Dans une interview publiée ce vendredi 26 décembre 2014 par le journal électronique arabophone Echorouk On line, le président du parti Ennahdha, Rached Ghannouchi, a donné son analyse des résultats électoraux. Il a considéré, en effet, que les partis destouriens ainsi que ceux qui affichaient une inimitié envers l'ancien régime étaient lourdement sanctionnés par les Tunisiens. « Ces derniers ont voté en faveur du courant modéré représenté par Ennahdha et Nidaa Tounes, même les partis de gauche ont migré vers le centre pour parvenir à obtenir des voix lors des derniers scrutins » a-t-il lâché. « Je n'ai pas confiance en Nidaa Tounes, mais j'ai confiance aux Tunisiens. Notre peuple n'autorisera pas le retour de l'ancien régime » a-t-il répondu à une question posée par le journaliste. Et d'ajouter qu'il refuse de faire le parallèle entre Nidaa et le RCD dissout. « Je ne prends pas la défense de Nidaa […] Mais je trouve qu'il est insultant de dire que les Tunisiens avaient accordé leur voix pour un parti contre qui la révolution s'est dressée » a-t-il argué. Quant aux émeutes qui se sont déclenchées dans différentes régions du pays pour protester contre la fiabilité des élections, le président du mouvement Ennahdha a tenu à préciser que seulement trois délégations sur un total de 264 avaient connu des incidents violents. « Il ne faut pas amplifier et décrire la situation comme si la Tunisie brulait de partout. J'ai été en visite à El Hamma et il n'y avait pas de violence. C'était calme […] De plus Marzouki avait reconnu les résultats et félicité le vainqueur, pourquoi être alors plus royaliste que le roi ?» a-t-il déclaré. Au sujet de la démission de Hamadi Jebali, M. Ghannouchi a indiqué que ce n'est pas une première que des personnalités politiques de taille quittent le parti pour des raisons personnelles. « Certains comme Abdelafateh Mourou y sont revenus après avoir passé deux décennies en dehors du parti et il est aujourd'hui le vice-président et du mouvement et de l'ARP » a-t-il poursuivi. « J'ai appris que pendant le meeting de Marzouki lors duquel il a annoncé la création du Mouvement du Peuple des Citoyens un grand nombre de ceux qui y étaient présents avaient clamé le slogan : « Le peuple veut Ennahdha de nouveau ! ». Nos militants avaient choisi de rejoindre le mouvement par conviction. Leur choix n'est ni passager ni banal » a-t-il affirmé. M. Ennahdha a, par ailleurs, salué la position solide de l'Algérie qui a refusé d'intégrer le mouvement des Frères musulmans sur la liste des organisations terroristes « Une demande a été présentée à Bouteflika dans ce sens. Sa réponse était : Ceux-là avaient participé au pouvoir, combattu le terrorisme et sont un pilier du régime » a-t-il conclu.