Le chef du gouvernement Mehdi Jomâa est arrivé hier, lundi, à Washington où il doit rencontrer ce jeudi 3 avril le président américain Barack Obama, dans le cadre d'une visite d'Etat. Aussitôt arrivé, M. Jomâa a entamé les réunions avec les principaux responsables du State Department afin de ficeler, dans ses moindres détails, la rencontre au sommet avec le président américain. Des sources proches du chef du gouvernement nous indiquent que les discussions ont tourné autour de la feuille de route sur laquelle s'est engagé M. Jomâa. La Tunisie est économiquement dans l'impasse, estiment les Américains, et a besoin de financements urgents pour faire face aux dépenses vertigineuses de l'Etat. La solution politique entamée jusque là, avec ce gouvernement de technocrates, est la bonne, d'après les Américains, mais elle ne peut être que provisoire. Sur le long terme, une solution d'un gouvernement de compétences ayant une assise populaire solide est impérative pour sauver la Tunisie du marasme dans lequel elle vit. Pour les responsables américains, il est certain que cette solution ne peut être envisagée que s'il y a des élections libres et transparentes, sauf qu'ils ne sont pas du tout d'accord sur les candidats qui vont se présenter à ces élections et le chemin pris par les différents partis politiques. S'ils considèrent comme caricatural le fait que des Bahri Jelassi et Hachemi Hamdi annoncent leurs candidatures, ils ne veulent pas entendre parler, non plus, d'Ennahdha et de Moncef Marzouki à cette course pour la magistrature suprême. Un haut responsable du State Department a fait d'ailleurs remarquer que les Etats-Unis n'ont invité ni Hamadi Jebali, ni Ali Laârayedh, ni Moncef Marzouki pour rencontrer Barack Obama. C'est ce qu'ils ont pourtant fait avec Béji Caïd Essebsi et Mehdi Jomâa. Ce que les Etats-Unis prévoient, d'après notre interlocuteur, c'est de sauver les apparences, comme cela a été le cas en Egypte. C'est-à-dire qu'il y aura bel et bien des élections démocratiques et transparentes, mais ils demandent à ce que Mehdi Jomâa se présente à ces élections. Or ceci est contraire à la feuille de route et à l'engagement du chef du gouvernement de ne pas se porter candidat. Les Américains balaient d'un trait l'argument et estiment qu'il peut être solutionné par le biais d'une bonne communication médiatique. Ils rappellent que les 217 membres de l'ANC n'ont été élus que pour un an, or ils sont encore là deux ans et demi après leur élection. Ils rappellent que Moncef Marzouki s'est engagé fermement et devant tout le monde à démissionner au bout de six mois. Tout ce beau monde est encore là et la rue tunisienne semble s'accommoder de ces promesses non tenues. En clair, une promesse non tenue, de plus ou de moins, ne modifiera pas grand-chose. D'autant plus que Mehdi Jomâa va se présenter comme le sauveur de la nation, face à une crise économique sans précédent héritée par la gestion de la troïka et à une opposition des plus chancelantes, et sans programme concret. Aux yeux des Américains, l'opposition est plus occupée par ses guerres d'ego internes que par la situation du pays. En bref, et face à cette impasse, les Américains ne voient l'issue et le bout du tunnel qu'avec Mehdi Jomâa. Le chef du gouvernement était très bien surpris par ces propositions et par cet ordre du jour dans sa rencontre avec Barack Obama. Il s'est gardé de toute réponse, pour le moment, en attendant de voir le président US. D'ailleurs, il n'est pas le seul à être surpris, les lecteurs de Business News doivent l'être aussi puisque d'aussi grossières révélations ne sauraient fuiter dans les médias, à moins qu'il ne s'agisse d'un poisson d'avril. Et c'est bien le cas puisque nous sommes le 1er avril 2014 ! La rédaction de Business News a décidé (à l'unanimité) d'offrir à ses lecteurs cette blague et s'excuse auprès de tous ceux qui se sont fait piéger.