Le ministre de l'Education nationale, Néji Jalloul, a affirmé, en marge de l'ouverture du Forum national sur la lutte contre l'échec et l'abandon scolaire, sur le thème « l'école récupère ses enfants » le 11 novembre 2015 à Tabarka, que l'école tunisienne produit désormais la frustration et le désespoir et que près d'un million de jeunes tunisiens sont complètement désespères. Il a ajouté que les chiffres de l'abandon scolaire sont honteux dans un pays où l'enseignement est obligatoire et que 100.000 élèves ont abandonné l'école cette année, dont 6000 qui fréquentaient l'école primaire, soulignant que la campagne « l'école récupère ses enfants » est un programme pratique pour lutter contre le décrochage scolaire. Il a insisté sur la nécessité de la participation de toutes les parties du gouvernement, de la société civile et des familles dans cet effort pour arrêter une hémorragie « très coûteuse pour l'Etat ».
Selon les chiffres fournis par le ministère de l'Education, et relayés par la TAP, environ 360.000 enfants entre 6 et 18 ans sont hors des murs de l'école. Le décrochage scolaire coûte au ministère de l'Education 1.400 millions de dinars, ce qui représente plus de 36% de son budget. 60% des décrocheurs le font spontanément et 40% par application de la loi. Le ministre a souligné, par ailleurs, que le ministère est responsable de 50% des cas d'abandon et qu'il ne doit pas fuir la responsabilité de redorer l'image de l'école, précisant que le rétablissement du rayonnement de l'école règlerait la moitié des problèmes de société et que le laisser-aller qui a longtemps sévi au ministère est la cause la plus directe de la baisse du niveau de l'école tunisienne.
Il a critiqué la propagation inquiétante du phénomène de l'absentéisme dans les rangs du personnel de l'enseignement, soulignant que le ministère ne fera aucun recrutement avant d'avoir traité les dossiers des fonctionnaires du ministère de l'Education qui ne travaillent pas. Néji Jalloul a déclaré qu'un nouveau texte juridique sera émis afin de rétablir les écoles de formation des enseignants soulignant que ceux-ci devront obligatoirement être qualifiés et avoir des compétences scientifiques, pédagogiques et morales pour exercer et qu'il est inacceptable de recruter des enseignants qui ne maitrisent même pas la langue avec laquelle ils dispensent leurs cours.
Le ministre a rappelé la nécessité d'améliorer la situation matérielle des enseignants, précisant qu'il n'est pas normal que ceux qui travaillent à éduquer les compétences de demain soient eux mêmes en bas de l'échelle des salaires de la fonction publique.
La représentante de l'UNICEF en Tunisie, Villa Peters, a précisé, pour sa part, que le chiffre de 100.000 abandons scolaires est choquant et que ce phénomène expose les jeunes à plusieurs dangers et à la marginalisation sociale qui peut les conduire au crime et à la violence. Elle a déclaré qu'elle a noté chez le ministre de l'Education une franche volonté de lutter contre phénomène qui menace aujourd'hui tous les pays, ajoutant que 58 millions d'enfants, de par le monde, désertent l'école chaque année. Villa Peters a indiqué qu'il est grand temps de tirer la sonnette d'alarme, car ce chiffre et ses conséquences menacent la stabilité et la sécurité mondiales.
Il convient de noter que le Forum national sur la lutte contre l'échec et l'abandon scolaire, sur le thème « l'école récupère ses enfants », organisé par le ministère de l'Education, en collaboration avec l'UNICEF se poursuivra jusqu'à vendredi prochain et va travailler sur la rédaction et la construction d'une stratégie nationale dans ce domaine.