La commission des Affaires sociales, de la Santé et de la Famille de l'ANC a auditionné hier, jeudi, le ministre de la Santé publique Abdellatif Mekki à propos d'un projet de loi relatif à une éventuelle coopération tuniso-chinoise. Avant même que les députés n'auditionnent le ministre, ce dernier leur a sorti un argument de taille pour que sa loi passe comme une lettre à la poste. Il leur a fait les yeux doux et leur a « gentiment » demandé d'adopter ce projet de loi pour ne pas « froisser » nos amis de Chine qui prendraient mal le rejet du projet. Hélas pour lui, le « charme » de Abdellatif Mekki a, peut-être, des chances d'aboutir avec des députés d'Ennahdha, mais pas de l'opposition. Selma Mabrouk, députée du Massar, a été insensible à la doléance et a rapidement dénoncé la manœuvre. Mieux que cela, elle a relevé les multiples aberrations présentées dans ce projet de loi, mais aussi le comportement du ministre. Le projet de loi en question consiste à recevoir 180 médecins chinois qui viendraient colmater les insuffisances de l'effectif médical dans les régions, indique Mme Mabrouk. Pourquoi y a-t-il des insuffisances ? « Le ministre a tenu un long discours explicatif, décrivant les médecins tunisiens, peu enclins à la notion de service national d'après lui, rechignant à aller s'installer dans les régions », indique la députée. Elle poursuit. « Le fait qu'il y ait une « majorité » de femmes dans le cursus médical semble lui poser un problème, car elles seraient plus craintives par rapport à l'insécurité et aux faits d'agressions de plus en plus fréquents, pour lesquels il ne semble pas avoir de solution d'ailleurs et qu'il nous décrit comme un fait accompli, de multiples histoires croustillantes de médecins brutalisés et blessés à l'appui… » Hors, comme le relève si bien Selma Mabrouk, si on examine de plus près les avantages dont bénéficieraient nos «180 invités », et s'il y avait une campagne de sensibilisation adaptée aux jeunes médecins chômeurs et que les mêmes avantages leur sont proposés, il y aurait un nombre équivalent qui se porterait volontaire. Ces avantages sont nombreux dont : logements meublés, moyens de transport, frais de transport à l'intérieur du pays et sur le plan international, « prime » équivalente à un médecin tunisien de « même grade », sans imposition. Pourquoi donc fait-on appel à des médecins chinois, alors que si l'on demande « gentiment » aux médecins tunisiens et qu'on leur accorde les mêmes avantages, ils feraient pareil ? Personne ne le sait ! Y compris le ministre lui-même qui l'a avoué devant les députés ! En clair, comme le conclut Selma Mabrouk, Abdellatif Mekki s'était donc engagé à permettre à des « médecins » dont on ignore les compétences, de venir soigner les populations déshéritées de ces mêmes régions qui se sont soulevés pour plus de dignité ! Et les députés sont « gentiment » priés de ne pas froisser ces « amis » dont on ignore tout.