« Il ne faut plus avoir pour référence le président de la République du temps de Ben Ali » déclare Moncef Marzouki précisant que « Ce n'est pas parce que je suis devenu aujourd'hui président que je vais commencer à ramasser tous les pouvoirs pour moi ». A propos du différend entre la présidence et le gouvernement autour de l'extradition de Baghdadi Mahmoudi, il affirme que « Pour moi, la Tunisie n'a pas simplement que des intérêts, elle a aussi un honneur. Ces questions-là sont primordiales ». Alors qu'il commence, aujourd'hui mardi 17 juillet, une visite officielle en France au cours de laquelle il doit s'entretenir avec le président François Hollande, le président provisoire de la République accorde une interview menée par Boniface Vignon, sur RFI, dans laquelle il fait état de la dernière crise qui a opposé la présidence au gouvernement, de l'image qu'il veut donner au « nouveau président de la nouvelle Tunisie » et de sa détermination à rapatrier les avoirs de l'ancien président Ben Ali. A l'affirmation selon laquelle, l'extradition de Mahmoudi s'est faite « dans son dos », Marzouki affirme que « c'est l'Assemblée constituante qui décide » et que si la crise entre les deux pouvoirs a éclaté c'est parce que le consensus entre les deux « n'a pas été respecté ». Et d'ajouter « j'étais opposé à l'extradition. Le Premier ministre a donc pris sa décision tout seul, ce qui a déclenché une crise politique qui aurait pu très mal se terminer. Mais la sagesse l'a emporté et nous avons décidé de passer l'éponge sur cette affaire, de redéfinir les rôles des uns et des autres et de bien faire attention à ce qu'une crise comme celle-là ne se reproduise plus ». Il ne s'agirait donc pas, selon lui, d'une « question de malentendu », comme le laisse suggérer le journaliste français, mais d'une « question d'appréciations diverses de l'intérêt de la Tunisie ». Moncef Marzouki réfute également la théorie selon laquelle cette extradition aurait fait l'objet d'une « transaction commerciale » contre « le retour des travailleurs immigrés tunisiens » et affirme : « l'argument le plus fort qui a été avancé, c'est de dire nous réclamons l'extradition de Ben Ali, il est normal que les Libyens réclament leur extradition à eux ». Quant au choix du régime politique qui sera prochainement appliqué en Tunisie, Marzouki affirme que « nous allons créer à travers la constitution un système politique qui donne à la Tunisie un système efficace où il n'ya plus aucun risque que le président ou le premier ministre deviennent dictateurs. Et c'est ça l'objectif ». « Je pense que le retour (...) au président tout-puissant, la Tunisie en a souffert. Et moi-même quand j'étais dans l'opposition, je réclamais un système mi-parlementaire, mi-présidentiel ». Synthèse de Synda TAJINE Cliquez ici pour lire l'interview dans son intégralité