Suite à la politique des deux poids deux mesures observée par certains juges, à la plainte déposée contre Chaker Besbes de Mosaïque FM et à l'agression sauvage dont a été victime Zyed Krichen, une dizaine de journalistes spécialisés dans les affaires judiciaires ont décidé, mardi 24 janvier 2012, de suspendre leurs couvertures, en signe de protestation. Selon le correspondant de Business News au Tribunal de Tunis, les conditions de travail ne sont plus remplies pour un bon exercice de la mission journalistique. A titre d'exemple, Chaker Besbes a été traduit ce matin devant le juge d'instruction pour avoir essayé, hier, de prendre une photo au cours du procès de Nessma TV. « Chaque juge agit à sa guise, nous dit-il. Quand c'est Imed Trabelsi qui est à la barre, on filme et on prend des photos à volonté, comme si le prévenu devait être lâché à la vindicte populaire. Quand il s'agit des affaires des martyrs, seules dix minutes sont autorisées et interdiction totale dans l'affaire Nessma ! » Quant à l'agression de Zyed Krichen, elle est considérée comme une grave menace visant toute la profession et non uniquement la personne. Il est vrai que les slogans brandis par les salafistes encouragent amplement à cette lecture puisque ces manifestants voulaient faire taire tous les médias. Les journalistes se sont réunis au Palais de justice et vont se diriger, tout de suite, vers le syndicat des journalistes pour prendre une décision engageant toute la profession. Une journée sans médias, tous types confondus est même envisagée en guise de protestation. En attendant, le public ne sera pas informé de l'évolution des affaires en cours aujourd'hui, dont la plus en vue est celle des martyrs.
