La première déclaration de l'ancien ministre des Domaines de l'Etat, Salim Ben Hamidène, après son interrogatoire par la brigade criminelle d'El Gorjani, s'est résumée à un post sur sa page Facebook une attaque en bonne et due forme contre les médias et les juges. Grand adepte de la théorie du complot, Salim Ben Hamidène confirme sa réputation en accusant les médias et les juges, sans consacrer ne serait-ce qu'une phrase à l'affaire dans laquelle il a été interrogé par la Criminelle, à savoir cette histoire de racket de l'homme d'affaires Hamadi Touil. Dans ce post publié hier vendredi 17 avril dans la soirée, juste après avoir quitté la caserne d'El Gorjani, Salim Ben Hamidène indique qu'il y a une campagne orchestrée contre sa personne et ce n'est qu'une diversion à travers la technique de la poudre aux yeux. Comme d'habitude, M. Ben Hamidène donne des leçons en indiquant qu'au « lieu de parler de la corruption et des corrompus, de les lyncher médiatiquement et d'engager des poursuites judiciaires contre eux, on oriente les regards vers l'insignifiant et les à-côtés et on crée des histoires de 1001 nuits pour troubler l'opinion publique. On lui donne ainsi l'impression de la corruption de la nouvelle classe politique afin de la mettre dans une position de défense. Cette stratégie est mise en place par une bande organisée aux grands moyens matériels et humains semblable à la mafia italienne Cosa Nostra. Cette bande a le bras long dans l'appareil de l'Etat (administration, justice et forces de sécurité) et dans la société civile (médias, organisations professionnelles, syndicats, associations et des pseudos personnalités publiques). Le chef de cette bande bénéficie d'un soutien international et d'une immunité qui dépasse celles des présidents et députés (…) ».
Le post FB de l'ancien ministre a généré un élan de sympathie parmi ses fans, mais on ne lira aucune opinion contraire, puisqu'elles sont toutes censurées ou interdites d'accès. On verra même la « mythique » Olfa Hilali (rendue célèbre par sa formule « nous sommes tous zinzins au CPR ») qui reprend des insultes contre les médias, qualifiés de torchons électroniques, et mettant en doute les informations relatives à l'interrogatoire de Salim Ben Hamidène, indiquant que ce dernier est à l'étranger. En réponse à ses « fans », l'ancien ministre s'est permis une salve contre les juges : « Nous sommes devant un nouveau phénomène destructeur de notre jeune démocratie : le gouvernement des juges ! Certains dossiers meurent cliniquement dans les tiroirs des tribunaux depuis x temps et sont malicieusement éclipsés par les médias de l'anti-révolution alors que bien d'autres affaires ont été promptement jugées et largement médiatisées. »
On rappelle que le nom de Salim Ben Hamidène est actuellement évoqué dans l'affaire de racket dans laquelle a été arrêté l'animateur Samir El Wafi. Quand il était ministre, Ben Hamidène a publié des rapports épinglant l'homme d'affaires et des hommes de médias dans l'objectif de les salir, puisque ces rapports sont bourrés de contrevérités et tromperies. Comme par hasard, ces rapports ont été publiés de nouveau ces derniers jours après le déclenchement du scandale de Samir El Wafi, par des médias réputés proches du CPR. Outre cette affaire, dans laquelle il sera de nouveau interrogé la semaine prochaine, le nom de Salim Ben Hamidène a été précédemment évoqué au sein de l'Ordre des avocats dans une affaire de falsification de diplômes pour exercer le métier d'avocat, du temps où Chawki Tabib était bâtonnier. Cette affaire a été rapidement étouffée à l'époque, mais on l'évoque de nouveau actuellement. Des audits sont par ailleurs en cours au niveau du ministère des Domaines de l'Etat et des journalistes planchent sur des affaires impliquant Ben Hamidène et une société turque, et un compte bancaire ouvert au Bahreïn au nom d'un membre de sa famille. Pour le moment, nous n'avons vu aucun soutien de la part de ses camarades CPR qui, d'habitude, sont très réactifs sur les réseaux sociaux quand il s'agit de défendre l'un des leurs.