Annoncée hier, la conférence de presse organisée par Nabil Karoui et Chafik Jarreya ce vendredi 13 mars 2015 a débuté aux alentours de 11 heures alors que se tenait dans une salle mitoyenne une autre conférence, celle du Comité constitutif de Nidaa. C'est devant une salle comble que les intervenants ont pris la parole, en l'absence de Nabil Karoui. Chafik Jarreya a déclaré que ses données personnelles ont été violées sous le gouvernement Jomâa et que le ministère de l'Intérieur est responsable. « Où est l'autorisation de me mettre sous écoute », a-t-il clamé. « J'ai joué un grand rôle en mettant à disposition mon argent et mon temps pour faire libérer les diplomates tunisiens retenus en Libye. J'occupe un poste à la chambre de commerce de sfax. J'ai donc le droit d'avoir des contacts en Libye », a déclaré M. Jarreya. Tout en s'interrogeant sur l'action de la diplomatie tunisienne, Chafik Jarreya a indiqué qu'il agit en faveur des Tunisiens en Libye. « Je jouerai aussi un grand rôle pour libérer Guetari et Chourabi », a-t-il ajouté. M.Jarreya a accusé le gouvernement Mehdi Jomâa d'avoir exclu la Tunisie du rôle qu'elle pouvait jouer dans la crise libyenne. « Le dialogue libyen se passe en Algérie et on est complètement exclus », a-t-il fait remarquer avant d'ajouter que, pour sa part, il a plusieurs contacts en Libye et qu'il a fait des efforts pour réunir les factions libyennes.
« Si moi je blanchis Abdelhakim Belhaj, alors tous les leaders du monde le font aussi. Pourquoi la justice tunisienne n'a pas classé Belhaj en tant que terroriste ? » s'est-il interrogé ajoutant qu'il attend que les autorités tunisiennes prennent position clairement par rapport à Belhaj. « Walid Jalled m'a accusé avec Nabil Karoui et Hafedh Caïd Essebsi de complot. Il sous-estime l'intelligence tunisienne ! », selon Chafik Jarreya.
L'homme d'affaires controversé a conclu son intervention en mentionnant que « 3,8 millions de dollars ont été prévus en tant que don de la Libye à la Tunisie pour développer les régions frontalières. Où est passé cet argent? », s'est-il demandé.
Reprenant la parole ensuite, Chafik Jarreya a avancé que Walid Jalled est venu chez lui pour représenter Ridha belhaj qui disait avoir reçu des documents de Kamel Letaief incriminant Jarreya. Il lui aurait alors dit qu'il ne doit pas avoir peur puisque Belhaj a le pouvoir en main. « Je n'ai aucun rapport avec Nidaa Tounes. Alors qu'ils se battent depuis deux ans, ils veulent maintenant me rendre responsable de ces conflits avec un camouflage », a-t-il accusé. Revenant à Walid Jalled, Jarreya a déclaré qu'il faut « vérifier les capacités mentales de celui-ci. Ça fait deux ans qu'il présente des certificats pour ne pas travailler », a-t-il rétorqué.
« C'est Kamel Letaief qui contrôle la police parallèle », a affirmé Chafik Jarreya ajoutant que Imed Bouaoun est responsable des fuites au profit de Letaief. « Celui-ci envoie des menaces à travers Jalled, notamment car ce dernier n'est qu'un pion», a-t-il indiqué, en disant aussi avoir été menacé par Ridha Belhaj. « S'ils sont des hommes, Belhaj et Marzouk devraient m'évoquer publiquement. Quant à moi, j'ai rendu hier mon adhésion à Nidaa Tounes », a dit M. Jarreya. « Ridha Belhaj ne peut pas entrer aux toilettes sans l'autorisation de son maître Kamel Letaief », a clamé l'intervenant. « Il y a un terrorisme d'Etat pratiqué par Ridha Belhaj », a avancé l'homme d'affaires . Ce dernier a appelé ensuite le président de la République à intervenir pour mettre un terme à la confusion qu'il a évoquée. « Ce qui m'est arrivé peut vous arriver aussi », a-t-il indiqué
Prenant la parole ensuite, l'avocat et ancien député Fayçal Jadlaoui a rappelé que la constitution dans son article 24 protège les données personnelles. Mettre Jarreya sous écoute est une atteinte à la constitution, a-t-il déduit, en notant que les personnes responsables sont punissables par la loi. « Les service du MI n'ont pas fait de procédure pour avoir une autorisation légale», a avancé M.Jadlaoui qui a fait remarquer que, depuis trois ans, on parle de police parallèle sans savoir à qui elle appartient. C'est une question de sécurité nationale », a-t-il noté. Fayçal Jadlaoui a accusé Walid Jalled de vouloir régler cette histoire sur les plateaux au lieu de le faire à travers la loi car, selon lui, il s'agit « d'une vendetta personnelle et un règlement de compte ». Ramzi Trabelsi et Nabil Karoui ont porté plainte, a rappelé M.Jadlaoui qui dit avoir des preuves sur des implications internes et externes au MI. Celui-ci a clamé que les actes dont ont été victimes Karoui et Jarreya sont punissables par la loi.