L'heure fatidique s'annonce. La dernière votante sort. L'école primaire El Fath en plein centre de Tunis ferme ses portes. Plus personne ne pourra plus ni sortir ni entrer à l'exception des journalistes. Des soldats veillent à l'intérieur de l'enceinte. On entre à la première salle. On retrouve les 4 membres du bureau de vote et deux observateurs : l'un de la Ligue tunisienne pour la citoyenneté, l'autre de la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH). On annonce officiellement la fin du vote. Les membres du bureau procèdent à la vérification des scellés. On compte les bulletins non-utilisés et ceux qui ont été jetés. On compte le nombre de votants. Une belle moyenne sur les 359 enregistrés dans cette salle, 311 sont venus accomplir leur devoir. Ici, on avait commencé 20 minutes plus tard et on n'a pas eu le temps de compter le nombre de papiers vides amenés. Les observateurs demandent des explications pour cette négligence qui ne les satisfont pas. Résignés, ils continuent à suivre la procédure. Les membre remplissent le PV et le signent. Les observateurs ne signent pas. Seuls les représentants de partis sont habilités à le faire. On quitte cette salle pour la suivante. On retrouve 4 membres de bureau et 4 observateurs : deux représentants du parti Ennahdha et d'Ettakatol et deux représentants de la société civile (l'un de l'Association développement sans frontières (ADSF), l'autre de l'Association tunisienne pour l'intégrité et la démocratie des élections (ATIDE)). Ils discutent énergétiquement. Ils ne sont pas d'accord sur la technique de comptabilisation des votes sur papier. Chacun propose une idée mais finissent par se rallier aux instructions du chef de bureau. La théorie c'est une chose et la pratique en est une autre ! A la 3ème salle, on est encore en train d'établir le PV. Ici aussi, il y a quatre observateurs : l'un de l'UPL, les autres de la société civile (Chahed, ATIDE et ADSF). C'est assez calme pour le moment. On quitte les lieux en direction de l'Ecole préparatoire de la Rue de Lénine. Pour la première fois depuis ce matin, on retrouve des observateurs internationaux dans la salle. Les deux sont du Centre Kawakeb pour la transition démocratique (une Tunisienne et un Egyptien). En outre, on retrouve le représentant du parti Ennahdha. Heure cruciale ! L'ouverture de l'urne. On a l'impression que le temps s'arrête. Tout le monde est un peu tendu. Click et c'est fait ! L'urne est ouverte avant d'être vidée sur une table. Nous passons à la salle suivante, et pour changer, on retrouve des représentants du parti Afek Tounes ainsi que de l'UPL. Ici, ils ont déjà commencé le décompte. Plus rien n'existe que les bulletins de votes qui sont dépliés et mis à l'envers dans une pile, bien soignée pour être comptabilisés plus tard. A la dernière salle, pas d'observateurs. Deux membres du bureau, très concentrés, sont en train de comptabiliser les voix : l'un annonce le vote, l'autre coche sur le papier. Les chiffres 74 (Ennahdha), 59 (CPR), 9 (Ettakatol) et 31 (PDP) sont souvent répétés (lesdits chiffres désignent les numéros des listes en lice à Tunis 1). On quitte les lieux pour notre dernière escale : l'Ecole primaire de la Rue de Marseille. Dès la première salle, on est sidéré. Les lieux sont archi comble. La majorité des personnes sont debout. On retrouve d'abord la presse étrangère avec leurs caméras, leurs micros et leurs journalistes. Ici, il y a toute une délégation (8 ou plus) d'observateurs japonais avec leur traducteur, 3 représentants de partis (PDP, CPR, Ennahdha) et 4 représentants de la société civile (3 de la LTDH + 1 Ordre national des avocats). Maintenant, on sait où sont passé les observateurs ! D'autre part, un constat est confirmé, dans toues les écoles visitées : il y avait, systématiquement, au moins un représentant d'Ennahdha. On note que certains de nos confrères, on été mis dehors par l'un des présidents de bureau (de l'une des salles) qui a refusé qu'ils prennent une photo de l'ouverture de l'urne, une photo pour le souvenir, une photo d'un moment historique qu'ils voulaient partager avec le peuple tunisien. Imen Nouira