Nous publions cette lettre adressée par Mokdad Issaad, un cadre d'Ennahdha qui a suscité une vive polémique par ses déclarations faites au quotidien algérien Alkhabar et dans lesquels il a expliqué son point de vue quant à la nomination d'Ali Laârayedh comme chef du gouvernement. M. Issaad qui avait mis l'accent sur l'existence de lobbies et de plusieurs dissidences au sein du parti islamiste au pouvoir, s'est vu éjecté d'une manière pour le moins incongrue : Ennahdha, dans un communiqué publié le 23 février, avait nié toute appartenance de M. Issaad au mouvement et démenti, par conséquence, le fait qu'il soit conseiller de Rached Ghannouchi.(voir notre article) Mokdad Issaad dément les déclarations d'Ennahdha et répond : C'est le bureau de Cheikh Rached qui n'a pas de statut officiel dans les institutions d'Ennahdha Je suis Issaad Mokdad, chargé par Cheikh Rached, président du parti Ennahdha, du dossier maghrébin et ce juste après son retour d'exil. J'ai passé 37 ans en Algérie et j'ai acquis sa nationalité aussi. J'ai travaillé dans des conditions difficiles à cause de ma double appartenance. Le parti Ennahdha, comme son leader, étaient plutôt tournés vers le Golfe. L'Algérie était, quant à elle, fermée sur elle-même et contente de sa manne pétrolière, méfiante du changement qui prît naissance en Tunisie. J'ai pourtant réussi plusieurs missions importantes couronnées par plusieurs visites officielles des dirigeants du parti en Algérie, dont deux avec cheikh Rached. Nous étions reçus en grande pompe par tous les officiels algériens et à leur tête le président Bouteflika qui nous a consacré quatre heures d'audience et déjeuner : plus qu'une visite d'état. Cheikh Rached était satisfait au point de déclarer à un journal récemment qu'il ne pouvait oublier cette visite. Il m'a félicité pour l'efficacité, et la connaissance du terrain. Il faut rappeler que cette visite n'aura pas été possible si je n'avais pas travaillé sans relâche. Après ma prise de fonction de « conseiller aux affaires maghrébines » dont l'intitulé était formulé par cheikh Rached, lui-même, j'ai écrit au président Bouteflika à deux reprises. Les premiers contacts établis, les échanges ont suivi. J'ai par la suite été chargé de rédiger les lettres de remerciement. Convaincu de l'importance de la place de l'Algérie dans la géostratégie de la Tunisie, en spécialiste des relations internationales (discipline de ma Thèse de doctorat), j'ai acquis la conviction que le printemps arabe, parti de notre chère et petite Tunisie ne pouvait réussir sans un terrain plus large ; comme le Maghreb, non par la violence et la révolte, mais par le développement économique et social, la bonne gouvernance et l'intégration régionale. Malheureusement l'équipe à qui est revenu le pouvoir en Tunisie après la révolution, après avoir poussé cheikh Rached au parjure pour rester à la tête du parti et de, ce fait, à la tête de la Tunisie de façon officieuse, n'avait pas la profondeur de l'analyse (Rappelons que chéikh Rached avait annoncé à son retour qu'il ne briquera aucun mandat ni dans le parti ni dans les instances de l'état). Après les élections du 23 octobre 2011, j'ai été informé par le responsable du bureau du cheikh de sa visite aux Etats-Unis, programmée pour le 2 octobre. « Impossible ai-je répondu, c'est l'Algérie qui doit être notre première destination à l'étranger ». Ma fermeté a payé et cheikh m'a demandé de coordonner avec l'ambassade d'Algérie. Nous sommes partis à deux, un membre du bureau et moi. Surpris, les algériens ont apprécié que dans le bureau du cheikh, il y ait un algérien. La réponse était presque immédiate. La visite fut une réussite en tout point de vu. J'ai soumis au président algérien un projet de développement de la zone frontalière sous la devise de « la frontière comme facteur de développement ». Il faut rappeler que je suis aussi le président de « l'association Jugurtha pour l'intégration maghrébine » domiciliée au gouvernorat du Kef limitrophe de l'Algérie qui fait de la frontière son champ d'action. J'ai aussi insisté auprès du chef du gouvernement, Hamadi Jebali, pour qu'il ne fasse pas l'erreur de ne pas faire de l'Algérie sa première destination. Il me l'a promis, mais n'a pas tenu sa promesse. Sa visite précoce en Arabie saoudite eut un effet très négatif sur les jeunes et les moins jeunes qui ont chassé Ben Ali et qui y a trouvé refuge. Malheureusement Monsieur Jebali ne s'est rendu en Algérie que près d'un an plus tard, une visite terne (du déjà vu), sans résultat sur les échanges et le développement. Ceci, malgré le fait que l'Algérie reste l'un des premiers pays qui ont aidé la Tunisie. La relation algéro-tunisienne est restée folklorique et superficielle. Le communiqué publié par le bureau du cheikh de la nahdha est faux. Nul ne peut le contester ou le cacher, je suis le conseiller de cheikh Rached. C'est à ce titre que nous avons été reçus en Tunisie et à l'étranger, c'est ainsi que le cheikh m'a présenté à nos hôtes et c'est ainsi que nous avons présenté nos papiers officiels. Cependant, le bureau est non officiel comme le sont d'autres institutions du parti. Contesté par beaucoup, il fait, encore une fois, preuve de non respect des règles et des pratiques de la communication. Je rappelle que, je suis à l'origine de cette polémique, par ma décision de franchir une étape en écrivant ouvertement à cheikh Rached, le mettant en garde contre le marasme que vit notre pays. Je l'ai tenu pour responsable. Ma conviction est que la proposition de M.Jebali reste la seule qui puisse sortir le pays du statuquo (en cherchant la quadrature du cercle) en maintenant à leurs postes des ministres certes proches du cheikh, mais qui ont échoué en tous points de vue. La lettre est pourtant passée malgré son gout amer pour plusieurs de son entourage. Puis, j'ai envoyé une deuxième lettre aux membres du conseil constitutionnel pour les mettre devant leur responsabilité. Chacun doit se libérer de la mainmise du parti et voter selon ses convictions. Car, la majorité semble tenir le majlis et au-delà de lui, la Tunisie comme otage. Encore une fois, on accepte et on laisse faire. Mais c'est l'interview que j'ai donné au journal algérien Alkhabar qui constitua la goutte qui fit déborder le vase. A la question sur les raisons du choix de la nomination de Monsieur Ali Larayedh pour le poste du chef du gouvernement, j'en ai données quatre : Sa maîtrise du dossier sécuritaire, son charisme, son sérieux et aussi le soutien de ses proches dont son frère dans les instances du parti. Cette dernière énerva beaucoup de personnes qui ont poussé le cheikh à autoriser cette déclaration erronée. Pour ma part, je maintiens mon analyse, j'assume ma responsabilité sur mes déclarations avec ou sans mon poste dans le bureau du cheikh. Je reste, cependant, attaché à un parti auquel j'ai appartenu depuis près de 40 ans et dont je suis élu au sein de l'un des organes centraux « le département économique » comme chargé de la diaspora et de l'investissement étranger. Le bureau du cheikh a donné une fausse information. Issaad Mokdad ex-conseiller de cheikh Rached aux affaires maghrébines