Une crise aigue agite, ces derniers jours, le parti Nidaa Tounes. Chafik Jarreya, Walid Jalled, Khemaïes Ksila et Lazher Akermi font partie des protagonistes de ladite crise. L'homme d'affaires, à la réputation sulfureuse, Chafik Jarreya a tenu une conférence de presse pour répondre de certaines accusations. Le ton est monté et la guerre des lobbies au sein du parti occupe l'espace médiatique. Au deuxième étage de l'Africa, il y avait des dizaines de journalistes. Deux conférences de presse se tenaient simultanément à quelques mètres de distance, celle du comité constitutif de Nidaa Tounes et celle de Chafik Jarreya. La deuxième conférence de presse devait voir la participation de l'homme d'affaires ainsi que celle de Nabil Karoui, patron de la chaîne Nessma TV. Toutefois, ce dernier a brillé par son absence. Ceci n'a, en rien, diminué la verve de Chafik Jarreya. L'homme d'affaires estime être la victime d'écoutes téléphoniques illégales et de faire l'objet de tentatives de racket entreprises par Kamel Letaïef à travers Ridha Belhaj, directeur du cabinet présidentiel, et Walid Jalled, élu Nidaa Tounes à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP).
Chafik Jarreya a formulé de graves accusations à l'encontre de plusieurs personnes lors de cette conférence de presse. Il a déclaré que Walid Jellad, l'élu qui le vilipende dans les médias, est venu chez lui à plusieurs reprises. L'élu serait allé voir l'homme d'affaires de la part de Ridha Belhaj, directeur du cabinet présidentiel, pour lui qu'il était en possession de plusieurs documents prouvant son incrimination dans des affaire illégales. Mais l'élu a vite fait de rassurer M. Jarreya en précisant qu'il ne devait pas avoir peur de ces documents vu que le « pouvoir » était entre les mains de Ridha Belhaj. Chafik Jarreya n'a pas hésité à qualifier cela de « terrorisme d'Etat » tout en précisant qu'il ne céderait pas face à ce type de pressions. Il a également dit que toutes ces manœuvres étaient pilotées par Kamel Letaïef. Toujours selon Chafik Jarreya, Kamel Letaïef serait également le patron de la police parallèle qui sévit au ministère de l'Intérieur et serait le chef d'orchestre des fuites le concernant. Pour Chafik Jarreya, l'élu Walid Jalled n'est qu'un « boulon dans un moteur ». Il a ajouté que ce dernier n'était pas en possession de tous ses moyens mentaux. D'après des sources de l'homme d'affaires, Walid Jalled présenterait régulièrement des certificats médicaux attestant de maladie mentale pour éviter de travailler dans une usine. La conférence de presse devait permettre à Chafik Jarreya de dénoncer le fait qu'il aurait été la victime d'écoutes téléphoniques illégales. Toutefois, elle lui a servi également de tribune pour insulter et dénigrer plusieurs personnes. En effet, il a dit, dans la conférence, que « Ridha Belhaj demande l'autorisation d'aller aux toilettes à son maître Kamel Letaïef ». Les avocats et conseils de Chafik Jarreya, dont Hazem Ksouri ou encore Fayçal Jadlaoui, affirment qu'ils ont de quoi prouver que les écoutes téléphoniques pratiquées sont illégales. Pour eux, c'est le ministère de l'Intérieur qui en est responsable et particulièrement Imed Bououn, qui serait, lui aussi, à la solde de Kamel Letaïef. Ils auraient donc de quoi prouver que les écoutes n'ont pas été autorisées par la justice tunisienne, ce qui constitue une atteinte à la Constitution. La réponse n'a pas tardé à venir des services incriminés via le journal Business News. Une source responsable au sein du ministère de l'Intérieur a déclaré, en réaction à cette affaire, que toutes les écoutes téléphoniques pratiquées sont conformes à la loi et ne se font qu'en vertu d'une autorisation judiciaire. La même source ajoute que les écoutes téléphoniques, concernant Chafik Jarreya, ont été entreprises dans le cadre de la préservation de la sûreté nationale… Le rapport de toute cette affaire avec Nidaa Tounes est suggéré par certains comme étant une lutte de clans dans laquelle s'affrontent les défenseurs du comité constitutif et ceux qui voudraient mettre fin à sa légitimité. Ces derniers seraient en fait activement soutenus par Chafik Jarreya. Ce dernier nie cela en bloc et s'en défend en disant que les conflits à Nidaa Tounes datent de plus longtemps que son adhésion au parti. En effet, Chafik Jarreya aurait adhéré au parti il y a une quinzaine de jours et il a annoncé, aujourd'hui, qu'il l'avait retirée. Chafik Jarreya tient en grippe deux des principaux dirigeants du parti Nidaa Tounes, Ridha Belhaj et Mohsen Marzouk. Ce dernier s'est exprimé sur le sujet des documents fuités en assurant qu'il n'avait aucun rapport avec cette affaire. Il a ajouté que si Chafik Jarreya ou qui que ce soit d'autre avait n'importe quel grief, il devait s'en référer à la justice. Et c'est bien là la clé de voute de cette histoire. Chafik Jarreya et Nabil Karoui, incriminés dans les documents d'écoute fuités, comptent porter plainte pour que toute la lumière soit faite sur cette affaire. Ils vont se référer à la justice contre l'élu Walid Jalled qui les accusés, notamment, d'avoir reçu de grandes sommes d'argent venant de Abdelhakim Belhaj. La justice devra se saisir de ce scandale politico-judiciaire qui implique plusieurs personnalités en vue de la scène politique tunisienne. Entre des cadres de la présidence de la République et des hommes d'affaires influents, les protagonistes de ce feuilleton seront appelés à s'expliquer. Entre temps, on tente de juguler la crise à Nidaa Tounes et le combat pour le contrôle du parti continue.