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«Quand les adeptes de Bacchus et les extrémistes religieux ne croient ni en l'Etat, ni en la loi»
Violences à Douar Hicher...
Publié dans Le Temps le 02 - 11 - 2012


Indignation de la société civile

Les violences et incidents qui ont émaillé la localité populaire Douar Hicher (La Manouba), entraînant dans son sillage des pertes en vies humaines et des blessés mettant les habitants en ébulition continuent à tenir le haut du pavé de l'actualité nationale désormais devenue tumultueuse et inquiétante.
Une personne est décédée, mardi dernier en début de soirée, suite à l'attaque du poste de police de la cité Khaled Ibn Al Walid. Il s'agit d'Aymen Amdouni, le muezzin de la mosquée Ennour, un des dits salafistes qui contestaient l'arrestation de deux des leurs impliqués dans les incidents de samedi dans le quartier. Wissam Ben Slimane, cadre de la Garde nationale, avait subi un coup violent par des salafistes qui s'étaient refugiés dans des mosquées. Le ministre de l'Intérieur Ali Larayadh a affirmé, à l'issue de la réunion du Conseil des ministres, au palais du gouvernement à la Kasbah, que le département veille à imposer le respect de la loi et à traiter sur un pied d'égalité tous les contrevenants, loin des considérations politiques ou idéologiques. Il a indiqué que les violences survenues dans la localité de Douar Hicher, au lendemain de l'Aïd Al-Idha, furent à l'origine d'altercations mettant aux prises « des personnes qui consommaient de l'alcool sur la voie publique et des extrémistes religieux », qui ont dégénéré en affrontements nécessitant l'intervention énergique d'unités de la garde nationale au cours de laquelle le commandant Wissem Ben Slimane a été blessé à l'arme blanche. Suite à l'arrestation de trois personnes suspectées d'être impliquées dans cette agression, dans la région de Boussalem, a-t-il poursuivi, un groupe d'une centaine « d'extrémistes religieux » ont attaqué deux postes de la garde nationale à Douar Hicher. Face à la violence de l'attaque, les agents de l'ordre ont été contraints, a-t-il soutenu, de se défendre en faisant usage de balles réelles, abattant l'un des assaillants. Une enquête sur les circonstances du décès est en cours, a-t-il dit. Quelle est la réaction de la classe politique ?

Ajmi Lourimi : « Le contrat social suppose des compromis de tous les côtés»

Un des dirigeants d'Ennahdha Ajmi Lourimi, dans sa déclaration au Temps, s'aligne sur la position d'Ali Larayah affirmant que « l'Etat est déterminé à faire respecter la loi par tout le monde et à rétablir la quiétude ». Il ajoute que les actes doivent être conformes à la volonté politique. « Les forces de sécurité sont capables de faire régner l'ordre. Certaines personnes ne croient ni à l'Etat, ni à la loi. Elles veulent imposer leur loi. Elles ont leur propre vision de la liberté et de l'Etat. Elles vont se dresser contre les institutions de l'Etat. Le contrat social suppose des compromis de tous les côtés. Celui qui n'est pas disposé à faire des concessions et agit à sa tête va nous ramener à l'époque antérieure à l'Etat. Il aura à répondre de ses actes. Ces évènements, aussi graves soient-ils demeurent limités. Il y a un progrès dans la situation sécuritaire, le retour de la quiétude, l'Etat de droit et la rupture avec l'exclusion et la diabolisation des autres. La Tunisie est pour tous. Chacun y a sa chance et sa place. Personne ne peut exercer une tutelle sur le citoyen ou se substituer à sa place, sauf celui qui le représente légalement. La période transitoire a ses difficultés, contraintes et ses dangers. Les difficultés doivent nous stimuler pour aller de l'avant. Les Tunisiens ne sont pas prêts à se plier à la loi de la jungle, ni à des personnes au dessus des lois. La loi garantit la liberté pour tous. Imposer son respect est l'affaire de l'Etat. Il faut trouver l'équilibre entre la liberté et la loi ». Concernant le qualificatif salafiste des auteurs de la violence à Douar Hicher, Ajmi Lourimi, réagit en précisant que « la violence n'a pas d'identité politique ou idéologique. C'est un phénomène social qui peut avoir des objectifs politiques ou tout simplement criminels. Dans tous les cas, la violence est inadmissible ».

Chokri Belaïd : « Démettre les ministres de l'Intérieur et de la Justice »

Secrétaire général du Parti des Patriotes Démocrates Unifié, un des fondateurs du Front populaire, Chokri Belaïd rappelle : « nous avons déjà mis en garde contre ce qui s'est passé à Douar Hicher. C'est une partie d'un processus ascendant de violence exercée par des groupes d'extrémistes religieux, avec le silence complice du gouvernement d'Ennahdha qui leur fournit la couverture politique. Ces groupes ne sont pas concernés par le questionnement légal. Ils échappent à toute sanction. Cette violence entre dans le cadre de l'affaiblissement de l'instance sécuritaire, premier pas pour la neutraliser dans une deuxième étape afin que les groupes armés prennent sa place progressivement. C'est ce que nous avons vu le 11 janvier lorsque des milices d'Ali Larayedh sont descendues à l'avenue Habib Bourguiba, pour manifester contre les structures de sécurité. C'est qui s'est passé les 7 et 9 avril. C'est ce qu'ont fait les milices des comités de protection de la Révolution dans plusieurs régions du pays qui sont passés jusqu'à l'assassinat politique à Tataouine. Cette complémentarité est visible dans les appels de ces comités (milices d'Ennahdha) en rapport avec la date du 23 octobre. Il en est de même pour l'appel d'Abou Iyadh aux groupes salafistes pour constituer des comités de quartier. Ce qui s'est passé fait partie d'une volonté hégémonique d'exercer une main mise sur les quartiers populaires, les mosquées et plusieurs espaces publics pour en faire des zones isolées et hors la loi de l'Etat. C'est une manière de battre en brèche l'unicité de l'Etat et de porter un coup dur à la paix civile et au peuple tunisien. Ce qui s'est passé à Douar Hicher révèle l'arrogance de ces groupes. Ils prennent pour cible, non seulement le citoyen ordinaire ou des membres de l'élite et des activistes politiques ou des militants des Droits de l'Homme, ils s'attaquent aux symboles de la souveraineté et à des fonctionnaires dont la mission est de faire respecter la loi et de protéger les citoyens. Ce qui s'est passé, avec la couverture politique d'Ennahdha et la tentative de diluer les choses du ministre de l'Intérieur qui a cherché à minimiser la gravité des actes perpétrés, prélude d'une volonté de pousser le pays vers la violence et l'anarchie. Le timing de l'opération montre qu'Ennahdha et le gouvernement veulent sortir de leur isolement politique en évitant de discuter les problèmes fondamentaux du pays et du citoyen. Cette violence est une tentative d'améliorer l'image d'Ennahdha auprès des forces étrangères. En faisant peur au peuple, ils le placent devant l'obligation d'accepter que leur pouvoir s'éternise ou se soumettre à la violence salafiste. Rached Ghannouchi, n'a-t-il pas dit que la confrontation avec les salafistes les porteront au pouvoir dans 10 ans. C'est le même discours de Ben Ali qui ne laissait pas de choix ou son règne ou le chaos. Il faut commencer par offrir la protection légale aux agents de l'ordre afin qu'ils exercent leur métier dans le cadre de la loi et le respect des droits de l'Homme et des libertés, en rompant avec les directives. Une réforme profonde du système de sécurité est nécessaire pour avoir une sécurité républicaine, non partisane et au service du citoyen. Il faut une mesure urgente : démettre le ministre de l'intérieur et son cabinet nahdhaoui et désigner à sa place une personnalité nationale compétente et indépendante pour neutraliser le ministère et procéder aux réformes nécessaires. Il faut aussi démettre le ministre de la Justice et son cabinet ministériel qui ne cherche qu'à instrumentaliser la justice. La justice doit jouer son rôle souverain et indépendant, pour que personne ne fuie les sanctions. Les forces éclairées et progressistes de la société, partis politiques, associations, syndicats et citoyens doivent s'unir pour faire face à la vague de violence, sinon la situation intérieure ne fera que s'empirer et l'image du pays se détériorer ».

Mohamed Bennour : « Les mosquées doivent être évacuées et pacifiées »

Porte-parole du parti Ettakatol, Mohamed Bennour, précise que « ce qui se passe à Douar Hicher confirme notre point de vue développé à maintes reprises concernant ces groupes qui se disent salafistes. Ce sont des groupes violents qui ignorent les préceptes de l'Islam. Ces groupes sont dangereux et nocifs. Ils doivent être combattus avec la plus grande fermeté. Toute la société doit soutenir toute action de nos forces de l'ordre pour mettre fin à leurs agissements. Aucune démocratie ne peut s'épanouir avec des actes générateurs de troubles qui pourraient mettre le pays dans une situation chaotique. La société civile et le pouvoir en place sont concernés et doivent agir en symbiose contre ce fléau. Le peuple tunisien n'a jamais accepté les mouvements violents. Ettakatol a pris une position officielle pour condamner l'agression subie par Wissam Ben Slimène, de la Grde nationale. Notre solidarité doit être entière avec nos forces de l'ordre qui sont en train d'affronter les groupes extrémistes qui s'abritent dans les mosquées qui doivent être évacuées et pacifiées. Le culte doit être dirigé par des Imams neutres qui prônent les vrais préceptes de l'Islam pacifique et tolérant, étant donné que la Tunisie a toujours été dans sa majorité sunnite et malékite ».

Yassine Brahim : « Nous soutenons les forces de l'ordre et appelons au calme »

Secrétaire exécutif du Parti Républicain, Yassine Brahim, précise : « On nous dit que ce sont des anciens vendeurs de produits interdits face à d'autres vendeurs. Il y a un petit mélange entre banditisme et messages politiques. Ce sont des violences inacceptables. Notre pays, a réussi sa première phase de transition jusqu'au 23 octobre. Nous soutenons les forces de l'ordre et appelons au calme. Il y a d'autres manières de s'exprimer. Il faut que la justice avance vite. On comprend l'impatience populaire. C'est un tout. Il est regrettable que Humain Right ait pointé du doigt la Tunisie post-révolutionnaire à cause de la torture qui a augmenté. Il faut changer de méthodes. La torture doit s'arrêter. Il faut voir le problème dans sa globalité ».

Abdejlil Bédoui : « La légitimité consensuelle est de plus en plus nécessaire »

Vice président de la Voie Démocratique et Sociale, plus connue sous le nom Al-Massar, Abdejlil Bédoui, pense que « ce qui s'est passé à Douar Hicher annonce des lendemains sombres pour la Tunisie. Donc, la revendication de neutralisation des ministères de souveraineté est devenue urgente. Seuls des ministres neutres et compétents à la tête des ministères de l'Intérieur et de la Justice peuvent résoudre les problèmes. Il y va de l'avenir du pays et de son économie, car sans sécurité il ne peut y avoir de croissance et de développement. La légitimité consensuelle est de plus en plus nécessaire. On ne peut continuer ainsi et rester insensible devant une situation qui se dégrade et devient terriblement dramatique et grave ».


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