Derrière les événements de Chaâmbi et les assassinats de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi se trouve l'Algérie. C'est ce que tentent de faire croire des médias proches de la troïka au pouvoir ou, plus précisément, leurs invités, soigneusement sélectionnés. Le grand voisin de l'Ouest devient ainsi le bouc émissaire parfait pour justifier l'échec du gouvernement à assurer la sécurité du pays et à faire oublier tous les appels à la haine et la violence proférés par les propres dirigeants actuels. Ainsi, la chaîne TV Al Moutawassat a invité un certain Adel Zarrouk qu'on présente comme homme de médias. Il accuse carrément les services secrets de l'armée algérienne d'être derrière le massacre de Chaâmbi du 29 juillet. Sur Zitouna TV, c'est le blogueur Yassine Ayari que l'on a invité pour donner ses analyses de la situation. Le plateau télé est animé par le rédacteur en chef d'El Fejr, organe d'Ennahdha. Ayari relève que les terroristes ne sont pas idiots et poursuivent des objectifs bien déterminés qu'ils n'ont pas peur d'annoncer en public. Il relève également que l'homme d'affaires et lobbyiste Kamel Letaïef était invité à l'ambassade d'Algérie aux côtés de Hamadi Jebali et de s'interroger sur ce que fait Kamel Letaïef à l'ambassade algérienne et que, peut-être (et il insiste sur le peut-être) que ce qui s'est passé aujourd'hui est lié à cela. Le même Ayari interviendra par téléphone sur Al Moutawassat pour donner son « analyse » et véhiculer le même message pointant du doigt Kamel Letaïef et l'Algérie. Idée à transmettre : Kamel Letaïef est l'homme de l'Algérie qui cherche à faire échouer la révolution tunisienne, quel que soit le coût. On rappelle que le blogueur, ingénieur résidant en France de son état, s'est distingué début juillet par ses appels publics au meurtre et son éloge d'Al Qaïda et de Ben Laden (voir notre article à ce sujet ). Rentré à Tunis, il a été arrêté quelques instants à l'aéroport et a bénéficié de la défense de plusieurs membres de la troïka, dont le député Samir Ben Amor, ancien conseiller du président de la République. Les vidéos reprenant cette thèse du complot et désignant le bouc émissaire comme responsable ont été rapidement relayées par les médias, les pages FB et Twitter proches d'Ennahdha. Une façon comme une autre de pousser leurs militants à adopter cette thèse, sans que cela n'implique directement le gouvernement et le pouvoir.