Lors de la conférence de presse, tenue le lundi 27 juin 2011, Rached Ghannouchi, leader du parti d'Ennahdha, s'est exprimé concernant le retrait du mouvement de la Haute Instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique. Il a déclaré que les membres nahdhaouis se sont retirés, la première fois de l'Instance, en signe de protestation contre le report des élections, préalablement prévues pour le 24 juillet. Ensuite, Ennahdha a regagné sa place à cette Instance suite au consensus sur la date du 23 octobre. Le leader Nahdhaoui a déclaré, par ailleurs, que ce deuxième retrait serait définitif, car «l'Instance nous a réservés une nouvelle surprise, en présentant son nouvel agenda, réformant certains codes tels que celui de la presse, des avocats et des partis politiques. L'instance est en train d'usurper le statut de commission parlementaire et de piétiner sur les attributions de la future Constituante». M. Ghannouchi a accusé l'Instance, également, de négliger l'essentiel de ses tâches, en l'occurrence celles ayant trait aux préparatifs des élections. L'Instance, disait-il, a dévié de son chemin, ce qui risque une nouvelle fois de causer du retard dans les procédures et formalités liées aux élections et pourraient même mettre en cause, à nouveau, la date du 23 octobre. Rached Ghannouchi n'a pas omis d'accuser l'Instance de dénigrer certains de ses membres. Or cette Instance, d'après lui, n'a aucune assise populaire et ne dispose que d'une « légitimité précaire et provisoire » puisqu'elle n'a pas été mandatée par le peuple. Le mouvement Ennahdha, d'après son leader, ne s'est pas contenté de faire des concessions, mais a consenti des sacrifices énormes en intégrant cette Instance, malgré les discordances qui y existent. Accusé par un des journalistes de vouloir se dérober à la tâche de la désignation des membres de la liste des RCDistes exclus des élections du 23 octobre, il a rétorqué que « Ennahdha est la plus grande victime du RCD, donc elle n'éprouve aucune sympathie envers les résidus de l'ancien régime ». A la question concernant la position du parti par rapport au financement des partis, Noureddine Bhiri a répondu que les accusations à l'encontre du parti ne sont pas fondées. A ce sujet, il a appelé à plus d'impartialité et de justice quant à la manière de traiter avec les différents partis. Il a ajouté à ce propos qu'Ennahdha est victime d'accusations non fondées et même d'acharnement. A titre d'exemple, il a cité les allégations faites par certains faisant attribuer à Rached Ghannouchi des prétentions de « prophétie », une accusation gravissime, à laquelle Ennahdha a préféré ne pas riposter, avait-il précisé. Quant aux actes de violence perpétrés, dimanche dans une salle de cinéma par des « salafistes », avant la projection du film intitulé « Ni Dieu, ni maître » réalisé par Nadia El Fani, Rached Ghannouchi s'est déclaré indigné et a condamné l'usage de la violence, sans oublier d'ajouter qu'Ennahdha dénonce aussi toute attaque contre l'Islam et que ce genre de film représente «une agression» et « une insulte » envers les croyances sacrées. Dorra Meziou