techniques au niveau du remblai hydraulique, empêchant l'accès des citoyens à la mer ». La même analyse sous-entend que les fonds marins, nouvellement, aménagés présenteraient « certains risques », et estime que « des travaux complémentaires seraient nécessaires dans certaines zones afin de les rendre utilisables ». Face à cette situation, des précisions devraient être apportées surtout que le projet a déjà mobilisé 140 millions de dinars. Les autorités avaient même envisagé de dénicher les investisseurs étrangers à même de conduire ce mégaprojet, appelé à révolutionner le paysage urbain à Sfax. Mais, dans l'état actuel des choses, l'avenir du projet semble, plutôt incertain, à court terme du moins, eu égard surtout à la situation précaire du marché des capitaux à l'échelle internationale. Au-delà de cette situation objective, le problème de la transparence interpelle tous les intervenants aux projets de Chaffar et de Taparura et des questions logiques et urgentes s'imposent. Comment se fait-il qu'aucune précision n'a été apportée concernant l'avenir du projet d'aménagement de la plage de Chaffar ainsi que sur l'état d'avancement du projet de Taparura qui a déjà « englouti » 140 millions de dinars, sans qu'il y ait de changement palpable dans la relation des Sfaxiens avec leur mer. La réconciliation souhaitée après plus de 30 ans de rupture, n'a pas encore eu lieu. Tous les intervenants ne demandent qu'à voir plus clair sur cette question. L'importance de la question dépasse d'ailleurs le cadre des projets de Chaffar et de Taparura, pour toucher au mode de gestion des grands projets. Les experts sont unanimes sur les évaluations impératives après chaque phase pour faire le bilan, d'une part, et tracer le programme de la phase suivante, de l'autre. Les autorités en charge de ces deux projets sont donc appelées à établir les évaluations respectives et à communiquer les résultats pour informer tous les intéressés, éventuels promoteurs compris. Toute politique autre que la transparence ne sert plus à rien et compromettrait à jamais les deux projets. Se dirige t-on vers un scandale nommé Taparura et Chaffar ? Une hypothèse que certains n'hésitent pas à émettre. D'où la nécessité et l'urgence de faire toute la lumière sur les raisons d'un retard qui s'éternise Entre-temps, les Sfaxiens devront encore attendre leur marina Mounir Ben Mahmoud