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Crise à la Télévision nationale ou guerre contre les médias ?
Publié dans Business News le 17 - 11 - 2015

Nouvelle crise à la télévision nationale. On limoge, via un communiqué gouvernemental, le directeur général de la Télévision nationale, et on provoque ainsi deux démissions à la tête des deux chaînes publiques, les Wataniya 1 et 2. De quoi mettre à mal une institution qui souffre déjà de nombreux dysfonctionnements.


La crise qui secoue la Télévision nationale, depuis plusieurs mois déjà, a vécu un nouveau tournant en ce début de semaine et tout présage qu'elle a, encore, de « beaux » jours à vivre devant elle.
En effet, le limogeage de Mustapha Ben Letaïef, suivi de la nomination de Rached Younès, à la tête de l'établissement de la télévision nationale a rapidement fait jaser.
Le secrétaire général du syndicat national des journalistes tunisiens, Néji Bghouri, a publié une longue diatribe sur sa page Facebook, dimanche 15 novembre 2015, afin de fustiger le chef du gouvernement Habib Essid. Dans cette publication, on peut lire : « La présidence du gouvernement a renversé une institution constitutionnelle [ndlr : la HAICA] ». Présidence du gouvernement qu'il accuse de perpétrer « des pratiques dignes du régime de Ben Ali », en regrettant le timing et la manière avec lesquels ce limogeage a été fait, étant donné que l'ancien PDG de la TV nationale aurait été démis de ses fonctions « un dimanche » et « au téléphone ». Cette décision de Habib Essid a été qualifiée par le président du syndicat des journalistes comme « une guerre menée contre les médias ».

Les mêmes reproches sont adressés du côté des deux anciens directeurs de la Wataniya 1 et de la Wataniya 2 qui se sont dépêchés, aussitôt ce limogeage rendu public, de présenter leurs démissions desdits postes, par solidarité avec leur collègue. Les deux directeurs des deux chaînes publiques, respectivement Iheb Chaouech et Chadya Khedhir, ont présenté hier leurs démissions contestant, notamment, le fait que le limogeage de Mustapha Ben Letaïef ait été prononcé sans consulter la Haute autorité indépendante de l'audiovisuel (HAICA).
Dans leur lettre de démission, les deux directeurs des chaînes publiques ont affirmé que cette décision a été prise « sans la consultation de la HAICA ». On y dénonce, par ailleurs, des procédures non conformes au décret-loi 116 et on y défend un principe : « la réforme de ce secteur ne supporte plus ce genre de pratique qui ouvre la porte au pouvoir exécutif pour contrôler les nominations et brider les libertés d'expression et de la presse, des acquis de la révolution ».

De son côté, la HAICA n'y est pas non plus allée de main morte en dénonçant cette décision. Dans un communiqué paru hier 16 novembre 2015. La haute autorité indique, en effet, « ne pas avoir été consultée dans la prise de cette décision, considérant cela comme une atteinte aux dispositions de l'article 19 du décret-loi n° 116 ». L'instance régulatrice de la scène médiatique a appelé la présidence du gouvernement à « renoncer à cette sanction » menaçant de recourir, le cas échant, à la justice pour « contrecarrer ce genre de pratiques liberticides ». En effet, l'instance rappelle que l'ancien PDG avait été nommé de manière consultative et qu'il fallait, par souci de transparence, suivre la même démarche quand il s'agit d'une sanction à prendre à son encontre.

S'agit-il donc d'une volonté de l'exécutif de mettre à genoux un établissement médiatique déjà fragilisé par des pratiques qui ne mettent pas tout le monde d'accord ? En réalité, les sanctions prises contre la télévision nationale sont loin de surprendre compte tenu des bourdes que la chaîne nationale ne cesse de collectionner.

La direction de la télévision nationale a reconnu, samedi 14 novembre, son erreur après la diffusion, lors du JT de 13h, d'une image de la tête coupée du jeune berger de Sidi Bouzid. Une malencontreuse « erreur de jugement » qui a valu le limogeage immédiat, le lendemain même de l'incident, du rédacteur en chef du journal télévisé de la Wataniya 1. La chaîne publique a rapidement publié un communiqué dans lequel elle souligne « son respect de la dignité humaine et la sensibilité du téléspectateur », comme elle veille également à « présenter une matière audiovisuelle qui soit conforme aux normes du métier ».
Mais il ne s'agit sans doute pas de la première bourde commise par la télévision nationale. On se rappellera, sans doute, de la tristement célèbre diffusion des images des soldats tunisiens mutilés lors d'un autre JT de la chaîne datant du mois d'août 2013. La Wataniya 1, chaîne nationale ouverte à une très grande audience, avait publié des images, d'une extrême violence, de cadavres mutilés et dénudés de soldats assassinés, transportés par leurs collègues en pleurs et hurlant leur colère.

Par ailleurs, au sein de même de l'établissement de la Télévision nationale, les mécontentements se font entendre. L'ancien PDG est accusé, notamment par le personnel, de ne pas avoir réussi à faire bouger les choses et d'avoir envenimé, davantage, la situation dans laquelle l'établissement se trouvait déjà.
Le secrétaire général du syndicat de base des employés de la Télévision nationale, Mohamed Saïdi, intervenant ce matin sur Shems Fm, s'est dit « pour ce limogeage ». Il a qualifié l'incident de samedi de « grave faute professionnelle » commise par le rédacteur en chef. Cependant, selon ses dires, le rédacteur en chef limogé aurait été « sacrifié » par l'ancien PDG afin d'éviter les éventuelles retombées d'un tel dépassement. Dépassement suite auquel une enquête n'a pas été ouverte.
« Après un an et 4 mois de sa nomination [ndlr : celle du PDG], rien n'a changé. Pire encore, les choses ont empiré. L'institution était meilleure en 2011 », a-t-il dit pointant du doigt « une volonté de sélection au sein de la chaîne ».

Cette volonté de sélection, le syndicaliste n'est pas le premier à en parler et à dénoncer. On rappellera de la démission de Zina Khemiri, ancienne présentatrice du JT, qui avait annoncé, lors du journal télévisé, son retrait de son poste. Interrogée sur les raisons de cette démission elle a affirmé que «la direction de la chaîne a procédé récemment, à l'organisation d'un casting pour le recrutement de présentateurs et présentatrices des infos, et j'ai été surprise de me voir contrainte à passer le même casting alors que j'ai une expérience de pas moins de 14 ans dans le domaine ». Une situation qu'elle condamne se disant, de par son expérience, au-dessus d'un tel test et se considérant comme victime d'une stratégie de sélection pratiquée au sein de la chaîne.

Le limogeage de Mustapha Ben Letaïef suscite des condamnations uniquement à cause de la manière dont il a été prononcé. Les différents reproches ne semblent pas dirigés contre la décision même de mettre fin aux fonctions de ce directeur critiqué pour sa politique. Cependant, si la nomination du nouveau gestionnaire présage un changement au sein de l'établissement de la Télévision nationale, elle est d'autant plus critiquée. En effet, Rached Younes, contesté à la fois par ses confrères, la HAICA et le SNJT, entame sa mission avec des aprioris pour le moins négatifs. Son capital sympathie est au plus bas et sa mission s'annonce, d'ores et déjà, périlleuse dans le contexte de crise actuel. Younes est, en effet, accusé d'être « l'un des symboles de la corruption pendant le mandat d'Abdelwaheb Abdallah ». Ce qui n'arrange certainement pas les choses.

Mais au-delà des cafouillages gouvernementaux, la Télévision tunisienne n'est pas à sa première crise. Plusieurs experts appellent à une reconstruction rapide, fondée sur de bonnes bases et privilégiant le consensus, sans laquelle, la descente aux enfers de cette institution nationale pourrait s'avérer imminente.


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