Aboul-Kacem Kerrou est décédé dans l'après-midi de samedi 4 avril 2015 à l'âge de 91 ans, après une longue maladie qui l'a tenu éloigné de ses activités littéraires. La Tunisie a perdu un grand chercheur et écrivain, une figure majeure de la culture tunisienne, avec d'innombrables publications qui ont enrichi la bibliothèque arabe et tunisienne. Zeitounien de formation, il appartient à cette génération d'intellectuels engagés qui, dans le sillage des idées révolutionnaires du militant syndicaliste et féministe Tahar Haddad (1899-1935), ont œuvré pour une réforme profonde de l'université islamique et une transformation radicale de la société tunisienne via l'émancipation de la femme et l'abandon des traditions désuètes.
En 1999, décidant de se retirer de la vie publique, Aboul-Kacem Kerrou fit don de 13.000 volumes (livres, dictionnaires, revues...) à la faculté des Lettres de La Manouba. Cette bibliothèque, réunie en une salle portant son nom, constitue un véritable trésor culturel puisqu'elle comporte tout ce qui a été publié sur la Tunisie et le Maghreb depuis le XIXe siècle et elle contient 2.000 livres consacrés au poète Chebbi et publiés dans toutes les langues.