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Tunisie - Ennahdha / salafistes : fin de la romance ?
Publié dans Business News le 02 - 11 - 2012

« Nous utiliserons tous les moyens permis par la loi en cas d'attaques des islamistes radicaux », avait déclaré le porte-parole du ministère de l'Intérieur, mercredi 31 octobre, suite aux récents actes de violence qui ont secoué la localité de Douar Hicher à Tunis où des balles réelles ont été tirées par les forces de l'ordre contre des membres de la mouvance salafiste.
Alors que le parti islamiste avait longtemps été taxé de laxiste envers ceux qu'on avait surnommés « le bras armé d'Ennahdha », un affrontement semble inévitable aujourd'hui entre les deux camps. La tendance semble avoir bien changé depuis les affrontements du 14 septembre contre l'ambassade américaine. Alors, est-ce la fin de la romance ?

Sur le plateau de la chaîne Ettounsiya, ont été réunis en téléconférence, hier, dans la soirée du jeudi 1er novembre, le nouvel imam de la mosquée « Al Nour », Nasreddine Aloui, nommé suite au décès de l'ancien imam par les tirs des forces de l'ordre à Douar Hicher, et le ministre de l'Intérieur Ali Laârayedh, ainsi que d'autres membres de la scène politique actuelle. Le direct aura été marqué par une séquence qui restera dans les annales : une déclaration de guerre, linceul à la main, de l'imam envers les hauts dirigeants d'Ennahdha, et à leur tête, Ali Laârayedh, les accusant de mécréance et appelant les salafistes au jihad.

Certains adeptes de la théorie du complot n'ont pas manqué de crier à la mise en scène visant à redorer le blason d'Ennahdha et la faire passer pour modérée aux yeux des Tunisiens et des puissances étrangères avec lesquelles les relations ont été mises à rude épreuve par son «encombrant allié». Certains iraient même jusqu'à dire que cette intervention serait commanditée par Ennahdha pour légitimer son assaut contre la mouvance salafiste et justifier son recours à la force. Les leaders salafistes, et à leur tête Abou Iyadh, ont riposté aujourd'hui contre les déclarations de l'imam salafiste, appelant à ne pas faire d'amalgame et à s'armer de patience en soutenant que « la Tunisie n'est pas une terre de jihad » laissant entendre, ainsi, que, les déclarations de l'imam de la mosquée Al Nour ne les représentent pas.

Mais force est de reconnaître aujourd'hui que la récente accélération des événements a énormément affecté la côte de popularité du parti islamiste et que les relations entre les deux camps, pourtant proches, sont en train de vaciller.
« Prenez garde, lançait Béji Caïd Essebsi à Hamadi Jebali en marge de la cérémonie de passation des pouvoirs à la Kasbah, tout ce que la mouvance salafiste fera, sera mis sur votre compte ». En effet, le capital de popularité dont jouit encore Ennahdha auprès de ses électeurs et partisans se retrouve, fréquemment, affaibli par chaque incartade salafiste.

Dans l'esprit du citoyen lambda, le clivage entre le parti islamiste et la mouvance salafiste n'a pas toujours été bien clair. Mais le flou entourant les deux mouvances a été intentionnellement entretenu par les dirigeants du parti islamiste. Ennahdha, soucieuse de préserver ses bases jeunes, pour la plupart, radicales et passionnées, a préféré garder les liens avec cette mouvance radicale dont les préceptes ne sont, au fond, pas si éloignés de certains dirigeants et membres fondateurs du parti, à l'instar de Habib Ellouze, Sadok Chourou, ou encore, et surtout, le leader du parti Rached Ghannouchi.
Les discours de ce dernier, à l'égard des salafistes changent, en effet, en fonction du média auquel il les adresse. S'il affirme aux médias locaux que « les salafistes sont nos enfants et qu'ils lui rappellent sa jeunesse », il n'hésitera pas à déclarer à la presse étrangère qu' « ils sont dangereux et qu'il ne faut pas hésiter à appliquer la loi ». Une ambiguïté calculée qui offre la possibilité de ratisser plus large et de garder la carte gagnante, à savoir celle montrant Ennahdha comme étant un rempart potentiel conter un Islam, encore plus radical. Mais cette approche se trouve aujourd'hui remise en question depuis que les salafistes ont attaqué, le 14 septembre, l'ambassade américaine.

Les récents événements de Douar Hicher ont, donc, envenimé des relations déjà tendues entre les deux camps, mais ce durcissement face à la mouvance salafiste ne vient pas d'Ennahdha seule.
En effet, les forces de l'ordre, devenues la nouvelle cible des salafistes, sont désormais prêtes à riposter et réclament plus de moyens pour lutter contre ces radicaux.
Un sit-in a été organisé devant le siège du ministère de l'Intérieur, jeudi 1er novembre, protestant contre la blessure grave d'un des leurs à Douar Hicher et « le manque de directives » leur assurant un minimum de sécurité dans l'exercice de leurs fonctions, notamment, face aux salafistes. Parmi les slogans scandés, certains réclament « ne plus attendre les instructions du ministère de l'Intérieur pour agir ».
Mais si Rached Ghannouchi avait déclaré que les « forces de l'ordre ne sont pas entre nos mains », dans une vidéo qui circule depuis avril 2012, il semblerait que ce soit encore le cas aujourd'hui. Les forces de l'ordre sont aujourd'hui plus que jamais déterminées à avoir une certaine autonomie et réclament plus de liberté d'action de la part du pouvoir exécutif. Mais, depuis quelques jours, selon les déclarations de certains membres des forces de l'ordre, « le ministre de l'Intérieur est, désormais, clair et net dans ses instructions ».

Si les salafistes avaient, dans le passé, agi dans l'impunité la plus totale, le triste épisode de l'attaque contre l'ambassade américaine, a été le « geste » de trop pour Ennahdha. Cette frange d'islamistes radicaux est devenue gênante pour le pouvoir et la scission entre les deux camps commence alors à se concrétiser avec la mort de deux membres de la mouvance salafiste et l'arrestation de plusieurs autres, dont le leader Abou Ayoub, n°2 d'Ansar Al Chariâa, condamné à un an de prison ferme. Une condamnation qui s'est faite dans le flou total et dont les détails ont été dissimulés à l'opinion publique et à la presse.
Par contre, l'arrestation d'Abou Iyadh qui continue à narguer forces de l'ordre et membres du gouvernement, tarde encore.
De nombreux hauts dirigeants salafistes établissent aujourd'hui un diagnostic de la situation actuelle et affirment que l'ingérence étrangère a atteint son paroxysme. Ennahdha se place, pour ses électeurs comme pour les puissances étrangères, comme le parti modéré capable d'arbitrer entre les deux formes d'extrémisme de gauche et de droite dans le pays.

L' « allié » salafiste est devenu, aujourd'hui, plus menaçant que jamais pour les hauts intérêts du parti au pouvoir. Mais si le changement de discours d'Ennahdha à l'égard des salafistes est, certes, notable sur les plateaux TV et dans les communiqués de presse, la rupture reste encore assez timide dans les faits, et les actions ne sont pas encore nettement perceptibles. Un tournant décisif dans le processus de réforme du parti, dont le leadership semble encore hésiter dans l'attitude à suivre pour gérer la question salafiste. Les principaux dirigeants fondateurs d'Ennahdha, et à leur tête Rached Ghannouchi, sont-ils prêts à consommer cette rupture ?


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