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L'homme qui a ranimé la foi et galvanisé les espoirs
Patrimoine - Haddad et la presse d'expression française : Un aspect méconnu de la querelle, de Manoubia Ben Ghedahem
Publié dans La Presse de Tunisie le 21 - 02 - 2012

• L'auteur est chercheur universitaire et professeur spécialisée dans l'analyse des techniques de l'écriture. Des champs d'investigation sont multiples dont la littérature tunisienne contemporaine. Prochainement, elle se prépare à publier un ouvrage entièrement consacré à son ancêtre, Ali Ben Ghedahem, l'homme qui a osé s'opposer vaillamment au despotisme des beys husseïnites
L'ouvrage de Manoubia Ben Ghedahem vient de faire l'objet d'une seconde réédition — la première, celle de 2009, étant épuisée —, c'est dire l'engouement du public pour un écrivain qui, de son vivant, a été le plus controversé dans l'espace littéraire tunisien. La polémique suscitée par «Notre femme dans la religion et la société» a été d'une violence inouïe. Un raz-de-marée de haine et d'intolérance qui a justifié son ex-communication. Tahar Haddad a mal vécu l'anathème, cet acte de réprobation générale. Qu'a-t-il bien pu écrire de si grave pour que la situation dégénère et évolue au point de jeter le discrédit sur sa vie la plus intime ?
Qui est Tahar Haddad ?
Originaire d'El Hamma de Gabès, il est né en 1899 à Tunis. Il fit ses études à la Zitouna et obtint en 1920 son diplôme de fin d'études «Ettataw», l'habilitant à enseigner dans cette université et à exercer la charge de notaire. Il ne fit ni l'un ni l'autre et se dévoua pour la cause tunisienne. Il fut l'un des fondateurs du Vieux Destour avec Abdelaziz Thaâlbi en 1920, chargé de l'information et de la propagande. En 1923, il se lia avec son cousin Mohamed Ali Hammi dont il devint rapidement le bras droit et l'aida à fonder le premier syndicat des ouvriers tunisiens, la Cgtt en 1924. Tahar Haddad a publié deux grands ouvrages qui eurent un profond retentissement. En 1927, parut son premier livre, Les travailleurs tunisiens et la naissance du mouvement syndical dans lequel il analysa les conditions de la création de la Cgtt et les raisons de son échec, et en 1930 son fameux livre Notre femme dans la religion et la société.
En fait, l'aide apportée par Haddad à Mohamed Ali Hammi se révéla précieuse et efficace. Elle permit à ce dernier de faire aboutir son projet : celui de créer en novembre 1924 la première centrale syndicale tunisienne et arabe, la Confédération générale tunisienne du travail (Cgtt). C'était aussi la première «affirmation d'un syndicalisme national de tout l'Empire français». Cette action a été perçue comme une menace directe pour les intérêts de la France qui se dépêcha de sévir en menant une vaste campagne de manipulation qui eut pour résultat l'exil de Mohamed Ali en Arabie. Les choses commençaient à se tasser lorsqu'en 1927 parut Les travailleurs tunisiens et la naissance du mouvement syndical, immédiatement saisi et censuré par le gouvernement français. Cet interdit a tôt fait de produire l'effet contraire, puisqu'il contribua à faire connaître son auteur. Les quelques livres qui ont échappé à la police se vendirent sous le manteau, ce qui renforça le prestige de Haddad. Ce livre servait un autre dessein qu'il utilisa pour pourfendre les hypocrites du Vieux Destour.
L'année 1930 était un grand moment dans l'histoire de l'Empire français, celle du centenaire de l'Algérie française qui préludait à l'exposition coloniale de Vincennes et à la célébration du cinquantenaire de l'établissement du Protectorat en Tunisie. En septembre 1930 eut lieu à Carthage un grand congrès religieux chrétien, le congrès encharistique qui donna lieu à tout un ensemble de festivités et de parades dignes de la grandeur de l'Empire français et de l'avilissement de la Régence de Tunis. Le Bey fut convié, de même que les honorables cheikhs, malikites et hanéfites qui, parés de leurs plus beaux atours, cautionnèrent de leur présence la pire humiliation infligée aux musulmans, eux qui étaient supposés défendre l'Islam.
Haddad et de nombreux journaux traiteront de tous les noms d'oiseaux possibles les honorables cheikhs de la prestigieuse et vénérable université, dont la réputation et le renom ont été ternis.
Ils n'eurent pas à attendre longtemps puisque le 5 octobre 1930, paraissait l'ouvrage tant contesté sur la femme.
La réaction de la presse
L'auteur a mené un travail de fourmi pour compiler et réunir les divers articles publiés dans la presse de langue française, seule à soutenir Tahar Haddad dans cette querelle, beaucoup plus perçue comme une simple polémique. Rarement un livre aura suscité de pareilles réactions. D'un côté, il fut salué par la presse francophone comme un événement rendu en hommage à la femme musulmane pour sa patience face à l'hégémonie de l'homme qui refuse son émancipation; et de l'autre, la presse arabophone stupidement hostile à la scolarité de la femme, considérée comme un acte propre à dévoyer et à détourner du droit chemin et de la bonne morale la femme musulmane.
Ces journaux francophones étaient au nombre de cinq : Le croissant, Tunis socialiste, La voix du Tunisien, La Tunisie française et Le petit matin. Les journalistes qui ont âprement défendu Haddad étaient Abdelaziz Laroui, Chédly Khaznadar, Chédly Khayrallah, Dr Mahmoud Materi, Mohamed Noomane, Chedly Damargi; des juifs tunisiens, Cohen-Hadria, Dr M. Zarka, E. Saliba et également des Européens, Alexandre Fichet, fondateur de l'Ecole de Tunis et André Duran-Angliviel.
En décembre 1935 mourait Tahar Haddad qui, par son action, a brisé le tort fait à l'Islam, longtemps considéré comme une religion rétrograde, désuète, incompatible avec la modernité et dont les adeptes sont, par définition, des êtres contemplatifs, fatalistes, n'ayant en vue que les félicités qui les attendent dans l'au-delà, assistant, sans s'y mêler, à la marche des peuples vers le progrès.
Haddad et la presse d'expression française : Un aspect méconnu de la querelle — Ichraq Editions 2009 et 2012


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