Le leader d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, a accordé, une interview au journal algérien « El Khabar » publiée dans son édition du dimanche 5 juillet 2015, et dans laquelle il est revenu sur l'attaque terroriste de Sousse et sa dernière rencontre avec le président Bouteflika. Ainsi, M. Ghannouchi a expliqué que les bénéficiaires de cet attentat sanglant sont «les ennemis de la démocratie en Tunisie qui ne veulent pas son bien ». Pour lui, le modèle tunisien basé sur la conciliation nationale est la cible de cette attaque pour transformer la réussite de l'Etat en échec, en frappant son tourisme et son économie. En réponse à une question d'El Khabar, il a indiqué qu'il ne pense pas que cette attaque intervient en réaction à la politique du gouvernement, notamment en ce qui concerne la fermeture des mosquées jusqu'à la régularisation de leur situation. «Nous sommes pour l'application de la loi sur tout le monde, sans prendre en considération aucune couleur politique. Certains pensent qu'il s'agit d'un retour vers l'Etat policier mais nous ne pensons pas que cela soit possible», a-t-il précisé, ajoutant qu'il y a certaines parties qui investissent dans les malheurs qui touchent le pays pour attaquer leur adversaires, ce qui immoral et contre l'intérêt du pays. Par ailleurs, le leader d'Ennahdha s'est prononcé contre un remaniement ministériel actuellement : «Nous ne pensons pas que le timing soit bon. L'Etat a besoin de soutien pour se rétablir. Quant l'Etat est en train de mener une guerre, il faut s'unir autour de lui et y rallier toutes les forces populaires. La situation réclame une unité nationale», a-t-il souligné.
Concernant sa rencontre avec le président algérien, Rached Ghannouchi a indiqué que Abdelaziz Bouteflika a réitéré tout le soutien de son pays à la Tunisie à tous les niveaux. Ce dernier a affirmé que l'Algérie met à la disposition de la Tunisie toutes ses ressources et qu'elle veille à la sécurité, la stabilité et la prospérité de la Tunisie pour qu'elle ne soit pas la cible du terrorisme. Interrogé sur les besoins de la Tunisie dans cette épreuve, M. Ghannouchi a noté que la Tunisie est reconnaissante pour la solidarité du peuple algérien, notamment à travers son encouragement pour le tourisme tunisien. Pour lui, les pays devront développer davantage les échanges commerciaux entre les deux pays. Il a aussi mis en avant l'expertise de l'Algérie dans le combat contre le terrorisme, dont la Tunisie pourrait bénéficier, notamment en augmentant le niveau de coordination entre les systèmes sécuritaires des deux pays, au niveau central et frontalier. Interrogé sur la possibilité de proposer un projet de réconciliation comme l'expérience algérienne, avec les hommes armés qui acceptent de baisser leurs armes et de retourner dans la société, Rached Ghannouchi a expliqué que cette option n'est pas à l'étude pour le moment. Ce qui d'actualité c'est de combattre ces personnes jusqu'à ce qu'ils trouvent le chemin de la paix ou qu'ils soient réduits à néant. «Travailler en paix est possible en Tunisie alors pourquoi un groupe s'attaquerait à tout un peuple, sous prétexte qu'il détient la vérité ?». Concernant l'idée d'accorder une amnistie pour ceux qui se repentent, Rached Ghannouchi a indiqué que ce sujet doit être débattu par la société dans le cadre d'un dialogue national pour convenir d'une stratégie de lutte contre le terrorisme. Cette stratégie s'intéresserait à tous les moyens de faire face à ce fléau, sur les niveaux sécuritaire, législatif, judiciaire ainsi que sur les plans culturel, éducatif et religieux.