Le président déchu, Zine El Abidine Ben Ali, avait donné des ordres, lors des mouvements de protestation ayant précédé la révolution, de bombarder la cité Ezzouhour, dans la ville de Kasserine, a annoncé le président de la Commission nationale d'investigation sur les violations et les abus commis au cours des derniers événements, M. Taoufik Bouderbala. Il a souligné que "l'intention était claire de faire plier la région et de mettre à genoux ses habitants, et que l'action était collective, pour des meurtres avec préméditation". Lors d'une conférence de presse, tenue mardi, à Tunis, M. Bouderbala a indiqué que la commission s'est employéé, principalement, au cours des derniers jours, à effectuer des visites dans les gouvernorats de Sidi Bouzid et de Kasserine, au cours desquelles elle a reçu 979 dossiers concernant les événements ayant précédé la révolution. 106 parmi ces dossiers concernent les martyrs, 672 les blessés et 201 dossiers ayant trait aux biens endommagés lors des événements. M. Bouderbala a, d'autre part, expliqué que le travail de la commission rencontre quelques difficultés relatives à l'identification des agents de sécurité impliqués, d'autant plus qu'ils portaient des noms de guerre. Evoquant le nombre des martyrs, dans les gouvernorats de Sidi Bouzid et Kasserine, il a précisé, selon le décompte établi, qu'il y a eu cinq martyrs à Sidi Bouzid ville, un à Menzel Bouzayane, un à Meknassi et six à Regueb, alors que 23 martyrs sont tombés à Kasserine ville, six à Thala, un à Fériana, un à Majel Belabbès et deux à Foussana. Le président de la Commission nationale d'investigation sur les violations et les abus a, d'autre part, indiqué que la commission a enregistré quatre cas de viol de jeunes hommes par des agents de sécurité, au cours des troubles. Il a ajouté, à ce propos, que l'absence d'information sur des viols de femmes ne signifie pas que cela n'avait pas eu lieu, surtout avec les provocations répétées des forces de sécurité envers les manifestants, au cours de cette période. Il a, en outre, indiqué que la commission a effectué des visites au ministère de la Défense nationale et aux tribunaux militaires des régions de Sidi Bouzid et de Kasserine, ainsi qu'au ministère de l'Intérieur. Les membres de la commission ont pris connaissance des noms des unités sécuritaires impliquées dans ces troubles, insistant sur l'établissement de l'enchaînement légal, pour adresser des accusations aux suspects. Le président de la Commission a exhorté le gouvernement provisoire à oeuvrer davantage dans ce sens, en accélérant l'arrestation des coupables et le jugement des personnes impliquées. Il a affirmé que l'enquête va se poursuivre dans toutes les régions de la République et que la commission se rendra, au cours de la prochaine quinzaine, dans les gouvernorats de Monastir et Tozeur. Sur un autre plan, M. Bouderbala a appelé les composantes de la société civile à venir en aide aux familles des victimes des événements de la Révolution, dans le contexte de la situation sociale difficile vécue par certaines familles.