Comme le faisait exactement l'ancien régime et usant parfaitement des méthodes des milices de Ben Ali, Imed Daïmi, secrétaire général du CPR, n'hésite pas un instant à mettre en doute la crédibilité d'institutions nationales quand elles ne sont pas du même bord que lui. Il fait souvent cela avec les médias et voici qu'il le fait maintenant avec les instituts de sondage. Dans une publication postée sur sa page Facebook dans la nuit du mardi 25 au jeudi 26 novembre, Imed Daïmi relève les différences entre les chiffres réels donnés hier par l'Instance supérieure indépendante des élections et ceux donnés dimanche à la sortie des urnes par les instituts de sondage. Il exige des trois instituts Sigma Conseil, Emrhod et 3C Etudes des excuses car, à ses yeux, ils ont trompé l'opinion publique et ont touché la sensibilité et le moral de millions de personnes. Et de finir son post par un hashtag « fais bien tes calculs ! ». Ce qu'il y a à relever, c'est que deux des trois instituts de sondage (Sigma et Emrhod) ont donné des chiffres exacts pour les cinq premiers candidats en prenant en considération les marges d'erreur classiques tolérées dans la profession. Ces marges sont de 2 à 3% généralement et ce pour les grands instituts européens. Ce qu'il y a aussi à relever, c'est que pour avoir des chiffres très proches de la réalité, les instituts doivent se baser sur les résultats d'élections antécédentes afin de pouvoir déterminer quels sont les bureaux types dont le vote est similaire au vote national. Or en Tunisie, il n'y a pas eu suffisamment d'élections pour pouvoir répondre à cette exigence scientifique et permettre aux instituts de sondage de réduire leurs marges d'erreur. Enfin, il est bon aussi de rappeler qu'à l'exception des deux premiers candidats, les trois instituts tunisiens ont donné des chiffres quasiment exacts avec une marge d'erreur inférieure à un et qu'ils ont réalisé toutes leurs études en un temps record, à peine une heure après la fermeture des bureaux de vote. Au vu du manque d'expérience qu'ils ont, ces instituts ont tout simplement fait un exploit. Imed Daïmi ne voit pas les choses de cette façon et préfère dénigrer et mettre en doute des institutions nationales qui emploient des compétences et essaient, du mieux qu'ils peuvent, de donner le meilleur rendement possible. M. Daïmi oublie surtout qu'en matière d'erreurs, ce sont les CPR qui ont trompé lourdement l'opinion publique aussi bien dans les législatives que dans la présidentielle. Adnène Mansar, Béchir Nefzi ou encore Samir Ben Amor ont multiplié les déclarations indiquant que Moncef Marzouki était premier. Adnène Mansar est allé jusqu'à dire que son candidat dépassait Béji Caïd Essebsi de deux à quatre points ! Aucune excuse n'a été exigée de la part de ces dirigeants qui ont réellement manipulé l'opinion publique avec des données erronées. Il est vrai que les Tunisiens ne sont pas habitués aux données scientifiques des instituts de sondage, notamment les leaders du CPR qui faisaient les sondages d'opinion dans les cafés populaires comme l'a déclaré, un jour, l'ancien conseiller en communication de la présidence Mohamed Henid. R.B.H. A lire également : Comparatif entre les résultats des instituts de sondage et ceux de l'ISIE