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Une implosion de plus ?
Extradition de Baghdadi Mahmoudi
Publié dans Le Temps le 26 - 06 - 2012

• Politiques et membres de la société civile s'inquiètent...

L'opération d'extradition de Baghdagi Mahmoudi, dimanche dernier en catimini, à l'aube, a été une terrible surprise et a plongé dans le désarroi plus d'un, entre autres, le président provisoire de la République Mohamed Moncef Marzouki.
La Tunisie, pays de la Révolution de la Liberté et de la Dignité qui abrite la plus ancienne organisation de Défense des Droits de l'Homme (LTDH) en Afrique, a-t-elle besoin de se mettre sur le dos une affaire aussi pernicieuse mettant le pays en mauvaise posture au moment où la situation sécuritaire en Libye est loin d'être stable et où les conditions d'un jugement équitable ne sont guère garanties ? Cette extradition n'écorchera-t-elle pas l'image de marque du président de la République, ancien président de la LTDH qui s'est toujours prononcé contre l'extradition dans les circonstances actuelles ? Les rapports au sein de la Troïka seront-ils affectés ? Comment ont réagi les hommes politiques et les défenseurs des Droits de l'Homme ?

Me Mabrouk Kourchid :
«Un crime d'Etat et une atteinte à l'honneur de la Révolution»

Avocat de l'ancien Chef du Gouvernement libyen, Me Mabrouk Kourchid, considère que « l'extradition de Baghdadi Mahmoudi est un crime d'Etat commis par le Gouvernement tunisien. C'est une opération qui s'est déroulée en dehors de la loi. Lorsque l'Etat viole la loi, il commet un crime d'Etat, parce que le président de la République n'a pas signé l'ordre d'extradition. Le méfait a été perpétré la nuit, un dimanche dans une conjoncture internationale marquée par la proclamation des résultats des élections présidentielles en Egypte. Baghdadi Mahmoudi avait présenté une requête aux Nations-Unies pour bénéficier du statut de réfugié politique. L'organisation onusienne a demandé de ne pas l'extrader en attendant que son dossier soit traité. Du point de vue moral son extradition est une atteinte à l'honneur de la Révolution et du peuple tunisien. La Tunisie n'a jamais extradé personne dans le passé. D'autre part d'autres pays africains n'ont pas à leur extradé les responsables libyens qui ont trouvé refuge chez eux. Que dire alors d'un pays qui a fait une Révolution ! Rien ne pourrait justifier cet acte à moins qu'il n'y ait eu un arrangement, un marché douteux. Médiapart en a fourni la preuve. Je demande à Marzouki de démissionner pour sauvegarder le respect. Baghdadi a été extradé vers la Libye, Marzouki est resté l'otage d'Ennahdha. La Libye n'est pas un Etat de Droit. »

Me Abdessattar Ben Moussa :
« La LTDH est contre l'extradition dans les circonstances actuelles»

Président de la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l'Homme (LTDH), Me Abdessattar Ben Moussa, précise que « la LTDH est contre l'extradition de Baghdadi Mahmoudi dans les circonstances actuelles tout en étant favorable à ce qu'il soit jugé. Les conditions actuelles ne permettent pas un procès équitable. Il n'existe pas de pouvoir légitime élu. Anarchie et relâchement sécuritaire prédominent. Les milices militaires ont même perpétré des attaques sur nos frontières. Quatre membres de la Cour internationale de Justice de La Haye ont été arrêtés. Nous craignons des opérations de vengeance. Le fils de Gueddafi est emprisonné dans la tribu Zaltène et non par l'Etat libyen. Est-ce que la commission qui s'est déplacée en Libye peut mettre en doute et infirmer les rapports d'Amnesty international et d'autres organisations qui ont relevé l'absence de conditions de procès juste et équitable ? Ce n'est pas une question de bâtisses et de salles d'audience. La justice n'est pas indépendante. La Tunisie n'exige pas l'extradition de Ben Ali et extrade Baghdadi Mahmoudi. Il fallait patienter. J'ai peur des conséquences de cette décision. C'est une atteinte à l'image du président de la République. Il paraît qu'il n'était pas au courant. Aucun pays n'a extradé et nous, nous le faisons aussi rapidement. Ce qui laisse penser à une transaction ».

Ahmed Brahim :
«Un message négatif que la justice envoie à l'opinion publique internationale»

Président de la Voie Démocratique et Sociale (VDS), Ahmed Brahim a été surpris par cette décision contraire aux Droits de l'Homme. Il dit « Vu les conditions dans lesquelles se trouvent la Libye où il n'y a pas de justice digne de ce nom, c'est une décision précipitée. Ce genre de décisions ne peut être pris un jour férié, à l'aube sans un minimum de coordination entre la présidence du Gouvernement et celle de la République. La Tunisie est un pays soucieux des Droits humains. Il ne peut être soumis à des marchandages de quelques types que ce soit. Beaucoup de sources parlent de ces marchandages. La forme et la précipitation prêtent à des suspicions. La délégation de spécialistes n'a pas remis son rapport.
Il y a une distorsion dans la manière de gouverner un pays qui s'apprête à écrire sa Constitution où la torture sera criminalisée. Il fallait attendre que la Libye fasse ses élections et que les structures élémentaires de justice puissent exister. C'est un message négatif que la justice envoie à l'opinion publique internationale ».
Issam Chebbi :
«La crédibilité de la présidence de la République a été entamée»

Porte-parole du Parti Républicain (PR), Issam Chebbi, pense que « la décision prise par le Chef du Gouvernement est précipitée et illégale. Elle va en contre sens des positions des organisations des Droits de l'Homme internationales et tunisiennes qui refusent l'extradition. La situation ne s'est pas stabilisée. Les conditions d'un procès juste ne sont pas garanties. Nous demandons au Gouvernement de dévoiler les détails de l'accord conclu avec les autorités libyennes, du moment où il a été signé jusqu'à l'extradition. Cette opération pose un problème de droit pour ceux qui avaient bénéficié dans le passé, de la protection du droit international et qui s'opposent aujourd'hui à l'application de ce même droit. Le problème de l'équilibre des pouvoirs entre les deux têtes de l'exécutif se pose. Nous avons mis en garde contre la concentration des pouvoirs entre les mains du Chef du Gouvernement. La crédibilité de la présidence de la République a été entamée. Des implications internes sont attendues. Le président de la République avait accepté le fait accompli dans lequel il fut mis. Comme il est aussi responsable de la situation dans laquelle il se trouve. Au moment où l'opposition voulait que la présidence ait plus de pouvoirs, lui et son parti avaient voté contre. Il va recourir à l'Assemblée Nationale Constituante (ANC), mais nous savons que la machine de vote va jouer contre lui ».
Amor Chetoui :
«Nos rapports avec Ennahdha sont mis à mal»

Membre de la Constituante au nom du Congrès pour la République (CPR), Amor Chetoui, pense que l'extradition est « une décision précipitée et contraire à ce qui avait été conclu. Il fallait attendre la fin des élections en Libye. Ennahdha et le Gouvernement ont précipité les choses sans aucune raison. Nos rapports avec Ennahdha sont mis à mal. Il y aura recours à la Constituante. On n'a pas besoin de ce genre de crises ».

Réactions recueillies par Hassine BOUAZRA


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