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Tunisie - Hamed Karoui, ange ou démon ?
Publié dans Business News le 20 - 11 - 2013

La prestation de l'ancien Premier ministre Hamed Karoui, mardi 19 novembre 2013, soulève des questions. Elle ne laisse insensible ni les RCDistes, ni l'opposition de gauche, encore moins les islamistes et les soi-disant révolutionnaires. Il a joué sur le bon sens et le subconscient du citoyen pour glisser ses messages et il a brillamment réussi sa mission. Son retour sur la scène politique n'arrange personne en théorie, mais il a su le présenter autrement. Hamed Karoui a fait de telle sorte de donner l'image que son retour, au contraire, puisse arranger tout le monde.
Comme un vieux loup politique, Hamed Karoui a répondu du tac au tac aux questions de Mohamed Boughalleb et Boubaker Akacha, sur la Wataniya. Les deux journalistes, qui n'étaient pas au meilleur de leur forme devant lui comme ils nous en ont habitué jusque là, avaient beau le mitrailler de questions embarrassantes, l'ancien Premier ministre de dix ans de Ben Ali avait réponse à tout. Hamed Karoui a su s'adresser au citoyen lambda qui n'est pas dénué de bon sens, contrairement à ce que certains pourraient penser, pour l'inviter à réfléchir de lui-même et à s'interroger sur ce qu'on a essayé de lui inoculer ces trois dernières années.
Les destouriens sont des voleurs ? Prouvez-le ! La justice a planché sur tous les dossiers, a fouillé, a cherché et n'a rien trouvé. « Au contraire, le juge nous a félicités sur la bonne organisation de notre gestion et de nos dossiers », répond fièrement Hamed Karoui.
Les destouriens se sont trompés ? Oui ! Nous allons faire notre autocritique, mais le bilan est globalement positif.
Les destouriens ont mal géré le pays ? Faux et archi faux, regardez les agences de notation internationale. Quand on allait sur le marché international du crédit, on nous répondait favorablement dans l'immédiat.
La pluralité ? Oui, nous avons totalement échoué par le passé ! Nous avons appris la leçon.
La transition ? Oui, nous l'avons acceptée et nous nous sommes éloignés de la scène après la révolution.
Les destouriens doivent disparaître de la scène ? Regardez où nous en sommes maintenant avec cette exclusion ! Ils sont incapables avec leur dialogue national de trouver un chef du gouvernement, alors que nous sommes capables d'en offrir huit !
Place aux jeunes ? Oui, notre bureau politique aura une moyenne d'âge de 42 ans.
Mea culpa ? Il faut que l'on dresse notre bilan d'abord, mais que tout le monde dresse le sien. Les Islamistes ne sont pas aussi victimes qu'ils ne le disent. Ils ont bien avoué leurs crimes, ils ont bien planifié des attentats, qu'ils fassent leur mea culpa !
A l'entendre, Hamed Karoui (et son équipe d'anciens barons de l'ancien régime) serait le messie capable de sauver la Tunisie de son marasme.
Son discours a, comme prévu, fait bondir ceux qui se considèrent comme révolutionnaires. Ceux-là mêmes, qui étaient sourds et muets avant la révolution, s'étranglent que celui qu'ils considèrent comme co-responsable de toutes les misères de la Tunisie, puisse obtenir une tribune libre sur la chaîne publique. Ce sont eux, pourtant, qui disent défendre la liberté d'expression, la démocratie et tout le beau langage du genre. A priori, cette liberté d'expression devrait être interdite aux « azlem ».
Hamed Karoui les balaiera d'un trait en les traitant de nains en jouant sur la proximité phonétique en langue arabe « aqzem » (nains) pour « azlem » (résidus).
La véritable question que soulève cependant Hamed Karoui et son nouveau parti de quadras (encadrés par les anciens barons) est quelle place va-t-il occuper dans le paysage politique actuel.
Il y a deux forces politiques principales dans ce paysage, l'une représentée par Ennahdha et ses satellites et l'autre par Nidaa Tounes et ses futurs satellites (Jomhouri, Massar, Jabha, Moubadara). Les autres partis microcosmes serviront à jouer les mouches qui agacent (CPR, Tayar, Wafa…).
L'arrivée du parti de Hamed Karoui va, à coup sûr, diviser les destouriens. Vers lequel des trois partis « destouriens » vont-ils se diriger : Nidaa, Moubadara ou le Mouvement destourien?
Elle va également diviser tous ces Tunisiens qui ont voté pour Ennahdha, mais sans avoir pour autant une conviction islamiste profonde. Idem pour ceux qui ont voté CPR et Ettakatol. Un bon nombre de ces électeurs regrette son choix du 23 octobre 2011 et s'est dirigé pour Nidaa Tounes. Non pas par conviction, car Nidaa est le meilleur, mais plutôt par défaut, parce qu'il n'y a pas d'autre parti pour faire le contre-poids que Nidaa.
Et puis il y a les indécis qui représentent plus de 50% du corps électoral. Rien que dans ce bassin, Hamed Karoui et ses quadras ont de quoi rafler la grosse mise.
Mais l'ancien Premier ministre a cependant choisi d'en avoir davantage en puisant dans toutes les tendances et en lançant des messages rassurants à tous. Aux destouriens et aux islamistes, il a dit : « Nous n'avons pas d'autre choix que la concorde nationale. Notre salut est dans la paix entre nous. Nous sommes tous Tunisiens, que l'on soit islamistes, nationalistes arabes, communistes ou destouriens ».
Ce message, pour les non-avisés, a de quoi rassurer. Ils iront voter pour le Mouvement destourien les yeux fermés, car Hamed Karoui a su parler un dialectal tunisien simple, sans être populiste. Un langage que ne savent pas tenir les Nahdhaouis (avec leur accent venu d'ailleurs), ni l'opposition de gauche (avec son élitisme), ni Nidaa Tounes (où l'on sent la manipulation et la récupération) et encore moins les « révolutionnaires » avec leur discours revanchard basé sur la vengeance et uniquement la vengeance.
Ce discours de Hamed Karoui (qui jure ses grands dieux qu'il ne reviendra pas sur la scène) a de quoi inquiéter, au plus haut degré, les politiciens de la scène.
« Peut-on faire confiance à celui qui les a mordus, 50 ans durant ? », diront les islamistes. « S'il revient, on perd tous nos avantages », diront les CPRistes. « S'il revient, adieu la révolution et tout espoir de démocratie », diront les Wafa-Tayar… « S'il revient, la bataille sera plus compliquée pour nous », diront les Nidaa.
En revanche, le Tunisien lambda, pacifique de nature va se dire : « en trois ans, nous sommes tombés si bas qu'il est temps d'arrêter les dégâts. Après tout, c'est Ben Ali et sa famille qui sont responsables de tous nos maux, pas ses ministres ! Si on nous ramène les Mondher Zenaïdi, Hatem Ben Salem, Afif Chelbi, Nouri Jouini and co, le pays pourra être sauvé en quelques mois !»
Quoi qu'il en soit, et en attendant la semaine prochaine et l'annonce des noms de l'équipe quadragénaire de Hamed Karoui et de son secrétaire général, les partis politiques, toutes tendances confondues, doivent désormais compter avec ce nouveau parti. Il risque de devenir incontournable en beaucoup moins de temps qu'on ne le pense. Ceci est valable pour les Islamistes comme pour les Destouriens. Surtout les Destouriens ! Quant aux révolutionnaires des CPR-Wafa-Tayar, ils resteront en dehors de l'échiquier politique en s'obstinant à refuser de lâcher les profils Facebook et de voir la réalité du terrain.
Nizar Bahloul
Crédit photo : Hichem - Jeune Afrique

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