Plusieurs cadres et militants régionaux, de Tunis, Ariana, Sousse, etc., ayant récemment démissionné d'Ettakatol ont organisé une conférence, aujourd'hui 16 février 2012, à Tunis, pour expliquer les raisons de leur départ. Khemais Ksila, élu à l'Assemblée constituante et ancien cadre du parti, a fait une apparition, pour montrer «son soutien à cette initiative», sans pour autant prendre la parole publiquement ou assister à la conférence. Nous le retrouverons dans le hall, occupé à accorder des interviews aux journalistes, plus intéressés par cette personnalité largement médiatisée que par les intervenants dans la salle de conférence. «Cette conférence est faite pour que ces militants s'expriment, je ne veux pas que l'attention soit détournée et leur voler la vedette», affirme en substance Khemais Ksila, interrogé par Business News. Pourtant le fait de sortir de la salle pour accorder à la presse des déclarations individuelles peut donner l'impression inverse. En ce sens, rappelons que M. Ksila a assisté à plusieurs conférences récentes de mouvements citoyens et partis politiques progressistes, sans s'éclipser. Quant aux démissionnaires d'Ettakatol, ils affirment que les dirigeants du parti ont tenu des propos mensongers en mettant en doute l'ampleur des démissions, montrant à l'assistance plusieurs dossiers listant les démissionnaires et les nombreuses cartes d'adhérent qu'ils ont récoltées, soulignant que les démissions en masse se poursuivent encore à ce jour. Ils déclarent en outre que leurs démissions surviennent suite à l'impossibilité de dialogue avec les cadres du parti et que la ligne idéologique du parti a dévié, sans que personne n'ait été consulté. «Ce n'est pas nous qui nous sommes éloignés du parti, c'est le parti qui s'est éloigné de ses principes», affirme Néjib Gaça, ancien militant d'Ettakatol. Néjib Gaça, ancien journaliste et intellectuel, ne cache pas son amertume : «Nous sommes des universitaires et des intellectuels, mais ils voulaient nous traiter comme leurs subordonnés», ajoutant que les dirigeants d'Ettakatol n'acceptaient pas les avis contraires aux leurs et pensaient détenir la vérité absolue. Khaled Kabbous, ancien cadre au bureau de l'Ariana, affirme par ailleurs que les déclarations de Mohamed Bennour, contre Khemais Ksila, l'accusant d'être à l'origine de ces démissions sont non seulement infondées mais insultantes pour les militants démissionnaires. «Nous ne sommes pas des enfants, nous ne sommes manipulés par personne et depuis l'alliance d'Ettakatol avec Ennahdha et la déviation de ses principes, nous avions tenté de rétablir le dialogue, en vain, nous nous sommes alors retrouvés sans autre alternative que celle de démissionner, et nous avons pris cette décision ensemble, sans l'aide de personne», a déclaré M. Kabbous. Concernant le mouvement que s'apprête à créer Khemais Ksila ou encore les initiatives d'union des partis progressistes, les démissionnaires d'Ettakatol disent étudier toutes ces initiatives et n'avoir pas encore décidé de ce qu'ils allaient faire par la suite, le but de la conférence étant d'expliquer les raisons de leur départ et que par la suite chacun était libre de décider de son avenir politique. Monia Ben Hamadi