Le constitutionnaliste Iyadh Ben Achour a déclaré hier sur Hannibal TV, et ce matin, 14 août, sur Shems FM, que le premier coup d'Etat en Tunisie a déjà eu lieu en décembre 2011 lorsque l'ANC ne s'est pas fixé de durée pour son mandat, alors que les décrets et la compréhension populaire relatives aux élections de 2011 ont fixé ce mandat à un an, pour une mission bien déterminée : la rédaction de la Constitution. « Le premier coup d'Etat et le rejet de la volonté populaire ont eu lieu quand l'ANC a voté la petite constitution et s'est transformée en parlement, contrairement à ce qui était prévu », a déclaré le constitutionnaliste. M. Ben Achour a fait remarquer que l'ANC a dépassé ses prérogatives et agit en toute illégalité, vu qu'elle s'est auto-arrogé le droit de décréter des lois, sans qu'il n'y ait de contre-pouvoir ou d'organisme vérifiant la constitutionnalité de ses décisions. « Connaissez-vous un parlement au monde où l'on ne contrôle pas la constitutionnalité de ses décisions ? Connaissez-vous un parlement au monde qui travaille sans durée déterminée ? Connaissez-vous un parlement au monde qu'on ne peut pas dissoudre par le pouvoir exécutif ? Ce parlement est répressif ! », a résumé Iyadh Ben Achour. Iyadh Ben Achour a, par ailleurs, approuvé la décision de Mustapha Ben Jaâfar de suspendre les travaux de l'ANC, et estime que c'est une décision légitime puisqu'elle ouvre la porte au dialogue. La décision est, par ailleurs, momentanée et ponctuelle et s'inscrit dans l'intérêt de l'ANC et de l'Etat. Légalement, la décision est juste, si on élargit l'interprétation des textes et qu'on applique la théorie des pouvoirs implicites. Cela s'est même vu à l'ONU.
