Naoufel Ouertani a invité jeudi 5 mai 2011 sur les ondes de Shems FM l'homme politique Kamel Letaïef accusé quelques heures plus tôt par l'ancien ministre de l'Intérieur, Farhat Rajhi, d'être un homme de l'ombre qui tire toutes les ficelles de la scène politique tunisienne post 14-Janvier. « D'après ce que j'ai entendu dire par Farhat Rajhi, il m'est clair que ce bonhomme est totalement inconscient et ne semble pas dans son état normal. Je m'interroge même comment il a pu être nommé ministre de l'Intérieur », déclare Kamel Letaïef. Il dément catégoriquement les propos de M. Rajhi et affirme qu'il ne l'a jamais rencontré, qu'il ne l'a jamais connu, qu'il ne l'a jamais appelé au téléphone ou pris contact avec lui. Remettant en question ses actions durant la période où il a occupé le poste de ministre de l'Intérieur, Kamel Letaïef déclare : « Qu'a-t-il fait à l'Intérieur ? Licencier 43 hauts cadres et garder à leur poste ceux qui sont impliqués dans des magouilles et dans des actes de torture ? Quel niveau lamentable ! » En réponse à l'accusation de Farhat Rajhi que M. Letaïef est un homme de l'ombre en train de tirer les ficelles dans les coulisses, ce dernier a répondu : « je suis un patriote en train de servir son pays. Depuis les années 80, je fais de la politique. Farhat Rajhi vient à peine de débarquer sur la scène politique et le voilà qu'il accuse l'Armée tunisienne ! Notre armée est patriote. Le Général Ammar est patriote ! Il n'a pas droit de l'accuser ainsi sans aucun fondement ! C'est honteux, honteux ! », s'est indigné Kamel Letaïef. Naoufel Ouertani lui rappelle cependant que Farhat Rajhi est quelqu'un de crédible, notamment auprès des jeunes sur Facebook. Ce à quoi Kamel Letaïef a répondu : « Nul ne doit croire Farhat Rajhi car ses propos ne sont pas responsables et ne peuvent pas émaner d'un responsable qui a occupé une fonction si élevée. » L'animateur le relance : « Avez-vous été consulté par les premiers ministres ? Avez-vous décidé la nomination de quelques ministres ? » Kamel Letaïef zappe la question et déclare qu'il n'a fait que donner son avis en toute sincérité avant de rappeler qu'il a lutté contre Ben Ali et contre les Trabelsi, qu'il a vu sa maison incendiée et qu'il a fait de la prison. « Où était Farhat Rajhi lorsqu'on s'opposait à Ben Ali ? Moi, j'ai fait la prison, ma maison a été incendiée ! Je ne vais ni aux cafés, ni aux bars. Oui, je fais de la politique et personne n'a le droit de me contester cela. Je suis l'ami de tout le monde. » Concernant l'accusation régionaliste de M. Rajhi que les Sahéliens ne veulent pas quitter le pouvoir, Kamel Letaïef a répondu : « honteux ! J'ai des amis de Tunis, de Sfax, du Sud, du Nord. Comment peut-il dire cela alors que Béji Caïed Essebsi est Tunisois » avant de rappeler que tout ce qu'a dit Farhat Rajhi tombe sous le coup de la loi. « Il est inconscient ! », s'étrangle-t-il. Naoufel Ouertani lui pose alors la question si Farhat Rajhi était saoul en disant cela. Mais M. Letaïef rejette l'accusation en s'arrêtant sur l'inconscience. « Il y a quelque chose qui se trame dans les coulisses du gouvernement, notamment à propos de l'article 15 et l'exclusion des RCDistes », interroge le journaliste. Kamel Letaïef répond que c'est l'intérêt du pays et la volonté des citoyens qui doit primer sur toutes les décisions et toutes les déclarations. Cliquer ici pour écouter l'interview