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Interview de René Trabelsi : Comme un boxeur, la Tunisie devra apprendre à encaisser les coups
Publié dans Business News le 24 - 07 - 2015

René Trabelsi, homme d'affaires et patron de Royal First Travel (RFT), a accordé une interview à Business News dans laquelle il livre sa recette pour sauver le tourisme et sortir le pays de la crise. Chaleureux et très naturel, René Trabelsi a répondu à nos questions sur les répercussions de l'attentat de Sousse, la gestion de l'après-attaque et la prestation de la ministre du Tourisme.


Aujourd'hui, après l'attaque de Sousse, comment faut-il agir pour sauver les meubles ?

Sauver les meubles ne sera pas possible à mon avis. Par contre, il est possible de limiter les dégâts.
Nous devons, aujourd'hui, apprendre à encaisser les coups comme un boxeur. Il n'est plus possible de penser qu'on ne risque rien ou que nos touristes ne seront jamais attaqués. Le terrorisme est un phénomène international. Il frappe partout et n'importe où et la Tunisie comme le reste des pays n'est pas à l'abri. Nous devons donc apprendre à vivre normalement sans toutefois oublier que le risque d'attaques terroristes n'est pas nul. A partir de là, il faut être prêt mentalement et médiatiquement. En même temps, il faut assurer une sécurité qui soit digne d'un pays touristique. Non seulement autour des hôtels ou à l'intérieur, mais surtout à partir des frontières. Sur ce point, les services de renseignement ont un rôle si important à jouer.

Parlant toujours de sécurité, je suis personnellement contre le fait que des membres de la Garde nationale ou des policiers armés soient déployés sur les plages, à quelques mètres des touristes qui sont là pour se détendre, s'amuser, déstresser et non pour avoir un stress supplémentaire. Si c'est pour quelques jours ca peut être acceptable, mais ca ne doit pas durer.

Un autre point qui me parait aussi essentiel. C'est de rassurer les marchés étrangers, notamment ceux européens. Comme lorsque nous étions partis voir les Anglais pour les rassurer, mais pour également leur dire que nous avons besoin d'eux. Je le répète : le marché européen est vital pour notre tourisme. Il est vrai qu'en ce moment on parle beaucoup de tourisme local ou de tourisme algérien et libyen, mais je pense que ce marché reste complémentaire. Je ne crois pas, en effet, qu'il soit capable de combler, à lui seul, tout le besoin des hôteliers. Ca ne permet que de compléter le remplissage des hôtels. De plus, la Tunisie a besoin de devise, d'où la nécessité de préserver les marchés traditionnels européens. Les Tunisiens sont certes les bienvenus chez eux dans les hôtels. Nous devons leur faire des faveurs pour les attirer davantage. Toutefois, je ne crois pas qu'on puisse compter uniquement sur cette clientèle locale pour sauver le secteur. Passer quinze jours dans un hôtel en famille n'est pas à la portée de tout le monde, surtout que le pouvoir d'achat s'est dégradé ces dernières années.

Pour cette année, je ne pense pas que le marché d'hiver sera florissant. Ce sera une période très difficile, voire catastrophique. Nous espérons que la situation commence à se débloquer à partir d'avril 2016. D'ici là, nous devons nous préparer pour cette échéance, en restructurant de nouveau le secteur, en améliorant la qualité de service et en formant le personnel des hôtels, les guides ainsi que les agents de voyage.


Y a-t-il eu des défaillances de la part du ministère du Tourisme dans la gestion de l'après-attaque ? Et si oui, lesquelles ?

Je n'aime pas trop critiquer ce que fait l'administration ou le gouvernement parce que je suis dans un esprit d'unité. Nous devons être très unis dans les circonstances actuelles. Il y a certainement certaines choses auxquelles nous devons réfléchir un peu plus. Je n'ai donc pas de reproches à faire. Cependant, le conseil que je peux donner c'est que dans une situation d'après-attaque terroriste, on doit s'entourer des tours opérateurs tunisiens qui sont aussi installés un peu partout en Europe que ce soit en France, en Angleterre, en Tchéquie, ou ailleurs et les aider financièrement et logistiquement.

On a vu que les grands tours opérateurs étrangers qui sont sur la Tunisie ont laissé tomber la destination après l'attaque de Sousse. On les a vus aussi rapatrier leurs clients pendant la semaine de l'attaque alors que nous les T.O. tunisiens nous n'avons jamais rapatrié de touristes. Au contraire, nous avons essayé de convaincre les clients qui voulaient annuler leur séjour de rester ou de les amener sur d'autres stations comme Djerba par exemple.

Aujourd'hui, après quatre ans de crise, les T.O. tunisiens n'ont plus les moyens d'affréter des avions. Et c'est là que le ministère du Tourisme peut intervenir. Le gouvernement a demandé à Tunisair de faire des réductions de 30% sur les prix des billets vendus aux Tunisiens résidant à l'étranger ce qui est bien, mais ce serait bien aussi de penser aux tours opérateurs tunisiens. Ce que je propose, à cet égard, c'est de mettre à disposition des T.O. tunisiens des avions avec des prix très bas où l'on mettra exclusivement des touristes et où les sièges vides sont pris en charge par l'Etat. D'ailleurs, c'est ce qu'a fait la Turquie pendant les périodes difficiles. Elle a aidé ses tours opérateurs présents en France, en Angleterre et en Allemagne. Je suis sur aujourd'hui qu'il y a des touristes qui veulent venir de Belgique et d'Italie, mais ils ne trouvent pas d'avion et même en France les prix sont tellement chers cette saison qu'on risque de ne pas avoir beaucoup de touristes. Si on met donc une capacité aérienne sur ces pays avec des tarifs attractifs, on sera capable d'amener beaucoup de touristes.


Comment vous évaluez la prestation de la ministre du Tourisme, Selma Elloumi Rekik ?

C'est une ministre très active. Mais, je ne sais pas si elle pourrait faire plus. Peut être qu'il faudrait créer une cellule spéciale au sein du ministère du Tourisme pour gérer les situations de crise où il y aura des experts en tourisme et pourquoi pas aussi des anciens ministres qui ont vécu des événements tels que la guerre du Golfe ou l'attentat de la synagogue de la Ghriba. Ils seront certainement très utiles en apportant leur expertise à cette administration qui est énorme. Revenons à votre question, je connais Mme Elloumi. C'est quelqu'un de courageux. Elle a fait beaucoup de choses, mais elle ne peut pas éviter les attentats ni obliger les touristes à venir.



Vous avez lancé, il y a quelques semaines, avec d'autres Tunisiens et même étrangers amis de la Tunisie l'initiative «Un avion pour la liberté ». Pouvez-vous nous dire quel était l'impact de cette initiative sur le tourisme et sur l'image de la destination Tunisie ?

C'est une initiative venant de la société civile tunisienne à Paris. C'était des femmes. Elles m'ont appelé pour me dire qu'elles voulaient aider la Tunisie. Elles ont appelé cette initiative « Un avion pour la liberté ». Et c'est vrai parce que si nous avons des attentats en Tunisie c'est que nous ne sommes pas en liberté. Beaucoup de monde a participé à cette action dont des figures bien connues telles que Mehdi Houas, ancien ministre du Tourisme, qui était dans l'avion avec sa femme. Je trouve que c'était très bénéfique comme action. Elle a fait beaucoup de bien surtout à l'hôtel Imperial Marhaba, où a eu lieu l'attentat. J'y ai été moi-même dimanche matin et je peux dire que la joie était palpable sur le visage de tout le monde même le personnel de l'hôtel. Cela montre aussi que les Tunisiens sont solidaires et qu'ils sont contre le terrorisme. C'était aussi un soutien financier au tourisme. Je précise que ce n'était pas un voyage gratuit. Nous avons voulu, en effet, que chacun participe en payant le transfert et l'hôtel, même si on a négocié pour que les prix soient accessibles. Je remercie la compagnie aérienne Nouvel Air et l'hôtel Imperial Marhaba pour les réductions qu'ils ont offertes. C'était pour deux jours. Nous avons passé une belle soirée à Kantaoui à Sousse. Une semaine après, nos amis tunisiens de Belgique ont lancé une initiative similaire. Ces initiatives ne peuvent être que bonnes, car la Tunisie a besoin de gestes pareils de solidarité et de soutien.

Je profite également de cette occasion pour annoncer un grand événement que je vais organiser du 30 août au 6 septembre à Djerba. Nous allons accueillir les finalistes du concours Super Mamie France. Au début, cet événement était prévu ailleurs, mais j'ai proposé à la présidence de l'association Super Mamie France de le faire chez nous pour aider la Tunisie. Ainsi, douze mamies gagnantes seront ici parmi nous à l'hôtel Bravo Club à Djerba. Il y aura donc la super mamie Guyane qui a été élue super mamie France 2015. L'événement sera couvert par une grande chaine satellitaire avec bien évidemment le journal France Dimanche, parrain de ce concours. Ce qui est aussi important à dire c'est que ces mamies ne viendront pas seules. Elles seront accompagnées de leurs familles. Il y a environ une centaine de familles qui ont payé leur voyage pour venir assister à cet événement.


Comment réagissez-vous à la décision britannique de rapatriement des touristes ? Dans quelle mesure cela peut-il influencer le tourisme tunisien dans les prochaines années ?

Quand un pays demande à ses ressortissants de rentrer on ne peut pas le lui reprocher. Il est libre d'adresser à ses citoyens le message qu'il souhaite. Par contre, l'annonce de cet avis était très négative pour notre tourisme. Elle a même eu un retentissement en France qui avait, pourtant, une position officielle très claire. Ils n'ont jamais décommandé la Tunisie et ils ont, même, dit que la Tunisie est un pays ami et qu'il fallait y aller et y passer les vacances. Nous les en remercions.

Maintenant c'est à nous de montrer aux Anglais que nous sommes là. Que nous sommes vraiment désolés de ce qui s'est passé. Il faut aussi les comprendre. Il y a eu trente morts anglais, ce qui n'est pas du tout anodin! Il y a de l'émotion, il y aussi de la peur. Je pense que nous devons essayer de regagner petit à petit leur confiance. Le marché anglais est très important. Les touristes anglais sont connus pour apprécier les services de qualité. Ils vont dans les bons hôtels, ils font de la thalasso, ils fréquentent les terrains de golf. D'après ce que j'ai compris, je pense que les Anglais vont revenir sur leur position de manière progressive. Maintenant, la balle est dans notre camp, c'est à nous de réagir et d'imposer la sécurité.

Aussi, il y a des moments où il faut savoir modérer. J'estime, en effet, qu'il faut parler moins de la Tunisie en ce moment. Il y a un proverbe chez nous qui dit "si vous voulez qu'une fille se marie, il ne faut dire d'elle ni de bien ni de mal". Ainsi, il faut parler moins et agir plus. Agir en organisant de grands événements musicaux, sportifs, culturels, … et pas seulement à Tunis, mais partout en Tunisie, à Hammamet, à Sousse.

On peut aussi penser à inviter de grands artistes pour célébrer des spectacles. Voir des vedettes internationales se produire chez nous permet de rassurer les touristes quant à la sécurité dans notre pays. Nous devons également apprendre à agir rapidement en cas de catastrophe. On ne peut pas se permettre de laisser un blessé avec une balle sur la plage pendant 40 minutes sans que personne ne fasse rien. J'ai parlé à beaucoup d'amis en France et personne n'a compris ça. C'est ca qui est choquant en fin de compte. Il faut dorénavant agir dés qu'il y a un problème.


Selon vous, que doit faire le gouvernement pour redresser la barre ?

Pour parler de politique, je suis très déçu de l'opposition. Je trouve que l'opposition ne tient pas compte de la période très difficile que traverse la Tunisie. Dans toutes les démocraties quand il y a une catastrophe pareille, tout le monde s'unit. Les députés doivent parler d'une même voix. Il faut toujours continuer à critiquer, mais critiquer pour construire et non pour démolir. Aujourd'hui la Tunisie est encore un peu divisée. Il faudra qu'on arrive à se mettre debout, ensemble. Car si nous restons divisés ce sont les autres qui vont gagner. Aussi, les mouvements sociaux bien qu'ils soient légitimes doivent être stoppés provisoirement. Nous avons vraiment besoin d'une paix sociale. Ce n'est pas possible que des routes soient barrées aujourd'hui ou que des administrations soient fermées. Pour finir, je suis convaincu que petit à petit la Tunisie, notre patrie, ira dans le bon sens.


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