Le PDG de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), Rachid Barouni, a affirmé, dans une interview accordée à nos confrères d'Al Masdar, que la situation de la caisse est "alarmante" à cause du déficit qui est en train de se creuser alors que, "jusqu'à maintenant, les autorités n'ont pas pensé à une réforme de fond pour cette institution", dit-il. En 2014, le déficit de la caisse a été de 220 millions de dinars (MD). Le déficit de la retraite est de 500 MD alors que certains régimes sont bénéficiaires, ce qui résorbe un peu le déficit, a expliqué M. Barouni. Le régime des retraites, qui regroupe 600.000 retraités, est le plus lourd pour la CNSS et on s'attend à ce que le déficit atteigne 600 MD en 2016. M. Barouni s'attend même à un manque de liquidité pour le 1er trimestre 2016. La caisse prend en charge, à fond perdu et pendant six mois, une partie des charges des licenciés économiques à cause de la fermeture de leurs sociétés : une facture assez lourde et qui s'est intensifiée après la révolution, a-t-il indiqué.
A long terme, Rachid Barouni préconise pour la réforme de la CNSS la refonte totale du système de sécurité sociale, notamment en améliorant la gouvernance et en apportant plus de rigueur. Pour lui, les entrées ne sont plus suffisantes pour couvrir les pensions. Il faut une autre source que les cotisations, comme des TVA sociales ou des cotisations spéciales généralisées, ou de recourir à l'endettement. L'Etat doit, aussi, prendre en charge les cotisations des plus démunis et ceux dont les retraites sont inférieures au SMIG, pour qu'ils aient accès à un minimum de couverture sociale, de santé et un habitat. Une dose de capitalisation, notamment en misant sur le développement, l'épargne assurance et l'assurance vie. Pour lui, il faut aussi augmenter les cotisations, "chose impossible dans les conditions actuelles du pays". Parmi les solutions qu'il propose : retarder l'âge de départ à la retraite.
Le PDG a aussi évoqué un tableau de bord élaboré par ses services et qui contient plusieurs indicateurs, notamment une liste des sociétés qui n'ont pas payé leurs cotisations. Il y a, donc, possibilité de viser des entreprises en particulier, notamment en leur envoyant un contrôle ou un redressement social (car atteignant un déficit bien déterminé, les sociétés sont incapables de payer). "Au cas où il n'y a pas de solution à l'amiable, la caisse aura recourt à la justice", précise-t-il.
Autre point important, les établissements publics et les indépendants doivent une somme de 4.000 MD à la CNSS et la CNRPS. La moitié est recouvrable, mais la situation économique du pays rend l'opération difficile, d'où le recours aux solutions à l'amiable.