La tâche n'est pas facile pour Khaled Aouij et ses poulains, organisateurs des Pros d'or, qui ambitionnent de devenir la grand-messe récompensant les meilleures créations publicitaires de l'année. Elle est tellement rude et tout le monde en est conscient au point que Khaled Aouij fut longuement applaudi (debout même par beaucoup de présents) par les centaines d'invités à la cérémonie 2010 (voir notre article à ce sujet) organisée mercredi 15 décembre au Regency de Gammarth. Et c'est parce que la tâche est rude et que l'écrasante majorité des personnes présentes tient à la pérennité de la manifestation que celle ci a fait l'objet de plusieurs critiques durant la soirée. Comme toute manifestation du genre, quand il s'agit de prix, cela crée des animosités chez les uns et les autres. Parmi ceux qui n'ont pas vu leurs créations primées (les plus nombreux), parmi ceux qui n'ont pas été conviés, parmi ceux qui ont été conviés mais qui ont été traités moins bien que leurs concurrents etc. Comme toute manifestation du genre, quand il s'agit de prix, il s'agit d'un concours entre concurrents. En dépit des amabilités affichées, qui sont bien sûr parfois sincères, chaque agence de pub et chaque annonceur veut et tient à faire mieux que son concurrent. Et comme toute manifestation du genre, quand il s'agit de prix, les mécontents sont plus nombreux (on les taxe souvent de mauvais perdants) et s'en prennent deux fois sur trois aux membres du jury. Sans entrer dans les considérations techniques ayant motivé les 21 membres du jury pour préférer tel spot (ou visuel) à tel autre, Khaled Aouij n'a pas fait le meilleur casting en la matière. D'où l'objet des nombreuses critiques émises, même parfois par les vainqueurs. Il tend aisément la perche aux critiques (voire aux détracteurs) quand on voit les résultats des délibérations : plusieurs des spots vainqueurs ont été créés ou appartiennent à des membres du jury. Juge et partie ? La conclusion est toute faite. D'autant plus que la majorité des prix a été raflée par les plus grands. Les « petites » agences, malgré leurs grande créativité, n'ont pas réussi à obtenir grand-chose. Interrogé par Business News, Hechmi Ammar président du jury rejette la critique et indique que le casting ne pouvait pas se faire autrement. Il fallait des professionnels du secteur pour juger les créations. Selon lui, seul le quart du jury est composé d'agences. Vérification faite, sur les 21 membres de ce jury, 15 appartiennent à des agences ou de gros annonceurs. Il aurait fallu plus de neutralité avec la présence de journalistes et d'enseignants universitaires spécialisés. M. Ammar indique qu'il y a quatre représentants de médias, à savoir Webmanagercenter-Tekiano, Express FM, Mosaïque FM et Nessma TV. L'argument massue de la crédibilité de ce jury réside cependant dans cette explication donnée par Hechmi Ammar : « chaque fois qu'une création passe, l'agence ou l'annonceur qui a un intérêt quelconque avec la créa en question, s'abstient de voter » . Du coup, les résultats deviennent incontestables. Seulement voilà, le doute persistera chez ceux qui n'ont pas reçu cette explication et, quand ils voient les résultats et regardent les membres du jury, ils ne peuvent s'empêcher de dire : « c'est évident, il s'agit d'une distribution de prix entre amis », ou encore « Il n'y a que les grands qui ont été servis. Et bien servis ! ». D'autant plus que, parmi les perdants, chacun estime mériter une distinction, quelle qu'elle soit, avant de conclure (hâtivement) que si celle-ci ne lui a pas été attribuée, c'est parce que son concurrent, membre du jury, lui a mis des bâtons dans les roues. Dès lors, une question s'impose : « comment faire pour que n'existe plus ce climat de suspicion » ? La manifestation a d'abord le mérite d'exister, commentera Karim Ben Amor qui s'est chargé de l'animation de la soirée. C'est une évidence. Mais il faudrait, selon lui, réduire le nombre de prix et le nombre de rubriques en compétition. Car « c'est comme si l'on cherchait à satisfaire tout le monde » . En somme, pour qu'elle existe, et parce qu'il y va de l'intérêt de toutes les parties que la manifestation continue à exister, il est impératif que l'équipe de Aouij planche dès aujourd'hui sur l'édition de 2011 en excluant du jury les annonceurs et les agences pour n'en sélectionner qu'un seul qui sera désigné par le SAPA (syndicat professionnel des agences de publicité). Le reste des membres pourra être constitué par des représentants de différents médias (TV, radio, presse… et de préférence des journalistes plutôt que des patrons), d'enseignants spécialisés dans le marketing et dans la création artistique, d'artistes (du cinéma, des arts plastiques), de comédiens chevronnés de la télé, des représentants des consommateurs (ODC, ministère du Commerce). Il y va de la pérennité des Pros d'Or. Il y va de l'intérêt même des agences et des annonceurs qui pourront crier haut et fort, sans que personne ne puisse contester quoi que ce soit, que leur création a gagné les Pros d'Or. Voici la liste des membres du jury et le nombre de prix reçu par chacun d'eux : - Hechmi AMMAR (IMG Group)- pas de prix - Cyrine CHERIF (MEMAC OGILVY LABEL)- 18 prix - Afifa CHIHAOUI (MCN TUNISIE)- 5 prix - Hayet RAIS (MINDSHARE) – pas de prix - Moez KHADDOUMA (MMC DDB)- 1 prix - Ahmed ZOGHLAMI (KAROUI & KAROUI) – 4 prix - Imed KRIMI (GREY TUNISIE) – 1 prix - Georges YAMMINE (JWT TUNISIE) – 6 prix - Myriam EL GARCI ALLOUCHE (GARCICOM) – pas de prix - Najla CHAAR (TUNISIANA) – 4 prix - Jean-François ARNAUD (ORANGE TUNISIE) – 4 prix - Salma LARNAOUT (TUNISIE TELECOM) – 4 prix - Ramzi FARHAT (MOSAIQUE FM) - Mehdi FRINI (TOPNET)- 2 prix - Tarek M'RAD (EXPRESS FM)- pas de prix - Youssef Ennasri (MIP)- pas de prix - Elyes GHARBI (NESSMA TV)- pas de prix - Iheb BEJI (MEDIANET)- 2 prix - Mohamed TORDJMAN (PRODATA) – pas de prix - Haythem DERBEL (HAVAS TUNISIE) – 2 prix - Zied Dahmane (PANORAMA Y & R) – 2 prix N.B.