« Tu recules, t'es mort ». C'est une règle basique. Ce sont des b.a.-ba. Il ne faut pas être expert politicien ou fin guerrier pour connaitre cette évidence. Et pourtant, le président Moncef Marzouki, chef suprême des armées de la Tunisie, méconnait cette vérité cent milliards de fois vérifiée. Nous sommes le 6 mai 2014. Moncef Marzouki se rend au mont Châambi et lance un appel aux éléments terroristes n'ayant pas encore commis de crimes, les enjoignant de rendre les armes, en indiquant qu'ils pourraient, dans ce cas, bénéficier d'une amnistie. Il a précisé que lors du dernier conseil sécuritaire, il a été décidé que des lois iront vers ce sens. Dans la foulée de son envolée lyrique, il affirme qu'aucune zone du pays n'est sous la coupe des terroristes. Super ! On va (de nouveau) aller faire du sport au Châambi ! Les CPR, aveuglés par Marzouki, se frottent déjà les mains, pressés d'y aller faire leur gym quotidienne. Et voilà ! C'est parti ! Une, deux, une, deux, une, deux, on écarte les jambes, et… Nous sommes le vendredi 23 mai. Notre correspondant à Kasserine nous annonce la mort d'un soldat, suite à l'explosion d'une mine. L'information est bloquée, on ne veut pas le croire. D'autres médias la relaient néanmoins. D'autres parlent juste d'une explosion. Le correspondant part à l'hôpital vérifier. Il vérifie, il confirme. Un mort, Rabah Awadi, et cinq blessés dont un sera amputé de la jambe. Plus tard dans la journée, un deuxième mort est annoncé, Ali May. Entre les deux dates, là où Marzouki annonçait aux siens (puisque nous autres, nous ne l'écoutons plus) qu'ils allaient faire du sport, les bombardements de l'armée s'intensifient. Le 14 mai, dans une zone qui est supposée avoir été contrôlée par l'armée, on annonce une explosion qui a fait un blessé grave dans les rangs de l'Armée nationale. L'information est passée quasiment inaperçue. Il n'y a qu'un blessé, après tout ! On commence à s'habituer ! Paix à vos âmes chers soldats, vous qui mourrez pour nous ! Grands hommages chers soldats vous qui vous voyez amputés pour que nous, citoyens de premier ordre vivant dans les grandes villes, puissions vivre en toute démocratie, jouir de notre liberté d'expression et débattre de la dépénalisation du cannabis. Continuez à mourir pour que Marzouki continue à vivre à Carthage et rédiger des articles à Al Jazeera. Continuez à mourir pour que d'autres travaillent pour la vérité et la dignité et tirent, de leur instance, pouvoir, salaire et vengeance. Quand il a été chargé du poste du chef du gouvernement, la première mission de Mehdi Jomâa était de rétablir la sécurité et d'affronter le terrorisme. Le terrorisme au mont Châambi, mais aussi à nos frontières sud avec la Libye qui s'apprête à entamer une guerre fratricide. C'est là la première mission de Mehdi Jomâa et, au vu du bilan sanglant de la semaine dernière, on peut dire qu'il n'a pas encore réussi, pour ne pas dire qu'il a échoué. Pouvait-il faire mieux ? Oui, assurément, s'il n'y avait pas ces interférences dans son travail. Avec sa sortie du 6 mai, Moncef Marzouki parasite à merveille le travail de nos forces armées et de nos forces de sécurité. Qu'est-ce que cela veut dire de proposer, à des terroristes réfugiés dans le maquis, une amnistie ? Réponse : « Nous, l'Etat, avons échoué à vous déloger de la forêt où vous êtes et nous vous demandons (solennellement) de venir signer la paix ! ». Le même Marzouki, qui joue aux paons devant les journalistes et les barons du régime Ben Ali, devient agneau devant une bande de terroristes. Le message adressé à ceux-ci est on ne peut plus clair et leur réponse est des plus limpides. Que Marzouki parle de Droits de l'Homme s'il le veut, mais qu'il se rappelle que feu Ali May avait aussi un droit ! Un droit de vie ! Qu'il se rappelle que Rabah Awadi avait aussi un droit, tout comme son orphelin de cinq ans. Le dernier communiqué officiel du CPR est relatif à la consommation de cannabis et la dernière déclaration de leur SG est relative aux affaires internes libyennes. Nos soldats morts au Chaâmbi ne figurent visiblement pas parmi les priorités du parti présidentiel, puisqu'il n'y a pas eu de communiqué condamnant l'horreur qu'ils ont subie. Cela veut tout dire sur l'esprit qui prévaut à Carthage. Samedi 24 mai, devant les caméras, le président Moncef Marzouki a porté le cercueil de l'un de nos soldats morts la veille. C'est le troisième ? Quatrième ? Cinquième peut-être ? N'en a-t-il pas marre de rester à Carthage et de jouer aux croque-morts ? Ne se rend-il pas compte qu'il est en partie responsable de ce qui se passe ? Il doit y avoir une fin à tout et celle de Marzouki au palais de Carthage a été sonnée depuis longtemps ! Tant qu'il n'a pas compris que l'impact de ses paroles est fatal, tant qu'il y aura encore des morts !